Lundi s’est achevée la 26e édition du Dour Festival qui a une nouvelle fois confirmée qu’allier éclectisme, exigence musicale tout en créant une certaine communion avec le public était possible. Car ce qui frappe dans  ce festival wallon, c’est bien sa capacité à fédérer une population de festivaliers aux goûts et exigences musicales très différents.

Niveau chiffres,  195 000 personnes sur 5 jours se sont attroupées à la Plaine de la Machine à Feu pour voir 200 artistes sur 8 scènes différentes. Le samedi atteignant un pic de 44 000 personnes. Pour ce qui est du camping 38 000 personnes s’étaient regroupées de mercredi à lundi sous le soleil et la pluie.

Retour maintenant sur les artistes ayant marqué ces 4 jours de liesse :

1-    Mogwai

On aurait pu s’attendre à une prestation manquant de rythme, trop électronique de la part des écossais mais au final ce qu’on redoutait n’est pas arrivé. Au contraire, le post-rock de Mogwai nous aura bluffé : hypnotique, puissant et maîtrisé, en bref une vrai claque sonore !

Pour voir ce que ça donnait en live voici un extrait superbement réalisé par Sourdoreille.

http://dai.ly/x21tahf

 

2-    John Talabot

John Talabot auteur d’un excellent album en 2012 Fin était évidemment l’un des DJ à ne pas rater dans cette cascade d’artistes électro. Après un set d’une belle facture de notre frenchie Rone, l’espagnol arrive très sobrement et fait rentrer la plèbe du Dancehall en transe. Entre nu-house et disco, le barcelonais nous aura bien fait oublier l’orage qui grondait durement dehors.

3-    Little Dragon

Pour nous, c’est l’autre claque de ce festival. Revenus sur le devant de la scène avec le très bon Nabuma Rubberband,  le quatuor suédois nous a proposé une prestation complètement givrée. Faisant danser tout le chapiteau par un sacré mélange d’électropop , de trip hop, de funk, de house et j’en passe et mené par la très sensuelle Yukimi Nagano en insatiable bête de scène, Little Dragon avait tous les ingrédients pour réussir à marquer le festival.

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4-    Joey Bada$$

Malgré son jeune âge, le jeune rappeur originaire de Brooklyn, digne successeur de ses prédécesseurs new yorkais, n’aura absolument pas démérité dans la qualité de son flow, et de son show. Il a su chauffer à blanc le public nombreux massé sous le chapiteau de la « Jupiler Boombox ». Après une entrée fracassante, accompagnée de Kirk Knight, membre du collectif Pro Era fréquemment présent sur les projets personnels de Joey Bada$$, ce dernier a entamé quelques classiques extraits de 1999 tel que Waves , ou encore de Summer Knights, le dernier album en date.

Toujours parsemé de références aux années 90, la prestation a alors dérivé vers un jeu de scène plus énergique, à l’aide de samples de classiques et d’incitations des deux rappeurs sur fond de public déchaîné.

Pour conclure, on dira que si Jo-Vaughn Virginie Scott de son nom n’a pas le poids ni l’expérience des années, son professionnalisme et son sérieux contribuent largement à sa légitimité. La stabilité qui s’en dégage laisse d’ailleurs à penser que l’artiste conserve devant lui de belles années d’activité.  On regrettera simplement la longueur du concert, écourté de dix minutes.

http://dai.ly/x21tg2s

 

5-    Nas

On l’avait remarqué, dès la sortie d’Illmatic en 1994, l’engouement pour le projet de Nasir Jones n’a jamais cessé. Mieux, il s’est transmis de génération en génération, ce qui a contribué à en faire l’un des meilleurs albums hip-hop de tous les temps. Des éléments qui ont poussé le rappeur aujourd’hui âgé de 40 ans à programmer une tournée dédiée à la mise en scène de son album phare.

Et la portée de ce projet historique a encore une fois pu être vérifiée : pendant une heure environ les festivaliers massés en nombre devant la « Last Arena » ont pu communier autour de Memory Lane, Represent ou encore The World Is Yours. Côté tenue de scène, on remarquera, non sans regret, que Nas a choisi de ne pas être accompagné de vrais instruments mais plutôt d’un DJ. Seul sur scène, il a tout de même mené une prestation correcte, elle aussi professionnelle mais sans fioriture. On retiendra malgré la barrière de la langue une bonne communication entre lui et le public, et des moments de partage intense.

En résumé, c’est à un concert classique mais très appréciable que nous avons assisté, qui a aussi eu donc de nous rassurer sur la longévité de ce poids lourd du rap américain.

DOUR,  festival Dour concert NAS.GOLINVAUX MATHIEU/LESOIR

Rédigé par

Corentin Le Denmat

Responsable pôle partenariats // Pôle programmation à Vinyl On Mars // Référent de la Matinale / Co-référent de la Rock Pulse