Dimanche dernier, veille d’armistice, le Cabaret Aléatoire recevait les mythiques californiens Dilated Peoples, accompagnés de leur « guest » Brother Ali, dans le cadre de leur tournée européenne. Date exclusive (1er de leurs deux concerts en France) donc pour les amateurs pointilleux – ou non – de hip-hop et rap underground à l’état brut.

dilated brother ali

Formés en 1992, les Dilated Peoples ont toujours été partisans d’un rap conscient et réfléchi, loin des excès du gansta rap lourdaud west coast qui sévissait durant cette période. C’est donc toujours empreints d’humilité que les Dilated Peoples a.k.a. Evidence, Rakaa et Dj Babu ont dessiné leur carrière. Moins tapageurs et bling-bling  que leurs congénères californiens de l’époque, ils ont su tracer une voie moins ensoleillée qui leur est propre, rejoignant naturellement des artistes comme Dj Premier, The Roots, Talib Kweli ou encore Gang Starr.

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La soirée a débuté avec en première partie Perso & Just Music Beats, des artistes marseillais ayant sorti leur album Sous-entendu cet été. Pour être honnêtes le temps nous a manqué et nous n’avons pu arriver à temps pour voir  à l’oeuvre ces adeptes du beatmaking.

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Brother Ali, Minnesota style

C’est dans un Cabaret Aléatoire plein aux deux tiers que nous pénétrons en espérant être à l’heure pour le début du concert de Brother Ali prévu à 22h15. Fond sonore des Fun Lovin’ Criminals, personne sur scène, nous sommes rassurés. 22h20. Brother Ali surgit de derrière la scène avec son Dj.

brother ali

 

Les premiers beats retentissent et le rappeur albinos du Minnesota vêtu pour l’occasion d’une splendide veste bleu turquoise commence à droper ses lyrics. Dans son style si particulier, Brother Ali enchaîne les sons qui ne sont finalement que le récit de sa vie : de l’enterrement de sa grand-mère où il dit à sa mère « What would I like to become some day ? A fucking MC mom ! », au jour où il décida d’arrêter l’école,  jusqu’à son inévitable Uncle Sam Goddam.
Il entrecoupe les morceaux de son nouvel EP (Left In The Deck) d’anecdotes assez burlesques, comme quoi il aime la France parce que nous n’avons pas été un pays d’esclavagistes comme les Etats-Unis… difficile à saisir quand on nous a rabâché à l’école l’histoire du commerce triangulaire…
C’est donc après une heure de « party » et non de « show » (une party inclut le public alors qu’un show concerne uniquement l’artiste selon lui) qu’Ali se retire.

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Dilated Peoples back again

Même après le passage du sympathique Brother Ali la salle comble semble toujours un peu amorphe. Le parterre de la salle ressemble plus à un concours de « qui a la casquette la plus stylée », entre snapback, raiders, yankees, 49ers, kangol le choix était large mais on n’avait qu’une seule envie : les voir osciller suivant les beats puissants de « Dj Babuuuuuu ».
C’est donc sur ces paroles que Rakaa et Evidence montent sur scène suivis de leur fidèle Dj et beatmaker. Le temps défile à une vitesse ahurissante avec un Evidence des grands soirs qui ne semblait pas avoir pris une ride et qui nous avoue qu’il y a parfois des « shitty weeks and other times fucking good weeks like tonight ».

dilated plié

Même si Rakaa n’est pas aussi remuant que lui, il se met au diapason et les deux compères déroulent un concert tonitruant quasiment sans interruptions. Le public scande les paroles de The Platform, Worst Comes The Worst, You Can’t Hide You Can’t Run. Mention spéciale à Back Again qui a littéralement tout dérouillé, You (produit par Primo) de l’album solo d’Evidence Cats & Dogs et au solo de 7 minutes de scratch et turntablism accordé à Dj Babu.
On a à peine entendu le « Goodnight Mawseeeeille » lancé par Evidence avant qu’ils terminent sur deux derniers sons dont This Way. 

evidence lumiere

Petit bémol, après la disparition des Dilated Peoples et avoir applaudi plus de 5 bonnes minutes le public s’attendait à un rappel qui finalement n’a pas eu lieu. Preuve que tout le monde en voulait encore. Nous les premiers.

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Merci au Cabaret pour ce moment partagé avec peut-être un des groupes de rap/hip-hop les plus sous-côtés des USA.

Crédit Photo : Flashback Photographie

Rédigé par

Léopold S.

Former Member