Sur nos radios françaises, il ne jouit pas de la notoriété dont il mérite, et à l’heure où le rap francophone se renouvelle, les amateurs de hip-hop autour de moi méconnaissent le rap hispanophone, bloquant souvent sur la syllabique de la langue espagnole, qui donne généralement l’impression que le rappeur débite sans que l’on puisse y comprendre grand chose. Et pourtant, dans l’ombre de ses cousins francophones et anglophones, le rap hispanophone produit un nombre impressionnant de contenus et cache bien des pépites. On vous propose de découvrir cet univers dans une sélection subjective d’artistes qui vous permettront au mieux de l’apprécier.

Je vous ai donc concocté une playlist mêlant classiques et émergents dans le monde du rap hispanophone, mettant en avant des nationalités méconnues dans le domaine du rap. Ainsi, du Chili à la Colombie, en passant par la capitale espagnole, il est temps de vous ambiancer sur des flows variés et extrêmement différents, inspirés de toutes époques et issus de nombreux univers.

Mon top s’ouvre sur un morceau du rappeur chillien Nfx, aux teintes bien old-school : « KidFlava » manie parfaitement le verbe espagnol, qu’il étoffe de bons gros samples de rap US, dont il semble avoir puisé et capté l’ensemble des codes dans sa variante des 90’s. Son projet Kid Flava Classic est en téléchargement libre ici.

Direction le Vénézuéla pour découvrir les rappeurs Apache, Neutro Shorty puis Lil Supa. Tous les trois originaires de Caracas, de barrios différents, ils présentent bien peu de similitudes et incarnent parfaitement les diversités offertes par la langue espagnole.

Je vous invite à écouter l’album Ahora o Nunca d’un Apache très engagé. Le Mexique, qui compte une importante production de rap, est représenté dans cette playlist par Kinto Sol, grande figure du rap chicano, variante de  gangsta rap, puisant ses influences sur la West Coast et dans la culture mexicaine, apparu en 1990 avec Kid Frost et son album Hispanic Causing Panic

Je vous propose ensuite d’écouter Qué décís, superbe collaboration entre le groupe chilien Los Raja Tabla et le rappeur colombien (Medellín) Fly So high. Quand tradition et lyrisme se rencontrent dans le rap, cela a toujours un effet surprenant, une puissance musicale à vous étourdir. On écoute ça bouche-bée.  Restons en Colombie avec le Crew Peligroso, dont la musique a eu un echo fort en France, avec sa participation aux festival des Vieilles Charrues en 2014.

Engagée, leur musique leur permet d’exprimer et de dénoncer les injustices qu’ils observent au quotidien, leurs textes pointant par exemple les dérives de leur gouvernement, la vente aux Etats-Unis de terres paysannes colombiennes aux Etats-Unis, ou encore la non-reconnaissance des peuples autochtones.

On décolle maintenant pour Madrid, qui regorge de talents rapophoniques dont les renommées ne semble jamais passer le cap des Pyrénées. Du flow dégénéré de LocoPlaya dans QUE DICE LA JUVENTUD ? au flow vaporeux de Dano et Niño Maldito dans Iman 2, on s’offre une parenthèse poétique avec le rappeur madrilène Rafael Lechowski et la nonchalance de Rels B, un genre de JeanJass espagnol.

Passé au tamis, le rap madrilène relève un certain nombre de pépites, impressionnantes de par leurs influences et univers extrêmement variés, sélectionnées soigneusement pour agrémenter cette playlist.