Dès demain 12h, le Mondial du Tatouage 2014 ouvrira ses portes. Cette nouvelle édition promet d’être grandiose : 3 jours de folie dans le monde du tatouage où plus de 300 artistes, des concours de tatouages et des concerts se succèderont dans les locaux de la grande halle de la Villette à Paris. À J-1 de cet évènement mondial nous avons eu la chance d’obtenir une interview avec Piero, le co-organisateur de cette édition 2014. Rencontre avec ce tatoueur professionnel passionné de tatouage et de musique qui s’est lancé dans ce projet fou avec son collaborateur Tin-Tin, figure emblématique du tatouage Français.

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Bonjour Piero, nous sommes actuellement à J-1 du Mondial du tatouage, comment vous sentez vous ?

Ecoute, je me sens super bien. Encore quelques petits détails à régler mais d’ici demain 12h, nous seront prêts pour l’ouverture de cette nouvelle édition du Mondial du Tatouage 2014.

Depuis son retour en 2013 après 13 ans d’absence, en une seule édition, Le Mondial du Tatouage a repris sa place incontestée de leader en France avec 15 000 visiteurs. Comment expliquez vous ce succès ?

Le succès je l’expliquerais déjà par l’engouement des gens vis-à-vis du tatouage qui est, aujourd’hui encore, un art en pleine expansion. Ensuite, le Mondial du Tatouage reste l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand événement mondial dans le domaine du tatouage. Enfin, il se déroule à Paris avec des figures emblématiques du tatouage comme Tin-Tin reconnu dans le monde entier notamment pour son savoir-faire et sa carrière remarquable.

Peux-tu nous parler un peu de cette collaboration avec Tin-Tin ? Comment est venue cette fabuleuse idée de projet ?

Tout simplement autour d’une bière (sourire). Plus sérieusement, Tin-Tin possède une forte influence médiatique de mon côté, ayant fait de la musique auparavant, j’ai déjà fait des concerts, été sur des festivals je me suis ainsi créé un certain réseau donc la collaboration s’est faite assez logiquement.

Depuis environ 25 ans, l’art du tatouage n’a cessé de s’étendre et de progresser. Les artistes tatoueurs sont devenus de plus en plus nombreux et talentueux. Pourquoi ces 13 années d’absence ?

Tin-Tin, en plus d’être un tatoueur de renom, est un organisateur d’évènements ce qui lui demande beaucoup de travail. Il y a 13 ans, le Mondial du tatouage se déroulait au Bataclan réunissant 60 tatoueurs. Demain ce sont 312 artistes qui vont partager les locaux de la grande Halle de La Villette. Aujourd’hui, le tatouage possède une place importante au sein de la société. Malgré le succès de cette édition à « petite échelle » Tin-Tin ne voulait pas se lancer de nouveau dans un tel projet seul : il voulait trouver un collaborateur et faire les choses en grand pour que cet évènement devienne un phénomène mondial.

Penses-tu que la perception des gens tend à évoluer au sujet des tatouages ?

Tu sais elle a déjà bien évoluée. Dans les années 40, c’était les mauvais garçons qui se faisaient tatouer. Aujourd’hui le tatouage à souvent un côté « hipster » : tu peux être tatoué sans pour autant être considéré comme un voyou. Le tatouage s’est pas mal démocratisé ces dernières années : il n’y a qu’a voir le nombre de personnes qui en possèdent. Des présentateurs télé, des journalistes, des chanteurs… Par exemple récemment, j’ai déposé un dossier pour louer un appartement et lorsque j’ai rencontré le propriétaire le fait que je sois tatoué n’a posé aucun problème et pourtant j’en ai jusqu’au bout des doigts. Après il y toujours des personnes qui restent sceptiques mais heureusement elles ne sont que des exceptions. Le tatouage est devenu un art qui a prit une place importe dans note société et j’en suis content.

