
[note4] Death Grips ne faiblit pas et revient férocement en force avec l’explosif Niggas on the moon, première partie du double album The Powers that B, annoncé pour la fin de l’année. Avec cinq albums en seulement trois ans, le trio de Sacramento repousse encore une fois les limites du hip hop expérimental. Ils sont accompagnés de Bjork (qu’ils connaissent bien après les remix de Sacrifice et Thinderblot) sur les huits titres qui composent ce nouvel opus.
Mc Ride, Flatlander et Zac Hill se font d’abord remarquer avec Exmilitary en 2011. Cette mixtape viscérale et organique aux samples riches (Bowie, Pink Foyd Magma, Black Flag) démultiplie les constructions abruptes, inhospitalières et sinueuses. Le jeu puissant et syncopé du batteur Zac Hill fait effectivement écho aux névroses de Mc Ride sur l’expérimentale Klink.
C’est avec The Money Store et No Love Deep Web que le trio se mue en monstre hybride hip hop/electro indus. Les innombrables influences du groupe font sens, la paranoïa de Mc Ride est exacerbée, son flow plus rapide, les productions plus audacieuses, les méthodes marketing employées par le groupe plus subversives… L’incroyable instrumentation de Get Got et la profondeur d‘Artificial Death in the West illustrent cette progression.
Death Grips semble toutefois s’essouffler avec l’inégal Government Plates sorti en novembre dernier. Des titres comme Birds ou Two Heavens se distinguent néanmoins comme des classiques du groupe.
La première surprise de Niggas on the Moon est la présence distante et fantomatique de Bjork. On peine souvent à reconnaître le timbre unique de la chanteuse lors des premières écoutes. Death Grips distord, compresse, accélère et ralentit les lignes vocales. Ces dernières qui n’ont plus vocation à être utilisées en tant que telles sont fondues dans les productions hallucinées de Flatlander. En témoigne Have a Sad Cum où la voix plaintive de Bjork répète à l’infini le même mantra, produisant un effet hypnotique proche de This is Violence Now. La fantastique Billy Not Really va même jusqu’à sampler des flutes de pan fréquemment utilisées par l’islandaises. Les changements soudains de signatures rythmiques, le flow nonchalant de Mc Ride et les spectres vocaux magnifient ce morceau, la perle de l’album. Voila est un fantastique écrin pour le batteur Zac Hill, qui distille un rythme précis, percutant et soutenu. Les cris qui ponctuent le morceau évoquent I’m a God présent sur Yeezus de Kanye West.
Ce court opus (trente minutes) est une franche réussite. Les improbables expérimentations tentées avec les samples de Bjork finissent par faire sens après quelques écoutes attentives. Cette première partie creuse encore le sillon expérimental unique de Death Grips… Affaire à suivre avec Jenny Death programmé à la fin de l’année!