
De retour en Bretagne six ans après sa première prestation à la Route du Rock, Adam Granduciel, leader de The War on Drugs et éternel compagnon de Kurt Vile, livre les secrets de composition du merveilleux Lost in the Dream, évoque ses principales influences et explique son approche du live… Une conférence de presse singulière avec un personnage haut en couleurs !
Il y a une vraie cohérence dans le son de votre dernier album Lost in the Dream. Etait-ce un choix volontaire et prémédité ou un assemblage progressif de morceaux divers ?
La composition s’est faite assez naturellement. Il n’y avait pas d’idée préconçue lorsque j’ai commencé à travailler sur l’album. La cohérence globale est apparue au fur et à mesure, tout a été très limpide en somme.
Sur Slave Ambient, vous avez quasiment tout composé seul. Avez-vous procédé de la même façon sur le dernier opus, et comment jugez-vous votre évolution en tant que songwriter ?
Sur Lost in the Dream, j’étais encore à l’origine des morceaux avec une première suite d’accords ou une mélodie sur lesquelles les autres membres se greffaient. Je donnais l’impulsion, la vision globale; puis je laissais beaucoup d’espace aux musiciens qui apposaient leur touche aux compostions. J’ai une grande confiance en eux, et c’est en ce sens que le résultat final est plus un produit collectif qu’individuel.
Il y a deux sortes de morceaux sur vos albums : des chansons rock assez dynamiques et des ballades plus atmosphériques. Sur scène, en particulier en festival, vous jouez surtout la partie rock, n’avez-vous pas l’impression de perdre une partie de votre répertoire ?
On a effectivement plus de temps lorsqu’on joue dans des salles. J’ai toutefois eu l’impression d’avoir joué quelques morceaux calmes également. Dans tous les cas si des gens réclament un morceau, on le jouera, surtout en festival où les gens ne se sont pas forcément déplacés uniquement pour nous.
Les morceaux semblent s’étoffer, et incorporer des solos et des improvisations. Comment avez-vous transposé les morceaux studios en live ?
Les morceaux ont pris une nouvelle direction lorsqu’on a commencé à les transposer en live. On sonne différemment à chaque concert mais tout reste sous contrôle. Tout est conçu autour d’un squelette de base que l’on retouche parfois avec des sonorités différentes mais on ne se perd jamais dans des jam sessions hasardeuses et stériles.
Il y a eu beaucoup de comparaisons avec les années 80, Dylan, Springsteen; une décennie qui est souvent décriée musicalement. Comment vous situez vous par rapport à ça ?
Je n’aime pas trop hiérarchiser les décennies musicales, pour moi les années 80 ont autant de valeurs que celles qui l’ont précédée. Ce qui me plait, c’est le côté intemporel de certains morceaux produits à de cette époque. Je ne me réfère pas à cette période de manière passéiste, j’emprunte seulement certains procédés de productions qui me plaisent comme des sonorités de synthés ou des effets.