C’était LE rendez-vous pour tous les fans de rock indépendant. Cette année encore, la route du rock a su tenir ses promesses : la programmation, aussi pointue que singulière, a ravi les 36 500 festivaliers de cette 27ème édition. Ouais ouais je sais, on a entendu parler des tas de fumiers déversés devant l’entrée du festival et tout le tralala. Mais ne vous-y trompez pas,  la Route du Rock a plus d’un tour dans son sac.

Anna Furjot a joué les reportrices pour Dynam’hit, revivez trois jours intense de rock !


Vendredi

 

La veille déjà, les festivaliers avaient eu droit à un avant goût de cette édition plus que prometteuse à la Nouvelle Vague, avec les concerts d’Allah Las, Andy Shauf ou encore Alex Cameron. Mais c’est bien vendredi soir qu’ont débuté les hostilités, avec une première partie de soirée marquée par les concerts de Froth, nouvelle sensation shoegaze californienne, ou encore Foxygen, le duo de rock psyché on ne peut plus baroque et excentrique. Bref, de quoi régaler les premiers festivaliers arrivés sur place, ou faire patienter les fans les plus fidèles de PJ Harvey, tête d’affiche de cette première soirée.

C’est justement, sous un ciel dégagé et dans un climat effervescent , que Polly Jean Harvey alias PJ Harvey a ouvert le bal de cette deuxième partie de soirée.

Armée d’un saxophone et entourée de sa fanfare, difficile de passer à côté du show. C’est dans  une ambiance plutôt mystique et sombre que se côtoient balades et mélodies plus rythmées, parmi lesquelles Community of Hope.

Changement de registre imminent, puisque la soirée se poursuit avec Idles, groupe de punk venu tout droit de Bristol. Les cinq garçons nous ont donc présentés leur premier album, Brutalism. On a aussi eu droit à quelques pogos endiablés, punk oblige.

La fin de la soirée a été marquée par la prestation des Ohh Sees ( ou The Oh Sees, ou encore OCS, ou encore Thee Oh Sees bref tu vois de qui j’parle  ) , orchestrée par un John Dwyer  surexcité, impressionnant, bref complètement taré.

Impossible de ne pas taper du pied avec ce genre de performance, même les festivaliers coincés dans la queue du cashless n’ont pas résisté : les deux batteries aux rythmes explosifs et le talent des mecs y sont surement pour beaucoup. Puis en plus, sa guitare est transparente, est ça c’est vachement cool. ( C’était mon coup de cœur de la soirée, je sais pas si ça se voit ? Oui…non ? hihi ) Bref, un sacré coup de pied au c*l.

C’est sur cette claque qu’a sonné le clap de la fin pour le rock et que l’électronique a fait son entrée au sein du Fort saint Père.

Le bal s’est donc ouvert avec l’étoile montante de l’acid techno Helena Hauff, productrice Hambourgeoise aux sets plutôt sombres et aux influences diverses ( new wave, ebm ) qui a permis aux festivaliers de se défouler avant de partir passer leur première nuit dans leur hôtel (  tente ) 4 étoiles.

Les derniers festivaliers qui ont tenu jusqu’à 03h45 auront même assisté au dernier concert de la journée :  Dj Shadow, le sorcier du hip hop experimental.


Samedi

 

On attaque la deuxième journée avec le concert des Cold Pumas, un des meilleurs concerts de cette édition ( Dans mon top 5 en tout cas héhé ) . Entre post punk et noise, le groupe venu tout droit de Brighton nous emmène dans un univers assez sombre et mélodieux, avec comme héritage Joy Division (Ian Curtis est tu là ?  ) ou encore Sonic Youth. Ajoutez y une pointe de fuzz et une batterie hypnotique et c’est comme si vous y étiez. Notons  que le batteur Dan Reeves est également… le chanteur du groupe. Et ouais, rien  que ça. La priorité a  donc été donnée   à leur dernier album, the Hanging Valley, dont la batterie et le rythme saccadé s’apparentent à Traams .

Leur blaze leur colle donc à la peau ( les félins froids ), mais sur scène, c’est une tout autre histoire.  De quoi réveiller les festivaliers du camping encore endormis et commencer la soirée en beauté, donc.

