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Il y a une dizaine de jours, nous avons eu la chance de rencontrer Marina, écumeuse de clubs et photographe instinctive. C’était à l’occasion du vernissage de son exposition au Oogie, avec un set de Dj Hell, un de ses amis producteur de musique d’ordinateur.

Pourquoi as tu choisis le Oogie pour le vernissage de ton exposition, et pourquoi Marseille ?

Marina : J’ai choisis Marseille parce que  je suis partie d’ici en 2001, et que quand on m’a proposé de faire des expos, j’ai préféré d’abord commencer par Marseille. C’est ici que je suis sortie pour la première fois dans un club, j’avais 14 ans, ça me rappelait toute mon histoire, comment j’ai commencé ici. Le directeur artistique du Oogie est un amis à moi que je connais depuis que j’ai 14 ans, on parlait énormément de musique, surtout de rock (je suis très branché rock et electro). Du coup ils m’ont proposé de le faire ici, j’ai dis OK. J’avais aussi rencontré le boss de Kulte, qui est de Marseille aussi, il m’avait dit y’a deux ans que si un jour je faisais un event, on pourrait faire un partenariat, et une expo à Paris aussi, rue de Charonne où il y a la plus grosse boutique, et j’ai dis allons  ! Donc on va faire un truc Paris – Marseille.

Tu avais vraiment cette volonté de travailler avec le tissu artistique marseillais ?

Ouais ! Malheureusement j’avais aucun Dj de Marseille dans le projet, mais je voulais exposer les grands. Pour que les gens puissent voir leur figure, parce que la plupart ne connaissent pas forcément. Mais peut être plus tard, si j’arrive à connaître de bons producteurs marseillais. Comme ça fait depuis 2001 que j’ai quitté la ville, je connais pas trop la nouvelle scène.

Tu as commencé la photographie en 2012, mais tu fréquentais déjà les clubs depuis longtemps. Pourquoi avoir commencé aussi tard la photo ?

C’est venu comme ça, par hasard. En fait, j’ai fais un petit Tumblr sur lequel je postais des liens Youtube, des playlists. Et comme sur Tumblr, beaucoup de gens mettent des photos, je me suis dis pourquoi ne pas le faire aussi. Donc je me suis pris un petit compact, je me suis dis que j’allais faire pareil. La plupart du temps, les labels m’envoyaient des photos de presse, j’avais pas envie d’avoir les même que tout le monde. Je me suis dit que j’allais les faire moi même. J’ai commencé comme ça. C’est venu naturellement et je trouvais ça drôle ! J’étais un peu la petite souris, je me mettais dans les backstages et tout. Je trouvais ça cool de me mettre au bout d’une scène, derrière eux, prendre des photos. J’attendais que le public se réveille et bam je prenais des photos.

Tu faisais de la photo avant ?

Nan, je n’ai pas fait de formation, je me suis amusée avec mon compact, un petit truc japonais et je me suis éclatée avec.

En général les photographes dans les festis sont des gens qui ont des formations non ? 

Oui, c’est des gens qui sont pris par des promoteurs, les clubs et les festi les récupèrent et leur demandent de travailler pour eux. Mais avec mes copains Dj et les labels, j’étais totalement indépendante. En général j’avais pas de pass presse mais le pass invit’ ou artistes, donc j’étais avec eux, et j’avais donc plus de possibilités. Eux sont obligés de prendre le public, les mecs bourrés et tout. Ils n’ont pas forcément accès à ce qui se passe derrière.

Justement, est ce que tu préfères capter le public et la performance du Dj ou est ce que c’est plus les backstages qui t’attirent le plus ?

Les deux. En fait, j’aimais deux aspects. Déjà les lumières, car j’utilise ni flash, ni photoshop (il n’y a aucune retouche sur les photos), et je fais un peu la chasseuse de lumière, j’attend le bon faisceau et je prend la photo. Surtout quand t’as un petit compact, t’as intérêt à pas te rater quand tu prends ta photo. Mais je voulais absolument pas faire avec le flash, de toute façon j’ai même pas la formation pour.

Tu travailles encore sur compact ?

Non, là j’ai acheté un reflex, qui n’est même pas pro encore. C’est mon premier réflexe. C’est comme si t’as tout juste ton permis voiture et on te dit va t’acheter ta Ferrari de suite. Non non, tranquille d’abord je vais acheter une Clio et après on verra la Ferrari. Pour moi c’était pareil. J’ai pris un haut de gamme mais pas pro. Je me suis dis que pour mon blog pas besoin.

Quel a été le processus de sélection des clichés, comment as tu fais pour les choisir ?

Ça a été dur, parce que le Oogie m’avait proposé 10 photos. Et rien qu’en musique électronique j’en ai 20 000. Je savais pas quoi choisir, j’ai fait un gros tri pendant quelques mois. J’en ai sélectionné 30, et même sur les 30 ils étaient incapables d’en choisir 20. On a été obligés de faire différents formats pour que tout rentre dans l’espace.

Est ce que ton travail de photographe t’empêche parfois d’apprécier la performance live, que ce soit sur un concert ou sur un set électronique ?

Non, des fois je me concentre, mais parfois j’ai justement du mal. Des fois ça tremblouille un peu parce que je danse en même temps. Donc je met en mode vidéo, et je me fais des petites vidéos que je poste sur Youtube. Mais quand par exemple Nina Kravitz danse sur son mix ou quoi, c’est plus dur de la prendre en photo alors que c’est plus amusant de la filmer.

Nina Kravitz
Nina Kravitz

C’est instinctif quoi ! 

