« C’est la chaussure qui fait l’homme » disait l’écrivain Ken Bruen. Et ce ne sont pas les rappeurs qui viendront vous dire le contraire, tant ces derniers expriment régulièrement le culte qu’ils vouent à leurs sneakers.

Tandis que certains rappeurs nous servent des punchlines bien senties sur le sujet « I drop jewels, wear jewels, hope to never run it with more kicks than a baby in her mother’s stomach » (Nas, Halftime), d’autres y consacrent des chansons en intégralité.

La plus emblématique d’entre elles reste toujours « My Adidas » de Run-DMC sortie en 1986, dont les paroles glorifient leur paire de chaussure favorite. En effet, le groupe New Yorkais se démarquait à l’époque par leur tenue atypique, faite de chapeaux, chaines en or, mais surtout d’Adidas Superstar… sans lacets (en référence aux détenus de prison à qui l’on enlevait ceux-ci à leur entrée pour qu’ils ne puissent pas étrangler les autres détenus ni se pendre).

La marque aux trois bandes, enchantée par l’emballement général pour ce titre, a alors décidé de faire des 3 MC les premiers rappeurs sponsorisés de l’histoire.

Cette première déclaration d’amour en appellera alors bien d’autres par la suite dont « Air Force Ones » de Nelly ou plus récemment « Nikes on my feet » de Mac Miller.

Dans un style plus sérieux, Macklemore, aborda quant à lui les tragiques assassinats commis dans le seul but de dépouiller les victimes de leur paire de Air Jordan dans son titre
« Wings ».

Depuis le mouvement lancé par Adidas avec Run-DMC, de nombreuses marques empruntent désormais la voie du « naming » de certains de leurs modèles de chaussures tel Reebok via leurs paires S.Carter (Jay-Z) et G-Unit (50 Cent) ou Nike et ses Wu-Tang Killa Bees. Certaines collaborations seront moins glorieuses, comme les affreuses Yums de Soulja Boy dont les associations de couleurs s’accordaient aussi bien que le featuring entre Larusso et Cypress Hill (non non je n’invente pas vous pouvez vérifier).

Collaborer avec un rappeur est une chose, le laisser designer lui-même des chaussures signatures en est une autre. C’est le pari qu’a osé Nike en laissant carte blanche à Kanye West. Le résultat ? Un succès planétaire pour les éditions très limitées des « Yeezy », des paires qui s’acquièrent au prix d’or. A tel point que l’on trouve aujourd’hui une collection des 6 modèles Nike Yeezy en vente aux enchères au prix de départ de 100 000$.

Depuis, Kanye a quitté Nike car il a « une famille à nourrir ». Même si nous doutons du fait que ses enfants auraient dû se résigner à manger des pâtes au beurres chaque fin de mois, toujours est-il que l’offre de Nike était inférieure à celle proposée par son principal concurrent. En effet, le rappeur de Chicago fait aujourd’hui le bonheur d’Adidas, ses créations s’accompagnant toujours d’une impressionnante effervescence !

Évidemment, je n’ai pu, dans cet article, lister et rentrer dans le détail des innombrables sons et collaborations des rappeurs en relation avec le sujet ; ne voulant pas que cette lecture prenne autant de temps que d’examiner la collection de chaussures de DJ Khaled (visible sur YouTube).  Cependant, j’ai essayé tant que possible de retranscrire l’histoire passionnelle liant les rappeurs à leurs sneakers.

Bonus : « Classic », interprété par Kanye West, Rakim, KRS-ONE, Nas & DJ Premier (rien que ça…) en l’honneur des 25 ans de la Nike Air Force… Grandiose !