J’ai eu la chance d’aller à 4 des soirées du festival Jazz des 5 continents. Mais c’est bien celle avec Wayne Shorter et AGS qui m’a le plus marqué.
Avant de se lancer dans les concerts, il faut dire un petit mot sur la cadre vraiment sympathique du festival situé dans le parc Longchamp. On s’assoit dans le parc sur l’herbe (ou ce qu’il en restait) pour assister aux concerts. Si vous êtes bien organisé, vous pouvez même venir avec votre pique-nique.

La soirée débuta avec ACS, la première partie. ACS est l’acronyme pour Esperanza Spalding, Geri Allen & Terri Lyne Carrington, 3 talentueuses jazzwomen. Au-delà de toute considérations machistes, cela faisait du bien de voir un groupe uniquement féminin sur scène. Cela ne change rien à la musique qu’elle produisait mais cela fait plaisir.

ACS

Je ne suis pas assez connaisseur en Jazz pour vous décrire précisément quel genre de Jazz nous a joué ce groupe, donc je ne m’y risquerai pas. J’ai trouvé leur musique était très complexe. La structure était progressive et irrégulière. Ce qui m’a frappé, c’est leur capacité à jouer ensemble dans le plus pur sens du terme. Chaque mouvement était accompagné par les 3 musiciens. Presque pendant tout le set, aucun artiste ne se détachait du mouvement musical. Leur musique était donc très intéressante et entrainante, même si l’enchainement des rythmes et des sons étaient parfois difficile à suivre, pour ma part. J’ai tout de même bien apprécié cette première partie mais ce n’est rien comparé à la claque que j’allais recevoir sans le savoir.

Wayne Shorter est l’affiche de cette soirée. Cette légende, en tournée pour ses 80 ans, nous a gratifié, pour ma part en tout cas, d’un live d’une extrême qualité. J’ai vraiment été emballé. Avec Ahmad Jamal, Wayne Shorter a été l ‘artiste en live qui m’a le plus impressionné par la profondeur de sa musique. Je ne parle pas forcément l’ambiance du live, mais bien la recherche et la progression de la musique. Les morceaux, ou plutôt des mouvements (le terme convient bien mieux pour l’occasion) duraient 15-20 minutes chacun. Ce qui m’a frappé, c’est la progression des morceaux. J’ai vraiment eu une impression de cohérence et de variétés à la fois. Les variations dans les morceaux étaient au service d’un fil conducteur, d’une ambiance. Pour ce live, Wayne Shorter et ses 3 musiciens, ont construit une ambiance très pesante et sombre, alternant l’emballement et la quiétude avec une belle adresse. Le jeu de Wayne Shorter était très varié. Il pouvait être incisif et lourd, puis doux et contemplatif. Il apportait un énorme relief et donnait l’impression de guider les morceaux. Ses 3 musiciens n’étaient pas en reste. Le batteur était très présent et accompagnait fort bien Wayne et l’ambiance sonore qu’il distillait. Rentrer dans ce live, c’était un peu comme rentrer dans un autre monde. Lors d’un concert, je n’ai jamais eu autant l’impression de voyager, d’être en dehors.

Wayne-323b3

Seul petit bémol, Wayne Shorter commence à se faire vieux et à partir de la seconde moitié du concert, le saxophoniste a commencé à moins jouer, et à laisser plus de places à ses musiciens, qui s’en sont très très bien sortis.

Cette soirée fut donc bien belle, surtout d’un point de vue strictement musical. Morale de cette histoire : ACS à suivre et Wayne Shorter à réécouter

Rédigé par

Rodolphe

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