Ouais ! quand je sens qu’il y a une ambiance qui est bien festive avec un bonne ambiance (j’avais fais Art Department par exemple comme ça), je préfère les filmer. Ils étaient en train de faire un remix de Dj Hell justement, où y’avait plein de mecs, je trouvais que l’ambiance était beaucoup plus intéressante à prendre en vidéo qu’en photo.

Quels ont été les artistes avec lesquels tu as le plus préféré travailler, ceux qui ont été les plus cools, les plus photogéniques ?

La plus photogénique, c’est Nina Kravitz, on va pas se le cacher. Je vais pas dire que ce soit Jennifer Cardini, ou des filles comme ça quoi. Mais t’as des filles cool aussi comme Miss Kitin, hyper sympa, pas prise de tête.

Après t’as d’autres Djs qui sont vraiment cool, genre 2manydjs, ils font des blagues belges et tout, ils sont très drôles. Je m’entend très bien avec Daniel Avery aussi. C’est un petit jeune, et il est hyper cool, on dirait qu’il n’arrive même pas à comprendre encore ce qui lui arrive, avec tous ses succès. Alors que t’en as certains qui ont clairement la grosse tête.

Et les moins à l’aise avec l’objectif ?

Les moins à l’aise ? en fait c’est ceux qui se prennent la tête avec leur propre travail . T’as David Shaw par exemple. Je l’avais pris en photo au Point Ephemere, en 2012 (ma première photo avec le miroir), il venait de finir son live. Il était hyper mal, pour lui ça s’était mal passé, alors que pas du tout, tout le monde avait adoré c’était le seul à se prendre la tête tout seul. Et sur les photos il avait un regard hyper dur, il était vraiment pas bien. C’est à partir de là que je me suis dis qu’avec les photos devant un miroir, tu peux refléter vraiment ce que le mec pense de lui. Tu lui dis mets toi devant la glace, regarde toi, et tu vois direct son sentiment de ce qu’il vient de faire pour sa performance. Il pense encore à son live, son Dj set, et là c’est parfait. C’est là que tu ressens ce qu’il éprouve.

David Shaw
David Shaw

Pour revenir à tes projets, tu m’avais dit que t’avais shooté BJM et Slowdive ?

Oui oui, j’ai fait la dernière tournée en France de Brian Jonestown Massacre, avec leur dernier album, je les ai suivi sur différentes dates en France. Donc pas mal de photos de lives et en backstage avec eux, et Slowdive que j’ai suivi aussi en France sur leurs deux dates à Paris et Saint Malo. Des fois quand tu tombes sur de gros artistes comme ça, qui ont pas mal de vécu, t’apprends pas mal de choses. Dans le rock je pars parfois en tournée avec des groupes de rock psyché, écossais ou anglais. Je suis passée par Londres, Bristol, Manchester,…

Slowdive
Slowdive

Est ce qu’il y a une différence entre photographier un groupe ou un Dj, qui est seul devant son public, est ce que t’as une autre approche ?

Pas forcément, parfois des Djs ont la même attitude que des stars du rock. Dans l’expo t’as une photo par exemple de Richie Hawtin avec la boule disco, et ça c’est un truc qu’ une star du rock aurait pu faire.

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Richie Hawtin

As tu une approche différente entre les photos en club, et avec les gros festivals ? 

Là, la différence vient de la lumière. Dans les clubs c’et vachement sombre, t’as beaucoup plus de groupies derrière la scène, faut les faire dégager toutes les 30 secondes, qu’elles arrêtent de lever les bras parce que tu vois rien. En festival c’est plus simple, t’as plein d’artistes donc c’est facile de les aborder, ça part à la chaine, tu perds pas ta soirée quoi.

On arrive vers la fin, on va parler de musique et de tes goûts. Quels ont été les lives que t’as aimé en 2014 ?

J’ai bien aimé un festival, à la Villette. La Villette Sonique. T’as pas que de la musique electro, t’as aussi du rock , des musiques expérimentales,. C’est intéressant, c’est un peu plus underground. Mais c’est ouvert au public, le week end, la journée dans le jardin, et tout le monde peut venir écouter gratuitement. Ça ouvre l’esprit de pas mal de gens, qui viennent avec les gamins, les petits adorent ça.

J’aime bien les festivals par rapport à va. En club c’est plus lourd, t’es obligée t’attendre dans les backstage, le mec doit picoler avant son set, il attend. En festival t’as toujours quelque chose à faire, t’en as un qui finit, l’autre suit direct.

Pour 2015, un artiste que tu attends particulièrement ?

En fait je vais t’avouer que pour l’instant je vais me calmer un peu, j’ai tellement de photos à sélectionner… j’aimerai faire différents thèmes, je voudrais faire une expo avec que des miroirs. Je voudrais aussi shooter des mecs de la techno allemande aussi, j’en ai pas beaucoup fait. À Berlin tu peux pas prendre de photos dans les clubs, c’est interdit. Tu peux rien faire. Le seul truc que je peux faire c’est dans les backstages. Ce qui est déjà pas mal. Donc j’aimerais faire ça à Berlin, car il y a plein d’artistes de techno allemande, Ben Klock, Marcel Dettmann, Ellen Alien, que j’ai jamais pu prendre en photo, parce qu’ils jouent tout le temps là bas. Je préfère les prendre dans leur environnement, c’est ça qui est intéressant.

L’exposition MusicbyMarina à lieu au Oogie depuis le 14 Fevrier.

Son facebook : Music by Marina

Rédigé par

Sophie Yo

Vice présidente - Respo Event - Eclectic Box