C’est le concert à peine terminé et les tympans encore tout émoustillés que je me dirige vers le quartet de Brooklyn Parquet Courts. C’est aussi avec un peu de réserve que je me place car disons le franchement, je ne les attends pas au tournant. Finalement, on se laisse porter par l’énergie explosive du groupe, qui nous livre un show frénétique  et  nous présente leur dernier album paru sur le fameux label Rough Trade l’année dernière, Human Performances. Plusieurs festivaliers déchaînés se laissent porter par la foule et de nombreux pogos s’organisent , comme sur Stoned and Starving. L’esprit punk était donc présent, par certains côtés, même si le groupe semble s’être détaché de ce mouvement au fil des années et de leur discographie.

Je m’éloigne ensuite du public pour rejoindre les Future Islands en conf’ de presse ( Du coup j’ai loupé Arab Strap mais ça valait le coup croyez – moi ).

C’est dans une salle de conf à moitié pleine que déboulent Gerrit ( synthé ) , William ( basse ) et Samuel, le chanteur. Les trois potes originaires de Baltimore nous parlent de leur succès tardif ( qui a surtout eu lieu après Singles, leur album sorti en 2014), de leur live chez David Letterman –qui les a fait connaître – de leur maturité musicale ou encore de l’environnement de Baltimore, qui a exercé une forte influence sur leur musique. En effet, c’est à la fin des années 2000 que le groupe s’installe dans le Maryland et découvre une ville violente, rude et au lourd passé historique

 ( notamment marqué par la ségrégation raciale , rappelons nous des émeutes de 2015) : ce microcosme leur a ouvert les yeux et les a fortement impactés.

Pour finir, Sam s’est longuement livré sur les influences du groupe en insistant sur le fait que sa musique était la résultante de deux éléments marquants de sa vie : d’une part le vol d’un recueil de poésie lorsqu’il était ado, et d’autre part de la découverte du hip hop ( De la Soul pour ne citer qu’eux ) par le biais de son grand frère. En gros, la démarche du groupe est simple : rester authentique, en combinant ce coté romantique avec des influences hip hop.

Temples était le prochain groupe à passer et le moins que l’on puisse dire est que leur pop dansante a rafraîchi l’atmosphère. Les jeunes anglais ont repris quelques tubes de leur premier album ‘Sun Structures’, tel que l’hymne très psyché Shelter Song, mais c’est surtout sur leur deuxième album ‘ Volcano’ , sorti en mars dernier qu’ils  se sont concentrés. C’est d‘ailleurs sur Open Air, 8eme piste de cet album aux sonorités Tame Impalesque  que leur set s’est terminé. Une bonne surprise sur le moment, mais qui a vite laissé place à l’excitation : le prochain groupe à passer n’étant ni plus ni moins que le mastodonte écossais The  Jesus and Mary Chain.

Après avoir croisé environ 3 millions de personnes portant un T shirt Psychocandy ou April Skies, pas la peine d’être Einstein pour comprendre que le groupe était ZEU tête d’affiche de la soirée. D’ailleurs, le public du concert ratisse large en terme de générations : on y croise les premiers fans ( qui ont maintenant la cinquantaine ), mais aussi la dernière génération avec des p’tits jeunes de 20 piges, preuve que la noise pop des frères Reid figure parmi les références du rock actuel.

Le concert bat son plein et tous les tubes y passent : Just Like Honey , April Skies, I can’t find the Time for times, ou encore Head On ( une de mes pref si tu voulais savoir )

Sans surprise, le public est ravi. C’est Jesus and Mary Chain en même temps…. On aura même eu droit  à la version live du dernier album sorti en mars dernier, Damage and Joy. ( Qui d’ailleurs est très loin d’être le meilleur )

Leur rock un peu vieillot et complètement assumé aura ravi leurs plus gros fans, mais comme vous le savez, difficile de satisfaire 100% du public : certains déçus ont eu du mal à se laisser  transporter.

En ce qui concerne le concert suivant, alors là franchement j’aurai dû claquer  tout ce que j’avais sur mon cashless pour avoir de quoi tenir au concert des Black Lips.

Je vous dresse le décor : un drap blanc où figure en lettres noires très maladroitement dessinées le nom du groupe au fond de la scène, une foule agitée et un espèce de son inaudible font que : oui, c’est le bordel, ça fait punk et c’est cool, mais n’empêche que ça ne marche pas. Bon ok, c’est marrant quand même, j’ai même vu des rouleaux de pq voler (on voit pas ça tous les jours, si ?) , mais perso, j’ai pas réussi à rentrer dedans une seule seconde. Voilà voilà, et oui, ça peut arriver.

