Mercredi dernier, Dynam’Hit était présent au Poste à Galène pour le live de Jacco Gardner, la nouvelle sensation de la pop psychédélique. Le jeune hollandais poursuivait sa tournée européenne après être passé quelques jours auparavant au Festival des Inrocks #3 avec d’autres valeurs montantes de la scène pop actuelle, London Grammar et Valerie June.

On retrouvait un public venu découvrir de manière générale l’emprunte musicale de l’artiste mais également quelques personnes déjà amatrices des sonorités savoureuses de l’hollandais.

LE LIVE

On est ainsi arrivé assez tôt pour pouvoir assister à la première partie, avec des locaux : Doc Vinegar et ses Types Artys qui étaient venus pour présenter leur dernier album et jauger l’ambiance.

Puis c’est dans cette salle assez minuscule et une ambiance particulièrement intimiste qu’on accueillait Jacco et sa bande. Alors autant dire qu’on se sentait plutôt privilégié d’être là, puisque ce p’tit gars semble avoir un joli futur devant lui.

Leur formation musicale s’apparente à celle d’un groupe de pop  sixties : une guitare sèche prédominante, une basse accrocheuse, des percussions tout en douceur, et bien entendu les deux claviers qui apportent véritablement une valeur ajoutée. Quant à sa voix, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle s’accorde à peu près parfaitement au genre musical auquel il a choisi de s’adonner, planante et chargée de reverb.

Jacco Gardner, habillé comme à son habitude d’une marinière, de converses et d’un chapeau orné d’un citron très esthétique débute les hostilités par la chanson éponyme de son album Cabinet Of Curiosities, où l’on peut entendre des voix d’enfants en interlude puis le gracieux son de l’orgue, nous faisant directement rentrer dans son univers.

Deux trois chansons plus tard, l’artiste nous fait part de son titre phare, Clear The Air, mélange raffiné de baroque et psychédélisme qui s’imbriquent à la perfection. Le public apprécie sans pour autant être ultra démonstratif, mais ce n’est pas cela que l’on attend de sa musique.

Le jeune musicien, une fois l’auditoire conquis nous présente The End Of Autumn, un nouveau morceau composé cet été lorsqu’il arpentait les festivals avec Allah-Las, un groupe californien plus dans une veine garage psychédélique. Un autre  morceau ensuite, de son album The Moon, plus posé que les chansons précédentes mais en parfaite adéquation avec les passages de film en noir et blanc diffusées sur un rétroprojecteur où l’on peut voir deux femmes se balader, courir dans les champs comme si elles n’avaient jamais grandi.

Après cela, on se dit que le groupe va forcément reprendre de plus belle dans un rythme plus soutenu, et l’on a raison. Un morceau et un pont à la batterie plus tard Jacco et sa bande de potes interprètent Lullaby dernière quiet song du live.

Puis on sent que c’est la fin mais pour terminer en beauté, ils nous offrent un morceau plutôt rock, foncièrement expérimental avec un outro en crescendo aux claviers et des percussions juste magistrales, nous prouvant encore une fois que ce gars-là a du chemin devant lui.

Le groupe remercie le public, puis s’en va nous laissant rêveurs en terminant sur un rappel de deux superbes chansons dont seul Jacco en a le secret.

En bref, Jacco  et sa bande nous ont livré une prestation taillée pour la salle, intimiste et renversante même s’il est vrai que son live fut un peu court et biaisé par quelques problèmes techniques.

Voici un lien d’un concert live de Jacco Gardner. A consommer sans modération

L’INTERVIEW

Après le live nous avons réussi à nous entretenir pour notre plus grande joie avec l’artiste hollandais :

C’est la première fois que vous venez à Marseille, et vous avez choisi de vous produire dans une salle relativement petite puisqu’il s’agit du Poste à Galène, une bonne adresse assez méconnue du grand public, qu’en as-tu pensé ?

Oui, je ne connais pas bien Marseille. Je n’ai même pas eu encore l’occasion de la visiter. J’espère pouvoir me balader demain avant de partir en Italie. Pour ce qui est de la salle, ce n’est ni moi ni mon manager qui l’avons choisie. Nous avons fait appel à une agence de booking française qui nous a proposé différentes salles et destinations. Le poste à Galène répondait bien à nos exigences et nous n’en sommes pas déçus. De plus on sent qu’elle donne vraiment une approche intimiste à notre musique et nous avons ressenti que le public aimait ça. Malgré les problèmes techniques durant le concert on a vraiment trouvé ça génial !

Vous étiez passé à la route du rock en Bretagne en Août dernier et vous vous produisiez devant un public plus important (5000 à 6000 personnes). Comment arrivez-vous à vous adapter selon les festivals et les jauges ?

C’est sûr ! Ce n’est jamais vraiment le même concert, mais que la salle soit grande ou au contraire plus intimiste comme c’était le cas aujourd’hui, on a les mêmes exigences. Nous voulons donner le meilleur en délivrant la même énergie aux gens, et ce n’importe où. Tout cet engouement pour notre musique et le monde à chaque fois présent à nos concerts, c’était vraiment inattendu ! Mais ce n’est pas pour autant qu’on change notre approche du live.

Quels artistes vous ont influencés dans votre création musicale ?

Il y en a vraiment pas mal mais je dirais essentiellement des artistes et groupes pop des années 60 tels que Syd Barret, Pink Floyd, les Beach Boys ou encore les Turtles.  Après je citerais d’autres groupes comme les Zombies, Sagittarius et plein de groupes psychédéliques « underground ».

Question d’actu qui vous concerne : on parle aujourd’hui d’un revival du rock psychédélique avec des groupes tels que Tame Impala, Hookworms ou encore Temple, qu’en pensez-vous ?

Je ne sais pas si on peut parler de « revival » mais en tous cas beaucoup d’artistes aujourd’hui se défendent d’appartenir à ce genre musical et nous inspirent par la même occasion. Ces groupes font de la très bonne musique, nous aimons beaucoup ce qu’ils font.

Pour notre part, nous essayons de garder une dimension pop dans ce grand genre qu’est la musique psychédélique. Pour ce qui est d’un retour, je ne pense pas qu’il y en ait véritablement un. Vous savez, les artistes et les genres musicaux viennent et repartent au fil du temps, les artistes arrivent à construire le futur à partir du passé.

Le concert de ce soir avait une forte empreinte rétro, comme l’est d’ailleurs votre musique. Néanmoins malgré le retour à la mode du vintage, vous arrivez tout de même à proposer une performance tout à fait différente, d’où vient cette inspiration?

Je ne sais pas d’où ça vient. Mon père était un créateur, peut être que cela joue. Il est difficile de mettre des mots sur ce que nous faisons ou de juger soi-même ce que nous vivons. C’est comme demander à un peintre pourquoi peint-il et que cherche-t-il à représenter (rires)

Rédigé par

Corentin Le Denmat

Responsable pôle partenariats // Pôle programmation à Vinyl On Mars // Référent de la Matinale / Co-référent de la Rock Pulse