Ici vous est présenté de façon brève un article parlant de quelques genres musicaux aux origines noires-américaines. Des styles nés d’une profonde douleur de toute une communauté qui a subi l’horreur durant des siècles et encore aujourd’hui. Il est temps que cela cesse et pour cela, chacun doit agir. Quelle que soit ta couleur de peau, ton origine, tes croyances et ton histoire. Nous sommes tous concernés pour mettre fin à l’oppression.

Blues / Jazz

En pleine ségrégation raciale aux Etats-Unis vient l’essor du Blues à la fin du 19e siècle dans les champs de coton du Mississippi. Un style musical influencé par des musiques africaines ou encore asiatiques, le Blues vient de l’expression to be blue qui se traduit par « broyer du noir » et qui permet à toute une communauté opprimée d’exprimer sa mélancholie, sa tristesse, son humiliation. C’est dans les années 1920 que naissent les Race Records pour bien différencier la musique noire de la musique blanche. Alors commence l’enregistrement de la musique noire, qui doit rester uniquement diffuser et entendue par la communauté noire. Pas de droits d’auteur, pas d’usage de son propre nom, pas de performances sur scènes et en club. C’est alors que Mamie Smith, premier visage de la musique noire apparaissait sur des affiches publicitaires, venant révolutionner la musique noire avec Crazy Blues le 14 février 1920. Ses deux premiers singles ont du succès auprès du public blanc, vendant plus de 100 000 exemplaires. Le style migre à Memphis et Chicago, se diversifiant, s’exportant en Europe et voyant naître de nouveaux genres (rhythm and blues…).

Vers 1890 né le jazz à la Nouvelle-Orléans, un dérivé du blues qui se veut joyeux et festif, aux sonorités africaines il s’exporte vite vers Chicago puis le reste des USA et l’Europe. On remarque une nouvelle ère où on laisse libre cours à sa créativité, le corps, l’âme et l’esprit sont en symbiose. Un style en parfait accord avec l’arrivée des années folles. Plusieurs genres de jazz vont apparaitre par la suite (jazz manouche, be-bop, calypso, classique…).

Le blues et le jazz font partie des prémices de la musique noire, avec des légendes telles que Muddy Waters, Nina Simone, Miles Davis, John Coltrane et bien d’autres aussi importantes…qui ont été repris un nombre incalculable de fois et donnant au fil du temps place à de nouveaux genres qui ont révolutionné le secteur musical comme la soul et les autres styles que je vais vous présenter par la suite.

House music

La house music est un courant musical né fin des années 1970s et début 1980s à Chicago diffusé dans le nightclub Warehouse (d’où le mouvement tient son nom). Frankie Knuckles, Larry Levan, Kraftwerk, djs, musiciens pionniers d’un mouvement underground, progressiste pacifiste prônant la libération et l’expression de soi, recueillant les minorités afro-américaines, hispaniques et gays où le jugement et la différenciation n’ont pas leur place. Une musique noire mélangeant à ses débuts funk et disco dont naîtra le sampling, puis vint le début des années 1980s et la naissance d’un matériel incontournable dans l’univers electro tel que la Roland TB-303 (techno, acid-house), la Roland TR-707 et la Roland TR-808. Aux inspirations new wave, disco, voguing… le début d’une nouvelle ère. Faire danser la foule jusqu’à l’aube sur des rythmes effrénés. Se défouler, laisser libre court à l’expression corporelle, quelle qu’elle soit pour oublier le temps d’une nuit ses problèmes quotidiens et s’évader. La house s’exportera très vite en Europe principalement où de grands noms et de grandes scènes naitront dans les capitales européennes et laissant naître des sous-genres (techno, acid, deep, trance…).