Sur le salon, on peut se faire tatouer par les plus grands noms du tatouage. Quelles sont les tendances en ce moment?

Il n’y a pas une tendance en particulier et heureusement sinon tout le monde aurait le même tatouage ! Aujourd’hui les tendances se multiplient, notamment grâce à internet, et on retrouve un mélange de style. Se faire tatouer c’est avant tout une réflexion pour le futur tatoué.

Les tatoueurs ont-ils des marques de prédilections en ce qui concerne les vêtements, la mode ?

Il y a vraiment de tout dans le monde du tatouage. C’est vrai qu’avant les tatoueurs adoptaient plutôt un style punk, biker voir skin mais aujourd’hui c’est très varié. Ca va du rappeur, au rockeur en passant par le fan de folk. Il y a une vraie diversité, une richesse culturelle en matière de mode.

Des concours de tatouages, des défilés, plus de 300 artistes… Un tel événement demande beaucoup de travail. Avec combien de personnes travaillez-vous au quotidien pour que cet événement soit prêt à temps ?

Nous sommes une équipe assez réduite, seulement 6-7 personnes sur l’année mais nous faisons appel à de nombreux sous-traitants.

Cette année sera placée sous le signe de la musique avec des concerts exceptionnels organisés en collaboration avec OUÏ FM avec évidement des musiciens exceptionnels mais tatoués ! Comment vous est venue cette idée ?

A la base moi je suis musicien. Après avec Tin-Tin nous trouvons ça sympa de clôturer chaque journée par des petits concerts. L’an passé nous avons déjà tenté l’expérience et ça a plu donc cette année on remet ça ! Et puis la musique mérite sa place dans le monde du tatouage. De nombreux artistes sont tatoués et c’est en autre grâce à la musique que l’art du tatouage s’est démocratisé, c’était donc un mix évident car pour nous, musique et tatouage forment un seul corps.

Tous les artistes invités à jouer en LIVE lors du salon sont tatoués : doit-on en déduire qu’il faut être tatouée pour devenir une rockstar (ou il vaut mieux attendre d’être une rock star pour se faire tatouer) ?

(Rires). Non pas spécialement. Tu peux être une rock star sans être tatoué.

Parlons un peu de toi. En lisant ta bio j’ai découvert qu’au départ tu étais plutôt destiné à une carrière musicale. Tu as notamment été l’un des lauréats du « Grand prix rock de Montpellier » avec The Electric Buttocks en 1992 et tu as fait partie de l’affiche du Printemps de Bourges en 2003 avec Servo. Comment est venue cette passion pour le tatouage ?

Je trouvais ça joli et puis dans mon groupe il y avait un apprenti tatoueur. Lorsque le groupe s’est dissout, j’ai hérité du matériel de mon compagnon de route et je me suis lancé.

De simple passionné, tu es devenu autodidacte en 1998, année au cours de laquelle tu tatouais les bras de tes amis rockeurs, puis professionnel puisque aujourd’hui tu es tatoueur et patron du salon de tatouage La Cour des Miracles du côté de Toulouse. Qu’est ce qui t’a donné envie de faire de cette passion pour le tatouage un métier au lieu de te consacrer à la musique ?

Tu sais dans le domaine de la musique, ta carrière ne t’appartient pas. Comme partout il y a des jours avec et des jours sans. Tu rencontres parfois des problèmes qui font que tu n’as pas spécialement envie de continuer dans ce milieu. Après la dissolution de mon groupe, j’ai pris un nouveau tournant. J’ai toujours aimé dessiner même si au début ce n’était pas terrible, je te l’accorde. Alors je me suis dit pourquoi pas le tatouage. Je me suis lancé d’abord en tant qu’autodidacte avant d’en faire mon travail et de devenir professionnel au point d’ouvrir mon propre salon.

Justement, toi qui possèdes ton propre salon, comment évolue le nombre de salons de tatouages en France ?