Une forte déception pour cette prestation, donc. Mais c’était pour mieux rebondir sur celle qui m’attendait : celle des Future Islands.

Après avoir connu un Samuel T. Herring des plus calmes trois heures auparavant en conf’ de presse, c’est un leader surexcité et bondissant qui monte sur la scène du Fort. Il commence le concert en nous racontant qu’il est venu en jet privé le jour même, stylé nan ?

L’énergie du show est contagieuse et il suffit de tourner la tête pour comprendre que –presque tout le monde est emballé. C’est avec brio que le trio nous a joué ses plus gros sons : Ran tiré de The Far Field en ouverture du concert, en passant par Through the Roses (#1 pour moi) ou encore A dream of you and me. Bref, c’était super chouette.

La soirée du samedi se termine donc en beauté devant Soulwax,  le duo électronique des frères Dewaele connu pour NY excuse, another excuse, ou encore leur remix de ‘ Let it happen ‘ de Tame Impala. Un show monstrueux avec un petit clin d’oeil à Kraftwerk, on notera même la présence de 3 batteries sur scène.Oui oui, trois.

La soirée se termine les zétoiles plein les yeux.


Dimanche

 

La 3ème et dernière journée débute sous un soleil de plomb. J’en profite pour bouger à Saint Malo et découvrir cette ville au charme fou… Par quoi commencer ? Ses remparts ? Ses petites ruelles pavées ? Ses nombreuses plages ? Franchement, j’ai rarement vu une ville aussi belle. D’ailleurs, je commence à mettre de coté depuis dimanche, dans l’espoir de m’acheter un jour un p’tit château à Saint Malo. Et de passer mes journées à y manger des kouign amann. Et à boire du cidre. Bref , je suis totalement fan de la Bretagne, comme vous pouvez le voir.

Bref, après s’être pété le bide à la galette 100% bzh, direction la plage Bon Secours pour un des meilleurs concerts du week end : J’annonce Petit Fantôme.

Le cadre enchanteur invite à la détente et le groupe ne paie pas de mine : les 4 gaillards à l’allure plus que cool te mettent vite à l’aise. Le leader – et chanteur – Pierre Loustaunau (clavieriste au sein du groupe François and the Atlas mountains)   arbore un look  de scout qui ne passe pas inaperçu.

Le concert débute et c’est un pur délice. Les chansons s’enchaînent, tout comme les blagues potaches  du groupe : le guitariste  n’hésite pas à sauter de la scène pour rejoindre le public dans le sable, toujours accompagné de son instrument. L’atmosphère est détendue, le cadre est superbe, la musique est excellente, bref, Le petit fantôme figure parmi mes coups de cœur de ce week end. Les sonorités pop, psyché ( même shoegaze ) et éléctronica  se fondent dans la voix enfantine de Pierre, ce qui en fait un ensemble hybride étonnant, voire déconcertant. Petit coup de cœur pour les chansons Libérations terribles et Couvre moi.

Vient ensuite le moment de quitter la cité Corsaire pour retrouver le Fort Saint père. J’arrive à temps pour profiter des 10 dernières minutes du concert de The Proper Ornaments, binouze à la main. Entre nous, j’attendais pas grand chose de ce concert et j’y suis allé en traînant des pieds…Grave erreur. Les guitares psyché entraînantes me font me rapprocher de la scène et profiter de ce spectacle, ravie. Pas étonnant quand on regarde la composition du groupe : le quatuor Londonien  comprend dans ses rangs James Hoare ( Veronica Falls ) ou encore Max Oscarnold ( Toy ).

Pour l’instant, c’est un sans faute en ce début de soirée.

Celle ci se poursuit avec Angel Olsen, qui nous a offert un  des concerts les plus doux et justes du week-end. Sa voix à la Cat Power et sa prestation sont parfaites, on se laisse donc entraîner avec  plaisir dans ses balades folk/rock écorchées vives.  L’artiste, qui s’est dernièrement renouvelée au travers de son  album Burn Your Fire For No Witness ( 2014 ) et My Woman, nous a proposé un joli moment de mélancolie et de délicatesse.