Franckie Knuckles – Your love

Hip-Hop/Rap

C’est en 1967 à New York que le dj jamaïcain DJ Kool Herc va implanter les débuts d’un des mouvements les plus populaires actuellement ; le rap. Adoptant au fur et à mesure des techniques Dj consistant à jouer deux disques à la fois, passant d’une platine à l’autre, répétant des passages de morceau aux inspirations funk, rock, soul et à la soca, il s’agit alors des prémices du scratch sur lesquels viennent s’ajouter quelques personnes au micro, les évènements tels que les Block parties commencent à se propager dans les rues du Bron des années 1970, rassemblant les minorités noires-américaines, latino, italiennes du quartier alors que la lutte contre l’intolérance des noires, le mouvement Black Panthers, au lendemain de la fin de la ségrégation raciale aux Etats-Unis fait rage. De là naît un nouveau mouvement où, en plus de la musique, se développe une nouvelle forme de danse, de street art : ce phénomène est le Hip-Hop. Des grands noms comme Grandmaster Flash et Afrika Bambaataa viendront perfectionner les débuts du Hip-hop, diffusant et propulsant ce mouvement dans le but de rassembler une communauté démunie et désespérée pour lui apporter un peu d’espoir et de sérénité. De la naissance de la Zulu Nation, qui arrive jusqu’en France, prônant la paix dans les quartiers du Bronx et anti-gang mais qui tend à s’épuiser à l’arrivée des années 1980s, la violence revient en force et une dénonciation, un engagement lyrique émergent de plus en plus dans le rap.

 En France, la culture Hip-Hop se popularise et se médiatise, la naissance de l’émission Hip-Hop avec le premier présentateur noir de la télé est un grand pas vers le progrès et la tolérance. Fin 1980s début 1990s un rap moins festif et plus grave se répand ainsi que l’essor du gangsta rap se propage dans le monde entier de Public Enemy, Wu-Tang, NWA passant par Notorious Big et Tupac où egotrip, violences et rivalité West et East Cost aux USA et en France Assassin, NTM ou encore Ministère AMER sont revendicateurs cohabitant avec un rap moins hardcore, moins lourd avec Doc Gynéco, Mc Solaar et bien d’autres durant cette période. Le rap est encore aujourd’hui une musique dominée par la communauté noire suivie par les autres communautés minoritaires et de quartiers. Aujourd’hui le style musical le plus populaire, le rap évolue et se diversifie, faisant intervenir les styles musicaux d’hier et d’aujourd’hui et laissant une plus grande place à la trap, très commercialisée.

Afrobeat

Que tu sois en bar, en boîte (dans un passé lointain) ou derrière ton écran, t’es sans cesse exposer à cette vision, peu plaisante soit-elle, d’une personne essayant de faire son meilleur twerk pour faire comme dans le clip des artistes les plus populaires ou pour percer sur TikTok. Ouais t’es cramé mec ! et il est peu probable que ce soit sur du rock, du classique ou de la techno que tu vois ça mais plutôt sur un bon afrobeat.

 Né de la fusion de plusieurs styles musicaux tels que la soul, le highlife ghanéen et la funk, le terme Afrobeat prend forme grâce au nigérian Fela Kuti dans les années 1970 qui a su l’exporter et le populariser tout d’abord aux US. Un mouvement musical qui prône l’indépendance du continent africain et un retour aux valeurs africaines, contestant également l’oppression afro-américaine. Ce style musical africain apporte des beats entrainants, inédits, exotiques, rappelant chaleur et sensualité. Le mouvement c’est assez vite exporté en Europe, au Japon… prenant de plus en plus d’ampleur au 21e siècle, très présent dans le RnB et se popularisant encore plus ces dernières années notamment avec le titre One Dance de Drake et Wizkid en 2016. On voit monter également dans les charts l’afrotrap, dans qui s’est imposé dans un univers assez rap, comme avec MHD en France et des danses comme le Shaku Shaku (tout droit venu du Nigéria) rendu célèbre par les rappeurs actuels ou encore certains footballeurs. L’afrobeat devient quasi omniprésent aujourd’hui et fait monter dans les charts des artistes comme Burna Boy que vous avez sûrement entendu en boucle l’été dernier en feat avec Jorja Smith ou encore Davido.

Pour aller plus loin, voici quelques titres de films & séries à voir sur le sujet…

  • GREEN BOOK sur les routes du sud, P. Farrelly, 2018
  • The Get Down (Netfli), 2016
  • Detroit Techno – The Creation of Techno Music, UNITED FOR TECHNO (youtube), 2013
  • What happened Miss Simone, L.Garbus, 2015
  • Miles Davis: Birth of the Cool, Stanley Nelson Jr., 2019
  • Black Music: des chaînes de fer et au chaînes en or, M-A. Vecchione, 2008
  • Finding Fela !, A. Gibney, 2016