C’est avec un grand plaisir que nous retrouvons en ce début d’année Kitty, Daisy & Lewis, groupe évoluant entre blues- rock, swing et soul, affichant clairement son goût pour le vintage et la musique rock des années 1950. Le 26 Janvier dernier, les trois frères et sœurs Durham ont sorti leur troisième album studio, sobrement intitulé The Third. Retour sur cet opus enregistré sans aucun ordinateur, sous l’œil bienveillant de Mick Jones.

On avait laissé le groupe en 2011 avec son très réussi Smoking In Heaven, aux influences nombreuses (folk, blues, country, rockabilly, soul) qui avait attiré un public dithyrambique. Kitty, Daisy & Lewis sont tous les trois multi-instrumentistes, passant de la guitare au piano ou de la batterie à la basse entre deux tracks.

Ils se sont fait connaître en jouant du rockabilly années 1950, mais des parties de cordes les emmènent vers la soul sur ce disque. Leur technique d’enregistrement à l’ancienne donne l’impression que le groupe joue dans son salon.

A noter que les sections de cuivres sont impeccables. La trompette est tenue par le Jamaïcain Eddie Thornton, dit Tan Tan, grand trompettiste de jazz qui a aussi joué pour les Beatles, Bob Marley ou Boney M. A 80 ans passés, Eddie Thornton figure sur les disques de ces trois mômes depuis leur premier album en 2008.

 “C’est un album plutôt studio, je pense, notamment parce qu’il a été produit par Mick Jones, les deux premiers albums étaient plus du style, allez mettez des micros et jouez, cette fois celui-ci est fait de manière plus moderne si vous préférez, cette fois, ce fut une autre paire de manches”. Lewis Durham, chanteur et musicien du groupe.

Comme dit précédemment, c’est Mick Jones, guitariste du groupe The Clash qui a produit l’album. Et Il a respecté la contrainte imposée par les trois mômes : pas d’ordinateur dans le studio ; tout est enregistré sur bande analogique.

Qu’en est-il donc de la qualité de cet album ? Voici des éléments de réponse avec quelques tracks de cet album passées en revue par mon oreille fine.

L’album débute sur une chanson annonciatrice de la suite de l’opus. Whenever you See Me sonne assez bien, avec une structure simple mais efficace mêlée à la puissance vocale de Daisy. Un condensé d’énergie pure, voire brutale, où l’apparition des cuivres en cours de piste préfigure le reste de l’album.

Vient ensuite le premier single, ou hit, Baby Bye Bye, qui ouvre sur une section de piano blues à la mode saloon, et qui laisse place à la voix mélancolique de Lewis. Les voix de ses sœurs et l’ajout de cordes participent à l’effet d’une  ballade langoureuse, un peu comme si le fait de siroter un jus de mangue nous permettait de se remémorer sa vie. Le clip, sorti il y a quelques mois, traite de la mort d’un être cher, mais tourné en dérision. Ce qui soulage la vidéo d’une dimension glauque et morbide, certes présente mais discrète.

On enchaîne avec Feeling Of Wonder,  qui se rapproche plus du précédent album, avec là aussi des cordes, et des sections rythmiques maîtrisées (on sent la patte de Mick Jones), et le petit solo de gratte de Lewis, là encore caractéristique de la construction type de leurs chansons.

Bref, on ne va pas vous déballer ici l’intégralité de l’album, mais simplement vous mettre l’eau à la bouche, vous l’aurez compris. Cependant, on ne peut oublier No Action, véritable chant contestataire qui traite des performances sexuelles des mecs au lit et de l’ennui mortel qu’éprouve Kitty, la cadette.

Autrement, Good Looking Woman, teintée de swing vous donnera l’envie de se déhancher, quand It Ain’t Your Business, sonne plus country-blues avec la présence de l’harmonica.

Au final, un troisième album dense pour les Durham. Certes, les britanniques n’ont rien inventé sur cet opus mais la propreté et la qualité sonore comble parfaitement ce manque de création.

C’est clair, net et précis, le trio formé des frères et sœurs Durham revient pour balancer du blues vintage à tout va et ce n’est pas plus mal, en ces temps marqués par la noirceur environnante, de retrouver la joie par la musique. CQFD.

Rédigé par

Jean Grangeon

Pôle programmation // Smooth Vibes // Matinale // Pôle Partenariat à Vinyl On Mars