(Extrait du journal de bord)

Mercredi 15 Juillet

Notre équipage comprend cinq membres. Le Capitaine Morgan, Jupiler Pétanque dit « l’homme au kilt », Oeil de Lynx, Centurion Marmulus et moi même : « Zbooby », un dj des années nonantes. Nous partons de Lille, une ville située proche du Pôle Nord.

La découverte des Festivaliers s’est faite dès la sortie de l’autoroute. Certains semblent avoir grillé quelques étapes, pressés d’avaler leurs packs de Jupiler, ils oublient d’appuyer sur le frein et s’encastrent avec délicatesse dans le pare choc de la voiture de devant. Il ne fait vraiment pas bon d’être inattentif dans une navette spatiale pleine à craquer. Pour l’occasion, la ville de Dour ne lésine pas sur les moyens, tout un bataillon de Starship Troopers encadre les festivaliers jusqu’à l’entrée, soyez patients et courtois (Thibaut), d’ici deux petites heures, l’aventure commence.

Une fois la navette amarrée, les bracelets aux poignets, il est grand temps de rejoindre notre bataillon en trouvant une place dans l’un des 4 campings :

Le camping A : Plus proche des scènes, semble être le plus « énervé » de tous. Composé principalement d’astronautes d’expérience (certains d’entre eux nous ont confié y vivre toute l’année) mieux vaut mettre votre orgueil de côté. On ne teste pas Zeus quand on a peur de l’orage.

Le camping B : De taille raisonnable, on s’y repère facilement, mais exclusivement réservé aux extraterrestres.

Le camping C : Même taille que le B, ouvert à tous mais forme un arc de cercle irrégulier, une véritable phobie pour notre équipage.

Le camping D : Un paradis si vous êtes une petite vingtaine et que vous cherchez de la place. Juste à coté, on notera la présence de Tipis et de Flex hôtel pour les Dourois les plus Swag. Nous avons opté pour l’option tente, sans duvet ni matelas avec nos sacs en guise d’oreiller. Bon dieu ce qu’on a bien dormi. L’air frais de la Belgique sûrement.

Trouvez vous un point de repère car d’ici quelques heures, le nombre de tente déjà très élevé aura quintuplé.

Jupiler Pétanque

C’est l’heure ! Direction le site, ou plutôt The last Arena car le Mercredi soir, une seule scène est ouverte sur les huit. On arrive à la fin des cuivres de Gallowstreet pour écouter le flow bruxellois de La Smala. Une ouverture en bombe qui nous plonge dans les méandres du rap belge. Sur scène, La Smala tourne comme une horloge, les caissons vibres, les rimes défilent et le public hurle. A 20H30, tout l’équipage est réglé sur 90 Bpm et le Snare (la caisse claire) contrôle l’intégralité de nos muscles. Chapeau !

Après une petite pose Jupiler (à Dour, moyennant 2 euros l’eau se transforme en bière), c’est au tour de Jungle de monter sur scène. On connaissait par coeur comme tout le monde, le titre Busy Earnin’ (mais oui celui qu’on écoute dans le menu de Fifa 15). Le reste ? Tout simplement au top, un doux mélange pop soul funk électro progressif et planant. On danse le Mia sur des patins à roulettes à l’image de leur clip The Heat. Notre cher Capitaine Morgan prend enfin conscience du nombre incommensurable de petites hirondelles venues se trémousser dans la fosse. Bien que proche de l’ébullition à la fin de ce live, l’équipage digère mal le show un peu mou du slip de SBTRKT… S’en suit une séance d’aérobic signé 2Many Dj’s.

2H00 du matin, fin de la programmation, nous voilà « Dourrifiés ». Direction le camping D et son bar : « un bel endroit pour finir tes nuits ou pour commencer tes journées ». L’équipe fait la connaissance de « Coin Coin » l’homme canard qui arpente les allées du camping. À mon humble avis, il ne doit pas manger que 5 fruits et légumes par jour .

