
Le groupe You Are Not Machines, fondé en 2014 par Alexandre Milord et Nina Béziau et qui tire son nom du discours final du film The Dictator de Charlie Chaplin, a sorti mercredi 6 avril son premier extended play intitulé J’aime la Nuit.
Du rock, de la chanson française, et une pointe de musique électronique
On distingue dans cet EP de nombreuses influences comme celles d’Alain Bashung dans les textes, des Rita Mitsouko dans certaines rythmiques, ou des Daft Punk à travers les nombreuses séquences électroniques qui jonchent le projet, et c’est un dosage très juste de ces empreintes qui a donné naissance à l’univers alambiqué de You Are Not Machines. En dépassant leurs influences, ils réussissent à créer un monde à part entière, que j’ai pu découvrir il y a quelques semaines en me rendant dans leur home studio à Romainville, près de Paris. Dans ce petit studio, purement homemade, le duo enregistre une musique extrêmement personnelle, précise et originale et qui plaira d’ailleurs aux professionnels de la musique qu’ils rencontreront par la suite.
« On fait du mal à ceux qu’on aime »
Ce microcosme créé à deux se retrouve très bien dans le clip de Le Goût, sorti lui aussi le 6 avril. Reprenant la charte graphique de la jaquette de l’EP, l’aspect très brut du clip, ainsi que les effets et le jeu des protagonistes vous plongent dans une espèce d’embarras, qui vous renvoie à la contemporanéité du goût, à notre façon de l’apprécier mais aussi hélas de le dénaturer et de le limiter à de grands standards. La séparation amoureuse, le choix, l’abandon et l’antipathie sont autant d’affects contemporains que l’on retrouve décrits tout du long de l’EP dans les vocaux d’Alexandre, souvent accompagné au chant par Nina. Lui le baryton, elle le soprano, le duo mêle parfaitement ses voix pour donner le relief mérité à cette poésie qui nous parle du vingt et unième siècle et des passions qui le marquent.
Il y a quelques semaines nous diffusions sur les ondes de Dynam’hit (en ouverture de la Smooth Vibes) le morceau « De nous deux », dont les textes évoquent l’aversion des couples qui se déchirent, les allers et retours caractériels qui marquent souvent la rupture amoureuse. Le morceau installe progressivement la singularité des voix et de la ligne instrumentale, à laquelle les textes d’Alexandre donnent une grande intensité. Un régal pour mes oreilles, trop habituées aux horreurs de la chanson française que l’on nous diffuse bien trop aujourd’hui. On décèle en YANM un véritable amour de la musique, une nouvelle approche de la chanson française s’inspirant de nombreux univers, donnant naissance à un tout qui devrait toucher, on l’espère, un public de tous horizons et de tous âges.
Je vous laisse sur ce nuage de subtilité, et désormais on n’attend qu’une chose : c’est que le mouvement suive !