Le vendredi 23 janvier 2015, l’Akwaba nous a ravi avec la venue de Fuzati et de son groupe le Klub des Loosers. Après une performance remarquable, le frontman nous a accordé une interview. « Je ne réponds plus aux interviews qui me demandent « pourquoi le masque ? » » : pas d’inquiétude M.Fuzati, cette question n’était pas dans nos plans ! 

Alors première question Fuzati : tu as sorti ton dernier album Grand Siècle avec Orgasmic (ndlr : le premier DJ du groupe) et là tu reprends ton premier opus Vive la Vie avec des musiciens sur scène. Ce retour aux sources ne symbolise t-il pas une certaine nostalgie des années 2000 ?

Non, du tout. Mais absolument pas. C’est plus les gens qui ont une nostalgie, c’est ce que j’explique souvent, ils ont l’impression qu’on était tous potes (ndlr : les autres rappeurs comme Gérard Baste, James Delleck, Le Jouage etc.). Or, la plupart des mecs étaient à Paris, moi j’étais à Versailles pour mes études. Je suis allé plusieurs fois au Batofar, faire quelques soirées avec eux mais… On était pas potes quoi, on se voyait pas. Moi mon pote c’était Orgasmic : il habitait Versailles, j’étais tous les soirs chez lui, on écoutait du rap et c’était cool. On a plus passé du temps à être pote plutôt que faire de la musique ensemble tu vois ? Non je suis pas du tout nostalgique, je préfère mille fois maintenant !

Tu ressens vraiment une différence entre ce que tu as vécu à l’époque, tes premiers albums et maintenant ?

Oui clairement. Déjà je suis entouré de musiciens hyper talentueux, c’est vraiment en phase avec ce que j’écoute, du jazz, du jazz-funk. Tu sais, tout cette effervescence ça m’est arrivé jeune : j’ai fait mon premier morceau sur une compil, c’était Baise les gens. Beaucoup ont accroché direct. La première maison de disque que je suis allé voir j’ai signé. Moi la musique j’ai appris ça tout seul, et puis j’ai fait un album Vive la Vie alors que j’étais toujours en plein dans mes études. Et y’a eu une très grosse promo autour de cet album : ça s’est passé trop vite, j’ai pas réussi à tout calculer. Tu vois, je suis passé du mec qu’on invitait pas aux soirées au mec qui pouvait rentrer dans toutes les soirées parisiennes. Je l’ai fait un an pour voir ce que c’était et puis après .. (rires)

Justement ça t’as pas dérangé ce changement de statut ?

Non j’ai pris ça comme une expérience. Et puis comme il y avait le masque, que je continuais mes études à côté et que les gens autour de moi ne savaient même pas que je faisais ça, ça m’a permis de garder les pieds sur terre tu vois ?

Même en ce moment, tu travailles à côté c’est ça ?

Oui tout à fait, je pourrais en vivre, mais je veux pas avoir ce rapport là avec la musique. Je trouve ça sain de pas dépendre de grosses maisons de disques, sinon ça t’oblige à faire des choix dictés, genre au niveau des singles et tout… Franchement, tu fais de la musique et puis c’est tout, le reste tu t’en branles. Surtout qu’en ce moment c’est catastrophique, plus personne ne gagne d’argent dans la musique donc je pense que j’ai bien fait (rires). C’est à l’image du monde en fait, t’as 1% de mecs qui réussissent, comme Stromae et Maître Gims, et puis derrière tout le monde pleure. Et même des mecs que tu vois sur des affiches géantes, derrière y’a tellement de moyens qui sont mis sur eux, que le projet il est même pas rentable. Quand tu vois ce que ça coûte une pub télé ou une affiche, et bah, les mecs ils pleurent même s’ils font disque d’or : ils se remboursent pas au final !

Dans une autre interview, tu disais que tu voulais faire un album de punchlines, où en est le projet ?

Cet album c’était plus celui que j’avais fait avec Orgasmic au final (ndlr : Grand Siècle). J’ai mis plein de punchlines dedans ! En fait les albums Klub des Loosers sont des albums à thèmes transversaux : l’adolescence avec Vive la Vie, le fait de ne pas se reproduire avec La Fin de l’Espèce … Sur Grand Siècle, y’a plein de punchlines : après tu peux les regrouper, ça parle du manque de culture, de l’industrie musicale, du nivelage par le bas mais y’a pas un thème précis. Ça parle plus de l’époque au sens large plutôt que d’un vrai thème.

Dernière question : les musiciens qui t’accompagnent sont vraiment excellents tu les as trouvés où ?

Ils sont tous extraordinaires, le mec à la batterie c’est une bête, il te fait des roulements de ouf, le pianiste il est en fac de musicologie, ces mecs sont des tueurs. Le bassiste aussi est excellent : la basse ça a l’air de rien comme ça, c’est 3-4 notes mais c’est super important. En plus le son de la salle était très propre. A l’époque, ils étaient dans un groupe qui s’appelait Les Shades (à 15 ans ils ont rempli un Olympia) : ils sont jeunes mais ils ont déjà une très bonne carrière.

Merci à Fuzati de nous avoir accordé cette interview !

Rédigé par

Alexis Tisserand

Sec Gé // Pôle rédac // Rock Pulse // Dead Pixel