Que dire du Babel Med ? Une réussite ? De l’amour ? De la diversité ? Tout ces mots sont bien peu pour décrire l’atmosphère particulière qui a régné sur le Dock des Suds ces 17, 18 et 19 mars.

Un festival troublant par les émotions qu’il vous donne, les atmosphères qu’il vous fait ressentir ou encore les rencontres qu’il permet, qu’elles soient entre les artistes et leur public ou simplement entre les festivaliers eux mêmes. Des visiteurs d’ailleurs particulièrement ouverts d’esprit, toujours prêts à découvrir avec joie les surprises réservées par la direction artistique du festival.

De la lointaine Corée aux rues de Marseille, en passant par l’Anatolie, c’est un véritable voyage que nous a proposé la programmation, ponctuée d’agréables escales d’une quarantaine de minutes permettant de flâner de scène en scènes au grès de découvertes surprenantes comme ces djs, perchés au sommet de leur camion si bien nommé :  le Walkabout. Manquant de technique, le duo compensait par une sélection du tonnerre oscillant entre Funk et Afro-Beat et nous offrant dans des moments d’extase collective quelques hausses de températures particulières aux atmosphères chaudes des clubs africains. Un vrai régale pour les oreilles… Mais aussi pour les yeux !


Bref, vous avez sûrement compris que j’ai pris mon pied pendant ces 3 trois jours. Je vais donc tâcher au travers de différents sujets, émotions, découvertes de vous faire part de mon ressenti ainsi que de celui de mes fidèles camarades reporters que ce sont Mr. Z, Jeanno le digger, Dieg’z le colombien et notre tout récent associé du projet Radio Lab, Yohann “20h14” le blogueur fou marseillais.

 

Amour, Paix et Diversité :

Comme dit plus haut, la programmation du Babel Med Music était insolente de diversité. C’est une véritable mosaïque du Monde que nous a préparé l’équipe de programmateurs (sûrement composée des plus anciens diggers de Marseille). Ce festival nous a donné l’occasion de voyager dans une trentaine de pays différents tout en rentrant assez tôt pour prendre le dernier tram !

Si la salle des Sucres était entièrement dévolue aux musiques des îles françaises le dernier soir (7 Son @ To en tête), le reste du temps, toutes les salles offraient un panel d’artistes venus d’horizons différents. C’est d’ailleurs dans cette même salle que nous avons reçu la première claque d’une aventure longue de trois jours. Baba Zula. En témoigne cette petite immersion de Mr. Z :

Nous traversons un épais tunnel de fumée jusqu’à la scène et voyons se dessiner plus précisément  les silhouettes créatrices de cette mystérieuse ambiance.

Et là, en découvrant les musiciens, on prend tout de suite plaisir à les observer tant leur style est particulier. Le « bassiste » est un Polnareff sur le retour en tenue traditionnelle et le guitariste revêt entre autre une sorte de bonnet traditionnel rose, du genre qu’on ne croise pas tout les jours. Mais les deux portent surtout à merveille la voix de leur chanteuse (Melike Sahin). 

Les initiés comme les profanes se laissent aller à des pas de danse libérés au rythme des sonorités orientales qui naviguent au dessus de leurs mains. La proximité que le groupe crée avec le public prendra tout son sens lorsque le guitariste (bien que ce ne soit pas une guitare mais plutôt une sitar électrique) descende dans la foule et l’enflamme pendant près d’une dizaine de minutes. Nous le vîmes même surgir de la foule, perché sur on ne sait quoi, et distiller solos sur solos à la manière d’une rock star.

Baba Zula aura joué l’espace d’une quarantaine de minutes et rempli la grande salle d’une ambiance incroyablement chaleureuse, bien différente de celle que nous lui connaissons lors des grandes manifestations de musiques électroniques. À écouter donc, de préférence avachi sur un siège, les fenêtres tamisées et la chicha au bout du bec !