J’ai décidé de faire l’impasse sur le concert de Yak pour faire un tour au stand Merchandising et faire mes petites courses comme la mémé de ton bled un dimanche matin. C’est donc avec mon sac rempli de vinyles de Slowdive Hoops et Diiv ( J’ai vendu un organe pour pouvoir me payer ça mais c’est pas grave, on peut vivre avec un rein en moins ) que je débarque au concert du petit bijou de Captured Tracks, alias Mac Demarco.

Le mec arrive sur scène clope au bec et balance 2/3 conneries à la foule qui l’acclame. Un inconnu lui a même balancé un épi de maïs sur scène, que Mac n’a pas hésité à goûter : ‘  Pas si mal ‘ a-t’il lancé, avant de reprendre les sons de son dernier album This Old Dog, paru en mai dernier.

Entre deux gorgées de rosé ( Ou de grenadine… mais ça m’étonnerait ), on a même eu le droit à une reprise façon Mac Demarco de la chanson ‘ A Thousand Miles ‘ de Vanessa Carlton… Le mec fait son show et a même installé une petite table tranquillou au fond de la scène pour ses potes, trop sympa.

Ma chanson pref du live a été Ode to Viceroy, la déclaration d’amour de Mac à sa marque de clope chérie. A part ça, la déception a été de mise. Bref, Mac Demarco,  c’est rigolo et chouette en live mais ça casse pas 3 pattes à un canard. Je dis bien en live uniquement, hein. Par contre  j’aimerais un jour lui coincer une clope entre ses deux dents de devant, là.

Une fois le concert terminé, direction la scène du Fort pour le concert d’une des têtes d’affiches du festival : les new yorkais d’Interpol.

Le groupe, dont les premiers Eps ont exhumé la new wave la plus sombre, étaient déjà venus à la route du rock en 2001 et en 2002, marquant les esprits de l’époque.

Cette année, le quatuor revient  donc sur la terre malouine nous jouer son premier album et meilleur album, sorti en 2002 :  Turn on the Bright Lights.

Les mecs arrivent en costards, super classes et font le boulot. Les lumières vertes néon ou rouges participent à cette atmosphère froide et vive.

Rien à dire sur le concert, la qualité du son est top et les chansons sont maîtrisées à la perfection…  Je crois d’ailleurs ne pas avoir été la seule à avoir lâché une larme devant le concert, perso c’était devant Untitled

Tout y est donc passé : de la piste d’ouverture de l’album ( Untitled justement ), à Obstacle 2, en passant par The New  ( la guitare à la fin est juste dingue dingue dingue ) ou encore Leif Erikson.

Le côté intimiste, mélancolique  des chansons, mais aussi la voix lourde et monotone du chanteur Paul Banks ( Certains le comparent à Ian Curtis… C’est d’ailleurs la seule ressemblance existante avec Joy Division ), tout  était beau : de quoi plonger le public dans une bulle, dont personne n’avait plus envie de sortir.

Le retour à la réalité de la vie a été certes douloureux, mais facilité par le concert suivant, celui du californien Ty Segall.

Le Monsieur était déjà venu à la route du Rock en 2015, au sein d’un de ces multiples projets parallèles, Fuzz. Cette fois ci, c’est sous son propre nom que Ty Segall est venu nous jouer son dernier disque ‘ Ty Segall ‘  sorti en janvier dernier. Oui, et il faut aussi savoir que le mec a sorti, en l’espace de 6 mois, un album, un ep ‘ Sentimental Goblin’, et  un long format de 6 titres, ‘ fried shallots ‘, paru en juillet dernier.

Le mec est donc un hyperactif, et perso, ça me dérange pas du tout, au contraire. Les solos de guitares endiablés de Candy Sam ou encore Caeser ont remué la foule …  qui a peut être oublié que c’était le dernier concert rock de ce week-end….

Après cet ouragan, c’est  le set techno des italiens  Tale of Us qui a clôturé cette superbe 27 ème édition de la Route du Rock.

Alors voilà, j’espère que ce petit live report de la route du rock vous aura plu.

Mon top 7 des concerts de ce week end :

1.Interpol

2.The Oh Sees

3.Petit Fantôme

4.Future Islands

5.Cold Pumas

6.Ty Segall

7.Jesus and Mary Chain

Allez hop, on se dit à l’année prochaine, et encore merci aux organisateurs et aux bénévoles pour nous avoir organisé  un si bon cru de la Route du Rock.

By Anna Furjot