Il ne cesse d’évoluer. De 400 salons il y a 10 ans, il est passé à 3 000 aujourd’hui. Maintenant tu peux trouver 2 voir 3 salons de tatouages dans un seul et même village.

Dans ton salon, les artistes sont de vrais professionnels et sont tous membres du SNAT (Syndicat National des Artistes Tatoueurs). Ils respectent donc scrupuleusement les chartes d’hygiène et de respect plus que nécessaires dans ce métier. Mais si on n’habite pas la région Toulousaine, quelles sont les règles d’hygiènes essentielles à respecter que nous, consommateur nous pouvons vérifier ?

Il est impossible pour un consommateur de vérifier si toutes les normes en terme d’hygiène sont respectées. Il peut se fier à la propreté du salon, regarder si le tatoueur utilise bien des aiguilles neuves et puis se renseigner sur le salon au préalable. Si ce dernier a une bonne réputation et qu’il est ancien il n’y a pas de raisons de s’inquiéter car aujourd’hui avec la législation européenne des contrôles se font régulièrement et si les règles ne sont pas respectées le salon est fermé. La bouche-à-oreilles fonctionne très bien aussi. Préférez tout de même un tatoueur qui a un pignon sur rue plutôt que de vous faire tatouer sur le coin d’une table chez un pote si vous voulez être sûr de votre coup.

Actuellement, plus d’un Français sur dix est tatoué. Peut être que les 10 autres ont simplement peur de la douleur. Toi qui portes de nombreux tatouages, dis nous, un tatouage c’est si douloureux ? Et si oui, quelles sont les parties plus ou moins sensibles ?

Je ne vais pas te mentir, oui ça fait mal et évidemment plus le tatouage est grand, plus c’est douloureux. Il faut dire que je suis douillet aussi (sourire). Certes un tatouage c’est douloureux mais en général, quand on se fait tatouer on est donc conscient de tout ça. Et puis tu sais il y a de vrais passionnés qui sont prêt à faire des heures de routes pour venir au Mondial du tatouage pour passer sous les aiguilles d’un professionnels peu importe la douleur. Après effectivement tu as des endroits plus sensibles que d’autres comme les côtes, le derrière du genoux et même le nez mais ça c’est plus rare. C’est très joli pourtant, je pourrai t’en faire un petit sur le bout du nez si tu veux (rires).

L’aspect permanent du tatouage peut aussi être un frein pour le consommateur. Avoir le nom de son ex sur son avant bras c’est pas top pour faire de nouvelles rencontres. Peux-tu nous en dire un peu plus sur les techniques qui existent pour retirer un tatouage ?

Effectivement se retrouver avec ce genre de tatouage ce n’est pas très cool. C’est stupide même. A la limite autant se faire tatouer « Couillonne » directement, au moins ça montre que tu as le sens de l’humour (rire). Au pire tu peux dire que c’est le nom de ton chien, au moins lui, c’est sûr, il ne te trompera pas. Non plus sérieusement un tatouage représente un investissement : il faut souvent sortir un voir plusieurs billets car chaque projet demande beaucoup de travail. Ce n’est pas quelque chose de spontané qu’on fait sur un coup de tête simplement parce que « c’est la mode ». Bien sûr il existe des solutions pour le retirer : tu peux te rendre chez un dermatologue pour suivre un traitement au lazer mais là encore c’est cher et douloureux donc si tu peux l’éviter c’est mieux, d’où le temps de réflexion nécessaire.

Enfin, malgré ce métier très prenant, on sent que tu es toujours passionné de musique : consacres-tu encore du temps à ta basse et à la musique en général ?

Oui beaucoup ! J’ai d’ailleurs plusieurs projets musicaux avec un ami à qui je tatoue tout le dos et un EP de 12 titres qui comprendra des featuring et qui sortira cet hiver.

Merci beaucoup Piero pour cette interview, bon courage pour cette édition 2014 du Mondial du Tatouage et on se croisera peut-être demain.