Jeudi 16 Juillet 

  Réveil en bombe, le capitaine Morgan, Centurion Marmulus, Jupiler Pétanque (nu sous son kilt), Oeil de Lynx et moi même (Zbooby) débutons notre journée par une petite séance de gym. De la Techno à Balles, 3 zouzes de compétition sur un camion et Super Belgium qui nous gueule « Wake up festival ». Nous voilà parti dans une séance de :  « Dourreeuuuuhh » ! (en rythme svp).

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Super Belgium

15H00 : Départ en douceur sur les scènes pour un live soyeux signé Isaac Delusion. La Petite Maison dans la Prairie s’éveille au son des guitares claires et de la voix haute de Loïc Fleury.

16H00 : On poursuit sur la Dub Corner avec Atomic Spliff, grosse révélation pour l’équipage ! Un sound system à l’ancienne, une scène à plat et des chanteurs dans la foule, que demander de plus? L’équipe est en Faya et rebondi aux rythmes des caissons ! Les flows sont propres et bien huilés En pleine track, le chanteur passe le micro au gars juste devant moi. Un peu sceptique j’écoute attentivement… Finalement le mec casse la baraque et pose quelques mesures avec beaucoup d’assurance. Nous avons appris plus tard qu’il s’agissait de Cash Flow, un artiste déjà booké à Dour en 2014. Un bon gars et surtout un bel artiste à suivre. En résumé, La dub corner c’est le soleil !

17H30 : Direction la Last Arena afin d’écouter les Américains de Rival Sons, efficacité 100%, leur puissance et leur dextérité nous transporte sur les plages de Los Angeles, le tout sur un tapis volant !

18H30 : On enchaine sur la Jupiler Dance Hall. Il s’agit maintenant de Lee Fields & The Expressions. Résultat : l’un des meilleurs live de Dour 2015. Lee Fields est un petit gars de 65 ans, noir ébène et débordant d’énergie On l’appelle d’ailleurs « Little James Brown ». Avec une voix aussi perçante, même les marguerites en plein jour de déprime se mettent à groover ! Que dire de ses musiciens actuels : extraordinaires, des solos tout aussi impressionnants les uns que les autres, mention spéciale pour le trompettiste (Vincent Payen). La musique des sixties est indémodable.

19H30 : Direction Omar Souleyman. Notre scepticisme traverse le Sinaï pour remonter le golfe d’Acaba, passe par le désert du Wadi Rum, fait un check à Indiana Jones dans la cité majestueuse de Pétra et gagne enfin Damas. Le contraste est rude : un Dj de mariage et un Chanteur. Pourtant Omar Souleyman vient bien de là, il revisite la Dakba (musique traditionnelle syrienne) à l’aide d’un kick 909, juste pour faire plaisir à son public, sans prise de tête. On regrette l’absence de musicien sur scène, ce qui aurait donné une tout autre dimension à ce show. Au final, Omar Souleyman nous fait beaucoup de bien. C’est clairement tiré par les cheveux, mais on trouve en lui une solution de sortie de crise pour la Syrie. Peace…

21H30 : On enchaîne sur « Le Labo» avec Evian Christ. Un mélange étonnant entre Hip Hop, électro, sonorité sombre et synthétiseurs mystérieux. Une véritable chance de découvrir cet artiste en live. On a eu le droit a d’énormes basses Sub, de la distorsion donnant un aspect industriel à son « son » et beaucoup de Sustain (longueur de note) dans les kick. Un mélange Trap détonnant couplé à un travail de sample pétillant. Ça sonne un peu moins « Ambient music » que ses premières productions. Sa collaboration avec Kayne West n’est vraiment pas le fruit du hasard, Evian Christ c’est du solide !

Minuit : Direction La Petite Maison Dans La Prairie pour Kink. Réglé comme un coucou et très créatif, il nous déroule le tapis rouge avec son live House Techno groovy.

1H15 : On file sur la Jupiler Dance Hall pour écouter Carl Craig vs Mike Banks (Mad Mike).  Ça sonne rond et chaud à l’image du label Underground Resistance. Les deux amis de Detroit enflamment la scène. Une belle leçon de Techno.

