Lors du dernier week-end de la Fiesta des Suds, Dynam’hit a rencontré le jeune français qui révolutionne la scène reggae lors d’une conférence de presse. Récit de notre entrevue avec Naâman.

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Parcours

Nous l’interrogeons d’abord sur ses débuts car malgré son jeune âge (23 ans), le jeune homme a un discours très mature. Le normand d’origine explique qu’il est tombé dans le reggae  à 12 ans en achetant son premier album, l’incontournable Uprising de Bob Marley. Trois ans plus tard, au fil de rencontres avec des passionnés du genre, il forme un petit sound system. Après quelques concerts dans des petits bars de la région et une collaboration avec Fatbabs, beatmaker et Dj lui aussi normand sur son 1er EP, le groupe commence à monter.

Un journaliste demande alors comment ce singjay assez atypique dans le milieu reggae a réussi à percer. Naâman répond que ce n’est pas parce qu’ils sont blancs ou qu’ils n’arborent pas des dreadlocks qu’ils ne marquent pas les esprits. Bien au contraire. Le public est souvent surpris par le timbre de voix du chanteur.

Par ailleurs, il souligne qu’il y a un certain renouveau dans le reggae, aussi bien au niveau musical que dans la perception du genre. L’univers reggae tend en effet de plus en plus vers celui du hip-hop surtout au niveau du flow des artistes : plus raggamuffin, plus dansant que les traditionnelles chansons à texte de Bob Marley. Et cela le rend plus intéressant et plus attractif pour les jeunes. Il conclut en disant que ce qui compte principalement aujourd’hui c’est de surprendre avec des choses que personne n’a chantées, il faut se lancer des défis et ne pas hésiter à bousculer un peu les codes.

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Voyage en Jamaïque et collaborations

De retour sur le devant de la scène avec un nouvel album – Deep Rockers, Back A Yard –  enregistré en Jamaïque, Naâman revient sur son voyage en terre de reggae. Cette expérience n’est selon lui pas incontournable pour un artiste reggae, mais elle lui a permis d’envisager ce genre musical sous un angle différent, depuis la Jamaïque même, ce qui est sans aucun doute un atout supplémentaire.

Là bas, il a rencontré des vieux du reggae mais pas forcément dans le but de faire un maximum de featurings avec eux. Il faut d’abord assurer tout seul et ne pas compter sur la célébrité d’un autre pour se faire connaître. Authentique, il rajoute qu’un featuring c’est d’abord un échange, une connexion qui s’établit entre les artistes avec le temps. Ainsi, le dernier jour de son voyage il a enregistré un morceau avec Ras Batch, artiste chez lequel il a séjourné. Il apparaît également dans le clip Worldwild Love de Kabaka Pyramid, artiste jamaïcain de la nouvelle génération avec lequel il prévoit un featuring prochainement.

Envisage-t-il d’autres collaborations? Naâman reste vague mais annonce un partenariat avec Flash It, une production toulonnaise et peut être quelques side projects au niveau européen. Mais pour l’instant, il préfère faire mûrir son propre projet. D’ailleurs Fatbabs l’accompagne désormais sur scène et complète logiquement le groupe avec son style plus hip hop.

Accueil par la scène reggae

Naâman Photo LiveD’après l’artiste les réactions varient. Certains prennent sa musique comme elle est et l’apprécie, d’autres sont plus sur la défensive.

En règle générale, il trouve qu’il est très bien accueilli sur cette scène musicale et il se réjouit même d’arriver à toucher des publics différents, plus jeunes, pas forcément familiers avec les codes traditionnels mais qui savourent sa musique tout autant. 

Souvenir le plus marquant de sa tournée

Avec plus de 70 dates en 2012, Naâman et son acolyte Fatbats ont sillonné les routes de France. Leur souvenir le plus marquant reste celui du Rototom Sunsplash. Après leur concert, ils ont improvisé un morceau sur la grande scène juste avant le passage des californiens de Groundation. «  C’était énorme ! ».
Et c’est justement ce genre d’imprévus qui ont rendu les choses encore plus incroyables tout au long de leur périple.

Il nous avouera aussi qu’après avoir ouvert pour Gentleman à l’Olympia quelques jours plus tôt, il rêve de le remplir en solo.

Album en projet

Cette fois, Naâman veut se laisser un peu plus de temps pour réaliser son album (sortie courant 2015) et obtenir quelque chose d’encore plus abouti et qui révélera plus justement son identité. Il rit lorsqu’on lui demande s’il y aura des textes en français. Pour l’instant ce n’est pas à l’ordre du jour, peut-être dans des side projects.

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On remercie chaleureusement Naâman et  la Fiesta des Suds pour cette interview !

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Retrouvez aussi le Live Report de la soirée et nos interviews de Chinese Man, IAM et Blitz The Ambassador  à la Fiesta des Suds.

Rédigé par

Charlotte Boudon

Secrétaire Générale // Rédactrice en chef // Co-Référente Smooth Vibes