
Dans un peu plus d’une semaine ( 24 novembre ) 0.9 fêtera ses 10 ans, l’occasion pour nous de revenir sur cet album qui demeure encore aujourd’hui comme une véritable zone d’ombre de la discographie de Booba. Un opus décrié mais qui marque une véritable transition dans la carrière du Duc et de manière générale dans le rap français.
Le rap en 2008


Des prises de risques
Un artiste se remet sans cesse en question d’un projet à l’autre, il doit se renouveler pour ne pas être redondant dans ses propos et sonorités. Ce renouvellement se caractérise par des prises de risques. Sur 0.9, Booba introduit le vocoder dans le rap français, encore utilisé qu’avec parcimonie, il y a là, une volonté d’apporter de la mélodie entre les couplets, une musicalité censé plaire aux grands publics. Cependant la mayonnaise ne prend pas, le MC du 92 avouera lui même plus tard dans une interview, qu’il ne maîtrisait pas totalement cet outil.
Le public rap, quant à lui, est brusqué, attaché à la notion de street crédibilité, le public de l’époque ne comprend pas ce tournant bien loin de l’énorme banger de la même année « Molotov 4 » de Sefyu.
Cette prise de risque constituait l’essentiel de sa stratégie pour la promotion de son album, en effet le premier single de ce projet est « illégal ». Si les premières mesures correspondent au Booba trash que l’on connaît (« Je me lave le pénis à l’eau bénite je vais rentrer au pays marier 4 grognasse qui m’obéissent », le refrain est lui chantonné.
Si aujourd’hui le rap est décomplexé et chanter n’est plus un tabou, les mœurs n’étaient pas les mêmes en 2008. Les featurings se placent sur la même volonté de recherche de musicalité. Outre « Izi life » en featuring avec les anciens membres du 92i ( Mala et Brams ) et « Salade, tomate, oignons » (ft Djé), les autres invités ( R.City, Demarco et Naadei ) apportent leurs musicalités Rock, Reggae et Rnb aux différents morceaux, sans véritables plus values, on aura souvent tendance à zapper Bad boy street ft Demarco pour écouter le classique Game Over même si on retiendra dans cette track la référence à la légendaire punchline de Pas le temps pour les regrets « Hors-de-portée, mort de rire, sans remord, quand j’écoute les menaces de mort des forces de l’ordre ».
Rupture avec le rap
Cet album marque également une volonté de rupture avec le rap d’un ancien temps, avec ses nouvelles sonorités Booba insuffle la nouvelle tendance à suivre dans le rap, il pose d’ailleurs un affront direct aux symboles de ce rap « ancien » dans le morceau B2OBA « NTM,IAM,Solaar c’est de l’antiquité ».
Cette rupture avec le passé se manifeste également la promotion de l’album, fini le 4×3 collé dans les rues ou dans les gares, l’essentiel de la promotion de cet album s’est faite sur internet, une véritable prise de risque pour l’époque, d’autant plus qu’à cette même période les hostilités entre Skyrock et Booba commencent. Cette prise de risque relativement ratée de Booba colle à l’image de cet album qui contient pourtant certaines pépites.
Un album pas jugé à sa juste valeur
Après 0.9

L’album présente un juste équilibre entre bangers et morceaux chantonnés. Véritable succès critique et commercial, le Duc démocratise l’autotune et dicte alors la tendance à suivre dans le rap français.