3H00 : On termine au lance flamme à 180Bpm avec Radium sur la Cannibal Stage. La Tribecore c’est sportif !

Vendredi 17 Juillet

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Zbooby

  Un tournant dans ma carrière de Dj. J’ai compris hier soir que ma chemise rose fluo brillait sous les néons. Jupiler Pétanque qui a fini par s’endormir entièrement nu sur la Last Arena la nuit dernière opte temporairement pour un short. « Soyons prudent » me dit-il. Le Capitaine Morgan a encore égaré sa longue vue. Oeil de lynx perd quant à lui 1/10 à l’oeil gauche mais reste opérationnel. Centurion nous prépare un petit déjeuner copieux : Ricard, taboulé, madeleine, le tout au shaker. L’équipage accueille aujourd’hui le 11 de légende, nos astronautes préférés.

Petite interview avec Le Local, nos copains de l’espace presse

17H30 : Après un bel échauffement des ligaments sur la dub corner avec Suns of Dub, l’excellent collectif jamaïcain, on s’apprête à courir un marathon !

19H00 : Ne pouvant pas résister à l’appel de la Techno, l’équipage se dirige vers la Redbull Stage qui ce soir là propose une brochette Pan-Pot, Adam bayer, Nina kraviz et Robert Hood. Les grands noms de la techno nous livrent des sets plus musclés les uns que les autres.

Que dire de la Redbull Stage sinon que c’est probablement la plus belle scène extérieure que l’on ait vu. On a adoré l’effet visuel des 4 grandes Tower d’écrans géants. Le son était admirablement bien réparti. Un petit chef d’œuvre du spectacle vivant. Merci à l’équipe technique et aux ingénieurs sons !

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Red Bull elektropedia balzaal : l’extase !

21H00 : Pan-Pot succède à Tchami, on quitte enfin les plages de Saint Tropez pour gagner les berges Allemandes de l’Elbe.

22H00 : le géant Beyer, grand patron de la multinationale Drumcode propose une prestation parfaitement construite, progressive et dansante, comme à son habitude.

Minuit : Nina Kraviz transforme le Dancefloor en place rouge avec un set Techno industriel, un poil trop mental à mon goût mais terriblement efficace. La belle russe terminera par le même final que la Weather et laissera la place à Sir Robert Hood.

2H00 : direction le Labo pour écouter La Fine Equipe. De très bon beats hip-hop électroniques frappés sur les pads d’une AKAI MPC (contrôleur / sampleur), une partie instrumentale légèrement « World Music» donnant une identité sonore étonnante et une présence sur scène inébranlable (petits soucis techniques).

Samedi 18 Juillet 

  On opte pour la solution « Station de lavage » afin d’éviter les 2H de queue de la douche. Elle est située à 10 min de la sortie du festival sur la gauche. Pour deux euros on se lave et on fait nos lessives à cinq. Attention toutefois à bien appuyer sur rinçage. Nos amis hollandais se sont lavés avec du savon pour voiture, beaucoup moins funky pour la peau vous en conviendrez.

17H00 : on fonce sur la Last Arena. Quoi de mieux que de débuter cette journée en plein air au soleil avec Horace Andy. Du reggae jamaïcain dans sa forme la plus pure, since 1967. Etant habituellement de véritables brise-glaces, Le Captaine Morgan et son second Jupiler Pétanque souffrent terriblement de la chaleur. Ne devait-il pas pleuvoir d’ailleurs ?

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Les dangers de la déshydratation

18H00 : On enchaine sur la Boombox avec Orlando Julius & Héliocentrics. Saxophone et Afrobeat, c’est tellement exotique qu’on se croirait sur les ondes de radio « Nova» 😉

19H00 : L’équipage décide de faire un peu de sport sur la Redbull stage avec Calyx & Teebee Feat Lx One suivi de Dj Hazard. Ces derniers nous ont transformé en singes sauteurs. Leurs prestations pleines d’énergie font du bien à la Drum’n Bass !

