Vendredi dernier, nous étions au Dock Des Suds pour assister au concert de Milk Coffee And Sugar et Gaël Faye organisés à l’occasion du trentième anniversaire de la FSPVA. Une soirée métissée d’exception, récit.

21h30 – À peine rentrée dans la Salle des Sucres, je sais déjà que ce concert ne sera pas comme les autres. La salle est loin d’être comble, mais peu importe, cela rajoute un côté intimiste à la soirée. Sur scène, une jeune femme récite une ode aux couleurs des thèmes abordés dans la journée (tolérance, fraternité, métissage…) sur le riff tranquille et exotique d’un guitariste. Le ton est donné.

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Derrière elle, un groupe de jeunes MCs alignés, tour à tour par petit groupe ou individuellement, viendront chacun à  leur manière, compléter ce poème par leurs rimes affutées. Finalement, ils chanteront tous ensemble sur les derniers accords du morceau. Belle et touchante entrée en matière, un morceau collaboratif  où chaque jeune crew a utilisé sa plume et son style pour mettre en musique les thèmes à l’honneur au cours du week-end. Rideau. Un dj prend le relais et donne le la aux différents crew qui remontent sur scène, tour à tour, pour nous faire découvrir leurs compostions personnelles.

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22h30 – Les musiciens de Milk Coffee And Sugar s’installent, et Sasha Raguet, le multi-instrumentaliste de la soirée entame une introduction avec un joli instrument biscornu venu de loin (dont j’ai malheureusement oublié le nom), le voyage vers l’Afrique peut commencer.

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Gäel Faye et Edgar Sekloka font une entrée fracassante sur scène et après une présentation de chacun des membres du crew et du déroulement la soirée, le franco-rwandais prend les reines et nous entraîne progressivement dans son monde à travers les morceaux de son album Pili Pili Sur Un Croissant Beurre.

En précisant le contexte entourant chaque morceau, Gaël Faye et ses musiciens de talents (big up aux improvisations du claviériste) enchaînent les morceaux de l’opus dont les sonorités africaines alternent avec des instrus plus urbaines, preuve de son métissage. A-France nous rappelle son attachement au Burundi, Pili Pili Sur Un Croissant Beurre racontent métaphoriquement la rencontre de ses parents, Qwerty et Slowoperation nous encouragent à réaliser nos projets nos plus fous même si la société ne nous y poussent pas vraiment.

DSC_0263[blockquote cite= »Qwerty » type= »left, center, right »] »JCD, jeune cadre dynamique compétitif
Consulting Marketing Finance c’est pas vraiment son kif
Mais le voilà motivé pour travailler pendant 10 ans
Épargner assez d’argent puis il sortira du rang
Même s’il échoue par la suite, il aura son assurance
Un diplôme BAC+5 et ses dix années d’expériences
Parce que lui au fond il n’en veut pas de cette vie de bureau
De ce métro boulot dodo juste pour payer ses impôts
Parce que lui depuis tout petit il voulait faire du hors piste
Il avait toujours rêvé de mener la vie d’artiste… »[/blockquote]

S’en suivent des déclarations d’amour avec Ma Femme, un morceau qui laisserait peu de femmes indifférentes mais surtout Fils Du Hip-hop, dans laquelle le MC déclare son amour au rap. La prod. rappelant les classiques des années 90, lancinante et répétitive.

Mais ses textes peuvent aussi être très engagés la preuve avec Métis pour laquelle il explique que toute sa vie on lui a demandé de choisir son camp. La température monte ensuite avec Bouge à Buja sur laquelle quelques chanceux montent sur scène pour dévoiler leurs talents (et atouts) de danseurs. S’en suit un remix « Buja Massilia » scandé à tue-tête par le crew et le public.

DSC_0269Suga et Gaël demande ensuite à deux enfants de monter sur scène pour lancer un défi au MC marseillais qui les a fait venir. Improviser en intégrant les deux prénoms des enfants… Défi réussi. Puis le Charivari prend le contrôle de la salle…

Edgar Sekloka prend le mic et nous fait une démonstration de zouk engagé (oui, oui, découverte du soir) avec Ici et Là Bas a cappella au début puis avec l’aide du public et de tous les musiciens.

L’horloge tourne, et le groupe est prié de couper le son, allez une dernière pour la route… Et ce sera avec le morceau de Milk Coffee And Sugar, Prévu Pas Prévu … pour le coup toute la salle a dansé le calypso.

Poètes de l’errance, du voyage, du métissage et surtout de l’espoir, Gaël Faye et Milk Coffee And Sugar nous ont offert un voyage dépaysant avec leurs flows sans fioritures qui dépeignent une réalité souvent complexe sur des mélodies douces et bariolées.

Rédigé par

Charlotte Boudon

Secrétaire Générale // Rédactrice en chef // Co-Référente Smooth Vibes