Il y a quelques mois, on se trouvait à la Paloma SMAC de Nîmes à l’occasion de la très réussie troisième édition du TINALS (This Is Not A Love Song Festival). Quelques souvenirs nous reviennent, notamment les concerts de SUUNS, Slowdive mais par dessus tout celui ‘un groupe, celui qu’il ne fallait pas manquer, celui des Brian Jonestown Massacre. On avait retrouvé auparavant en conférence de presse leur leader, le charismatique Anton Newcombe avec qui on avait abordé son dernier album, l’excellent Revelation, leur carrière plus que mouvementée et la vision de l’industrie musicale de ce grand monsieur.

Vous avez choisi le nom du groupe (BJM) en référence à Brian Jones, l’ancien Rolling Stones, son approche du son et l’univers psychédélique qui en découlait. Est-ce toujours une influence majeure pour votre groupe, ou au fil du temps d’autres influences sont arrivées et qui vous ont amenées à retravailler votre son :

C’est effectivement un des raisons pour laquelle nous avons donné ce nom au groupe. Nous avons été très influencés par Brian Jones et par son approche de la musique. C’est l’un des premiers à faire de la guitare slide, à jouer différents instruments provenant de cultures diverses (mari-basse, synthétiseur, sitar, harmonica). Il a été l’un des premiers également  à  faire intervenir des sonorités musicales africaines, de l’est. Maintenant je suis aussi ma propre influence bien entendu.

Maintenant pour la deuxième partie du nom du groupe (Jonestown massacre) : cela fait référence peut être à une partie plus rock, lugubre, malsaine de votre musique ? Maintenant vous êtes-vous assagi après plus de 20 ans de carrière. Votre dernier album Revelation semble plus apaisé,  plus recherché, au caractère adouci ?

 J’essaye juste d’être honnête, en accord avec moi – même. Il y a eu des périodes où je faisais tout sous l’effet de drogues et de l’alcool, et des fois je ne faisais rien. J’ai toujours souhaité explorer, ça fait partie de ma personnalité. Dans ma vie personnelle je suis passé à des moments sous drogues/ alcool à des moments plus calmes. En tous cas pour ce qui est de la musique quand je suis en studio j’essaye juste de mettre en forme des idées et en live de les exprimer. Je n’ai pas envie non plus que le groupe devienne trop professionnel, je leur demande juste d’être sages mais ils ne m’écoutent pas (rires).

Quel a été le meilleur et le pire souvenir de votre carrière qui fût très mouvementée ?

Les mauvais moments de ma carrière furent ceux liés à l’industrie musicale, aux majors qui prétendaient que j’étais le nouveau Kurt Cobain et qu’il ne fallait pas que je me concentre uniquement sur ma musique mais sur le côté commercial de la chose alors que ça n’a pas de sens pour moi. Les bons moments, ils sont nombreux mais ça restera principalement le côté live comme par exemple au Bataclan à Paris où tout le monde chantait en cœur sur le morceau The Devil May Care. Ce sont de bons moments parmi tant d’autres vous savez.

Pour revenir sur l’industrie musicale, comment expliquez-vous le fait que votre groupe soit toujours en vie tandis que des mastodontes se sont écroulées ?

Je me pose très souvent cette question. C’est encore une fois probablement l’industrie de la musique qui fait qu’il y a certains groupes qui perdurent et d’autres non, cela pour des questions d’argents. Car un directeur de label va décider de partir et lâcher un groupe. Je ne perçois pas les choses de la même manière. Je joue de la musique car j’aime ça. Je n’ai jamais fait de musique car je souhaitais devenir célèbre.

Au début de votre carrière comme sur Revelation on peut observer des reflux d’influence Shoegaze. Que pensez-vous du revival de ce style autour de nouveaux groupes (Nothing, Toy etc) et de retours inattendus (Slowdive, MBV) ?

Je pense que le terme shoegaze et le fait qu’on ait choisi d’y faire référence car que les musiciens passaient leurs temps à regarder leurs pieds, qu’ils soient timides et tout cela est très étrange. Quand j’ai commencé la musique, c’était en grande partie dû à l’acide. A l’époque l’influence majeure de ce genre de groupe s’apparentait aux drogues. Ces groupes avaient les mêmes influences et produisaient le même son. Plus qu’un mouvement je pense que c’était principalement lié à une forme de psychédélisme et au LSD.  Mais j’ai toujours pensé que cette nostalgie était utilisée  à des fins marketing du genre  » venez on va faire écouter à des jeunes de la musique d’il y a 20 ans, ça va marcher ! « . Tout est très marketing maintenant vous savez.

Pour ce qui est de Slowdive, vous allez être surpris de leur performance, ils ont gagné en gallon depuis les années 90 et ça va être vraiment génial, j’adore ce groupe.

Rédigé par

Corentin Le Denmat

Responsable pôle partenariats // Pôle programmation à Vinyl On Mars // Référent de la Matinale / Co-référent de la Rock Pulse