Musique, Musiques :

Le deuxième soir, cette même salle des Sucres nous a aussi permi de voir successivement les percussionnistes fous d’Amman Autostrad, puis Bamba Wassoulou Groove, une équipe de 7 maliens rockeurs sortis tout droit de l’équipe animation du Club Med de Bamako ; pour finir sur un show impressionnant d’un groupe d’Arabian-Rock de chez nous : Temenik Electric. Cette bande complètement survoltée est d’ailleurs l’une des très bonnes surprises du festival. De leur style vestimentaire (Djelaba, veste noire sans rien en dessous, chevelures mattes de gels etc) à leur attitude de show men, tout présage en eux un futur statut de rock stars. Mais pas n’importe quelles rock stars car cette fois-ci le chanteur s’exprime en arabe et ce faisant, en jouant habilement sur les consonances mélodieuse de cette langue, inspire une telle mélancolie qui pousse à penser que cet homme tente d’exorciser toute la peine des peuples arabes souffrant de la dictature et des ravages de l’extrémisme. Flirtant sur la fin avec des sonorités plus “clubbing”, on a pu apprécier la volonté du groupe de partager sa façon de faire la fête, mais aussi cette chanson, véritable hymne à la paix, durant laquelle le groupe invitait le public à se projeter en Syrie pour ne pas oublier ce conflit qui est presque rentré dans notre quotidien…

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Certaines statistiques nous disent que le monde n’a jamais connue si peu de guerres. Pourtant, il suffisait de se balader entre les salles du Docks des Suds ce week end pour se rappeler que notre belle planète bleue est encore gangrenée de conflits qui opposent souvent des frères entre eux. Mais ces lutes fratricides sont bien faibles face à la puissance de la musique qui comme une force attractive, rassemble les peuples. En témoigne ce beau moment durant lequel la foule, dans un mouvement pacifiste, levait des drapeaux palestiniens devant un groupe israélien, Jewish Monkeys. Un sentiment que suscitaient aussi la plupart des groupes présents, pour la plupart porteurs de styles très festifs, planants parfois, et souvent très rythmés, marqués par l’omniprésence des percussions. On notera les performances ahurissantes du trio de coréennes Korea Percussion Duo Dub ainsi que des membres de 7 Son @ To qui semblent tous être des surdoués du Djembé.

Voilà donc un très bon festival, loin des ambiances plus jeunes et parfois oppressantes des festivals de musiques électroniques auxquels nous étions habitué. Beaucoup de joie, d’amour, de diversité et de jolies filles (eh oui messieurs de Marseille, vous ne savez pas ce que vous avez raté!). Même si le Babel Med Music est à un stade de son existence encore très axé pro, on sent qu’après une telle édition, sa maturité est peut être en passe d’être atteinte et qu’il est prêt à s’ouvrir au public, à moins que les dirigeants n’en décident autrement. Un choix qui pourrait s’avérer crucial quand on sait que le Dock des Suds est en passe de devenir une piscine municipale pour les futurs résidents du quartier flambant neuf de Joliette, d’ici 5 ans. Triste.

En tout cas nous on y retourne l’année prochaine et on a hâte de ressentir une nouvelle fois cette atmosphère unique !

Babel Med Music, ce qu’on a aimé : 

  • l’ambiance chaleureuse pleine de joie et de partage
  • La diversité des groupes et du public
  • La découverte d’instruments toujours plus improbables (mandoline électrique et autres “trucs qui font des bruits chelous”)
  • Les petites sessions sexy au camion Walkabout
  • La bouffe, du Monde elle aussi, avec bien sûr ces découvertes gustatives (bahklava, makrout, et autres cornes de gazelle) délicatement offertes par des spécialistes le plus souvent féminines.
  • Le plateau de Radio Grenouille qui était diffusé en live toute la dernière soirée, avec des invités à la pelle, comme les quatre joyeux lurons de Dynam’hit et 20h14 que nous étions.
  • Des petits joujous comme un distributeur d’injures disséminés un peu partout

 

Babel Med Music, ce qu’on a moins aimé :

  • Un festival encore très “pro” dans ses premières heures, ce qui ne met pas forcément à l’aise des petits pouces comme nous
  • Le live d’Imhotep, assez déroutant, alternant entre une Dub ultra planante, aux basses de celles qui font vibrer la moelle épinière, et la projection/l’écoute de clips algériens douteux, ce qui ne faisait pas forcément bon ménage
  • Pas grand chose à vrai dire…

 

Rédigé par

Julio De La Vega

Amateur de sons en tout genres depuis sa plus tendre enfance, Jules s'est découvert une passion pour la musique électronique et son monde à travers la French Touch. Au fil du temps, son oreille, comme sa plume, se sont aiguisés, se tournant vers des styles plus underground pour aboutir vers ce qu'il considère comme le sacro-saint, celui qui procure la pulsion primaire : l'Acid-House.
Astronome dans l'âme, c'est principalement autour de ses voyages inter-galactiques que vous retrouverez sa plume.