21H00 : Petit passage swing sur la Dub Corner avec Weeding Dub. Quelques petit soucis niveau mixage mais l’équipe a toujours la banane en sortant de cette scène ! Un Dub bien mélodique aux influences parfois très orientales.

23H30 : Direction « La Petite Maison Dans La Prairie» avec le londonien Max Cooper qui nous propose son nouveau projet : « émergence ». C’est probablement le set électronique le plus psychédélique du séjour. Un mélange binaire / ternaire alimenté par des synthétiseurs intrigants. Des basses tantôt subtiles, tantôt indécentes. Une partie vocale qui saupoudre mystérieusement son set. Bref, un véritable régal pour les oreilles.

01H15 : S’ajoute à Max Cooper le fameux live de Rone. Il ne prend pas une ride, toujours aussi mélodique et satellisant.

2H00 : On passera par le Labo écouter la fin très rock n roll de Jonathan Toubin. Il est temps de se rendre sur le ring de la Cannibale stage afin d’écouter Clouds.

2H45 : Les deux écossais que l’on connait déjà bien grâce à 13OP (notre collectif Marseillais), nous livre un live Techno sur système modulaire. A Dour, Clouds était à la techno ce que Horace Andy était au reggae. La Cannibal Stage s’est transformée en centrale nucléaire. Percutant, redoutable, exceptionnel !

Dimanche 19 Juillet : Final Round !

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 » Mon dieu ou suis-je ?  » se demande le capitaine.

   Le camping est un champ de bataille après la tempête de la nuit dernière. J’ai des nouvelles bien matinales de « Coin Coin », rencontré le premier soir dans l’allée du camping D. Il a eu le temps de s’instruire toute la semaine.  Aujourd’hui il est dans un trip rhinocéros. La Société Royale Protectrice des Animaux Belge passera le chercher quelques heures plus tard. L’équipage souhaite profiter du festival jusqu’à la dernière seconde. Un peu fauché, on ramasse quelques ordures histoire d’avoir des tickets de boisson gratis. Bienvenue à Dour « t’as plus de sous, lave donc la forêt ».

17H00 : On débute en douceur avec le français Débruit sur le Labo. Très difficile à définir, après tout, la musique est faite pour être écoutée. Quoi qu’il en soit, on sent une véritable exploration musicale et une volonté de combiner les genres. On passe par l’électro, le hip hop, la soul, la musique orientale et africaine. Programmé au début de l’été à Sonar, c’est un véritable plaisir de le découvrir à Dour.

18H30 : Place à Recondite sur la Redbull Stage, qui nous livre un set techno, doux, sobre et agrémenté de pointes mélodiques.

19H30 : Scuba enchaine à merveille pendant 20 minutes mais le reste de son set est un peu plus brut de décoffrage (une friandise pour les puristes on en doute pas).

23H00 : Snoop Dogg… 10 minutes après on file vite voir Rødhåd.

23H10 : L’ami fidèle de Recondite partage un certain aspect mélodique mais reste bien plus brut dans son approche. Ce soir là il nous offre un set stéroïdé et conquis l’intégralité de la Redbull stage avec ses riffs industriels.

00H30 : Seth Troxler et Marcel Dettman achèvent la Redbull stage.

3H30 : On fonce écouter la dernière demi-heure de musique la plus proche : Compuphonic. Le son se coupe à 4h, trop tôt…

8H00 : on décolle de la station Dour sains et saufs. Pas prêts d’oublier ce qu’on a eu la chance de vivre pendant ces 5 jours. 228 000 festivaliers, un camping 5 étoiles, une quantité et une qualité artistique au rendez vous, des scènes somptueuses, des gens formidables, une ambiance inégalable et une Belgique unie.

 Un très Grand MERCI à Damien, Alex et Mathieu pour leurs disponibilités et leurs conseils.

A tantôt,

Capitaine Morgan, Jupiler Pétanque, Oeil de Lynx, Centurion Marmulus, le 11 de légende et Zbooby.

Ps : Merci Le Local ! Voici leur chaine YouTube pour un retour en image très croustillant :

https://www.youtube.com/channel/UCYFFWiE-XkVew4CzKiNZkBA