Les deux collectifs les plus en avance sur leur temps de la cité Phocéenne, Métaphore et Extend & Play, réitèrent l’invitation à l’intention des Lyonnais de Brothers From Different Mothers. Seulement cette fois-ci, c’est le trio J-Zbel qui est de la partie.

Un vendredi soir comme les autres pour bon nombre de personnes qui se dirigent vers le Cabaret Aléatoire, mais pas pour moi. Le premier skeud de breaks acides, jungle et sens dessus dessous de l’entité mystérieuse de BFDM est arrivée dans mes oreilles à une époque ou la techno et la house 4/4 régnait en maître dans ma collection de mp3 à 128 kbps. Et après deux live (sur)vécus, la première fois à Saint-Etienne aux côtés de Positive Education, la seconde fois aux Nuits Sonores 2016, autant vous dire que je n’allais pas passer à côté de ce live exceptionnel.

On arrive donc aux alentours de 1h du matin à La Friche Belle de Mai, on attend les derniers potes qui posent les gourdes, une fois passé la sécurité on se fraie un chemin direct vers l’antre de l’imposante structure pour ne pas louper une miette de ce qui s’annonce comme une soirée où le son “va être tarpin lourd, genre grosse teuf tu vois” (dixit une personne que j’entendais parler dans la queue).

Double claque au moment où l’on rentre dans la salle. D’abord visuelle, avec de belles projections vidéos au dessus des artistes. Les vrais savent que Extend & Play et Métaphore considèrent que l’identité visuelle à autant sa place que la dimension musicale dans leurs soirées (allez jeter un coup d’oeil à leurs affiches respectives). Ensuite musicale, avec Life Recorder et Niloc, résidents de la team Extend & Play. Rien à dire, les mecs savent transporter leur public et surtout ils savent où ils vont.

C’est à 3h que le warm-up se termine et que 3 mecs encagoulés arrivent sur scène. Dès les premiers sons qui commencent à résonner, la tension monte d’un cran. En effet, tu sens l’excitation du public qui aperçoit non pas un DJ comme un autre, mais bien un groupe de mecs en bandana, avec en plus un gars qui grommelle des trucs incompréhensibles mais transcendants sous son combo bob / balaklava / jersey de hockey. C’est excitant, même après deux expériences précédentes pour moi.

J-Zbel – ZHF (Gale Mix)

Le live de J-Zbel a cette particularité de visiter les époques de la teuf, avec une sensibilité et une puissance qui lui est propre. Ca commence avec de l’acid bien grasse avec le ZHF (Gale Mix) issu de leur premier disque, ils passent ensuite à ZHF (Poppers Mix), une ode au breakbeat et à la jungle aérienne des 90’s. Un petit passage electro-clash avant de nous donner une dose de Diablo Verde, une bonne track rave à 135 BPM, aux sonorités métalliques et aux stabs de voix vraiment sheitanisantes. Le rythme accélère de plus en plus sans nous marteler sans concession et sans arrêts, la musique est aérienne, belle, les rythmiques travaillées. On assiste à un vraie performance qui ne laisse personne indifférent, même les artistes. Les trois mecs se donnent à fond, bouge dans tous les sens, on en voit même un monter sur l’estrade derrière eux se balader en bougeant la tête et en faisant des doigts d’honneurs de temps à autres. Mon côté maso aime bien ça, visiblement le public aussi ; ghetto.

J-Zbel – Live 75021

Le live continue toujours aussi fort, je reconnais Nem De Porc, issu de leur deuxième EP, une sorte de drum’n’bass retravaillée, pour nous emmener sur la dernière partie du live qui va finir tout le public. OK le BPM augmente à fond, on reconnait Lauren Misogyn, ca part en hardcore, il n’y a plus personne pour discuter, tout le monde gueule. Moi, mes potes, les organisateurs, les barmans, même le MC de J-Zbel gueule dans tout le sens, c’est une bonne décharge émotionnelle pour beaucoup. Et quand on pense que ça peut pas aller plus fort, on commence à entendre des voix synthétisées très mélodiques qui reprennent The Age Of Love, morceau classique et intemporel de trance des années 1990. C’est sur cette reprise mélancolique que se termine le live du trio. Les vétérans de la teuf présents dans le public (si il y en avait) ont dû lâcher une petite larme.

C’est là-dessus que Permakultur, un duo constitué de deux artistes de l’équipe Métaphore, attaquent leur live, pour finir en beauté la soirée. Sur une heure de live, aucun répit n’est accordé au public : kicks à répétition, sonorités rave et breakbeat à tout va. On sent que les même influences ont nourris les artistes invités et les mecs qui jouent à domicile.

La soirée se termine pour moi quand les lumières se rallument (en général signe que j’ai passé une très bonne soirée). On rentre tout penauds chez nous tout en faisant le débrief de ce qu’il s’est passé. Pour beaucoup ce live d’une heure c’était la DOSE : “ca valait bien 30 fois Ben Klock” me dit-on. Je sais pas si les artistes de ce soir auraient aimé être comparé avec le Master Autobahn, mais l’intention y est.

Pas de repos ce soir.