J’ai pu assister à la soirée du mercredi soir du Peacock Society Festival de l’édition 2016, je m’en vais donc vous raconter mon parcours.

22h00 : Je pars observer des paons dans le bois de Vincennes, la chasse étant interdite en cette saison, je débute l’expédition « Peacock » par une longue marche, l’occasion de découvrir les têtes des festivaliers en avant-première.

On y trouve de tout, des Cendrillons, des Sergio Tacchini, des Bretons chanteurs, des Lillois taquins, des Lyonnais supporter du PSG, un mannequin Russe en pleine crise d’hypoglycémie dans les bras de son réalisateur d’un soir, des phacochères sapés en Elvis Presley, le fantôme d’Iron Jice, des funky bitches qui se reluquent entre deux snap et surtout Jean-Claude, un mec déterminé de 56 ballais plus en forme que n’importe quel jeunot de la file d’attente, nous lâchant des petits pas de danse façon « seventies » à faire pâlir d’envie Monique, une mère de famille ultra dynamique qui a dit avant de partir à son mari : « ce soir tu m’oublis mon lardon, Monique is all in »

23h00 : Jean-Claude, Monique la bande et moi-même trouvons que l’organisation est très bien huilée. Après une courte attente, nous voilà équipés de la tête au pied, un beau bracelet futuriste au poignet nous permettant de payer nos bouteilles d’eau 4€ car la seule fontaine du parc n’est soit disant « pas potable » (Shame On You Peacock !)

23h30 : Cendrillon commence à péter un câble, plus qu’une demi-heure me dit-elle, je me faufile dans la foule laissant cette créature divine dans les bras de Monique. « Pour un mercredi soir, c’est blindax » me dit ce nighter de Jean-Claude.  Il faut dire que le porte-feuille d’artistes est bien fourni pour cette première nuit, Peacock n’y va pas de main morte : Len Faki, RØDHÅD, Kerri Chandler, John Talabot, Raresh, Pantha Du Prince, Helena Hauff, Function, Jeremy Underground, Virginia. Steffi, Dexter, Bicep, Dax J, Bob Moses, DJ Bone, Aurora Halal, Tijana T, Heartbeat, Waxist, et bien d’autres.

PS : Une question me brûle les lèvres, où sont les artistes locaux ? J’ai déjà vu l’intégralité du line up 25 fois (j’exagère un peu) et j’aurai bien aimé découvrir les produits du terroir parisien sur une scène alternative.

00h : C’est bon, Cendrillon est en plein « serrage », elle s’est transformée en guépard et veut manger le pauvre Jean-Claude. Je me lance dans une étude topographique du lieu : 2 scène musclées en intérieur (warehouse, squarehouse), 1 scène club Resident Advisor,  une chill zone design signée Adidas et un intriguant dancefloor secret Burn Energy Drink. Il y à aussi une salle de « cinéma /conférence» mais impossible d’y rentrer à cette heure là, c’est seulement pour les vedettes me dit-on, pourtant ce soir je suis VIP comme en témoigne mon beau bracelet rouge. Pas grave, je préfère largement la sueur des fosses aux petits fours.

Je pars m’échauffer les BICEP, Impossible de résister à la house punchy et croustillante du duo. Ils retournent le « Squarehouse ».

1h00 : Direction Pantha Du Prince pour faire plaisir à Monique, personnellement je suis pas trop branché fondant au chocolat mais il faut avouer que c’est travaillé et réglé comme une horloge.

1h30 : DJ Bone, je questionne les gens dans la fosse : Bonsoir, vous pensiez voir une « DJ Bone », que pensez vous finalement des mensurations du DJ ? »  On écoute « Detroit is Hard » puis un peu plus tard « Cultural Variance », l’effet sur le public est immédiat, les gens commencent à transpirer sous l’effet des synthétiseurs hypnotiques de l’excellent producteur américain.

Direction Function. La légende n’a pas pris une ride, son set est « Aiguisé comme une lame pointu comme un couteau, chauffée comme une flamme et puissant comme un fusil d’assault ». Techniquement c’est un massacre à la TR 909, un stratocumulus de basse, une distillerie de micros samples repartis dans l’espace par de longues reverb, c’est toujours incroyable à entendre. Merci Peacock !

3h00 : L’intrépide Monique ne ratte pas l’occasion unique de jardiner au rotofil en compagnie de Dax J sur la petite scène club Resident Advisor. J’ai préféré en ce qui me concerne, écouter Raresh, ne serait-ce que pour la grande qualité de sa sélection.

4h30 : Len Faki vs Rodhad, le combat de gladiateur le plus attendu des fans de « techno autoroute », la scène warehouse tremble. Je me jette dans cette foule en délire pour capturer en vidéo un instant magique, un break fracassant. J’ai beau les avoir vu plusieurs fois (c’est facile de critiquer mais il faut avouer que les programmateurs de festivals électroniques sont très très inspirés de nos jours : salade tomate oignon, tomate oignon salade, oignon tomate salade) ce back to back était dantesque, rien à dire, génial, bon choix, comme quoi : salade tomate oignon, c’est super bon.

4h00 : Je vais faire un tour chez les VIP, petit coin chill dans l’arrière boutique, bar privé, accès « side stage » (une sorte de back stage mais sur les cotés), on se croirait au Tournoi de la Zanzibar, snap, selfie, pose en tout genre, ça discute peinture sculpture littérature. Wow…

J’arpente avec grande curiosité les différents espaces qui s’offrent à moi puis je m’intéresse de plus près à ces VIP. Qui sont-il ? Pourquoi sont-il là ? Comment en arrive t-on à fréquenter un espace VIP ?

Avec mon tact habituel j’interroge une sombre créature : « Bonsoir Madame, pouvez-vous me dire ou se trouve 50Cent ? ». « Qui ça ? » me dit-elle ? 50Cent, la légende du rap ? Cette jeune marguerite déprimée me souffle au nez et se barre, il faut dire que je l’ai cherché, on n’aborde pas les VIP comme ça me dirait ma chère et tendre maman. Je décide alors de m’attabler et je tombe sur l’un des couple les plus « canon » du festival, j’interroge le monsieur qui semble sortir tout droit d’un film de Tim Burton, : « Bonsoir Monsieur, les gens ont tous l’air d’adorer l’art abstrait dans cet espace, est-ce aussi votre cas ? ». Le Monsieur quelque peu largué par ma très grande vivacité d’esprit me répond avec dédain «  Peut-on vous aider ? », il aurait du ajouter « con**rd » pour accompagner le redressement très caractéristique de sa lèvre supérieure. Là encore impossible pour moi de mettre la main sur la légende, décidément…

Allons prendre une bière au bar des VIP afin de clôturer cette étude anthropologique. ÉNORME surprise, qui se trouve derrière le bar VIP ? 50Cent ! (Merci pour la pinte au passage)

5H30 : je passe voir Aurora Halal, entrainant mais il manque clairement l’univers artistique ultra travaillé de cette jeune artiste pour agrémenter ce joli set.

6H00 : Je fonce voir la plus grande légende de la house : « Kerri Chandler »  il nous offre ce soir là un DJ set hybride (cd, vinyles et synthétiseur). La texture de son groove fait l’effet d’un rayon de soleil sur ma peau. De l’amour sans Bar à Thym.

Merci Peacock, à bientôt  !