Comme il est bon de redécouvrir un artiste oublié capable de nous faire vibrer. Comme il est plaisant de se dire qu’il y a des milliers de brillants artistes qu’on ne connaît pas encore ; que le passé tout comme le futur, conserve des beaux trésors qui ne demandent qu’à être dénichés ! Découvrir une pépite oubliée, c’est se rendre compte encore une fois qu’on n’aura jamais fait le tour d’un style ou d’une époque. Déjà, ça nous remet les pieds sur terre quant à notre petite culture ; ensuite, ça nous redonne foi en l’humanité. Se sentir bien en écoutant de la musique nous fait penser qu’il y a des gens sur cette terre qui nous veulent du bien. Savoir qu’on vient de piocher un minuscule échantillon de la masse de bonheur créée par d’autres qu’on ne connait pas encore, ça donne envie d’inviter le monde entier à faire une raclette à la maison.

Vous voyez comme l’esprit peut aller loin quand il rencontre une chouette ligne de basse, des percussions qui donnent la bougeotte et une mélodie qui nous envoie aussi haut que Felix Baumgartner dans sa capsule. C’est exactement ce qui s’est passé dans ma tête quand je suis tombée sur Scrabble, de René Costy :

Peut être que vous connaissez mieux cette version :

Jay Dilla n’a pas été le seul à reprendre les compositions de René Costy: Jay-Z, Cypress Hill, Wu Tang Clan, ils ont été nombreux à remarquer le talent du monsieur.

Difficile de trouver des infos sur René Costy. C’est grâce à son fils et au label Tradvibe qui a récemment signé ses œuvres que nous pouvons voir renaître l’artiste. Michel Costy explique sa démarche :

« Mon père, René COSTY, a composé de très nombreuses œuvres de musique Jazz, film, variété, d’ambiance… entre les années 1960 et le début des années 80. Nombreuses de ces œuvres ont été enregistrées, à l’époque sur LP.
Pour l’anecdote, il avait été surnommé le Grapelli belge. Il s’était entouré, pour réaliser ces LP, de formations Jazz ou pop, d’orchestres de variété…
(…) A l’exception de ces LP, il n’existe aucun autre support. D’où mon idée de les digitaliser et de permettre à un public plus large d’y accéder, par exemple, par téléchargement MP3 ou autre format ».

Il est donc belge, bien que sa musique soit parfaite pour un film de blacksploitation. Un belge d’ailleurs bien renommé en son temps. Violoniste de formation, il est désigné dès la fin de ses études au Conservatoire Royal de Bruxelles par Sa Majesté la Reine Elizabeth pour faire partie de son quatuor à cordes. Il parcourt alors l’Europe pour donner des concerts. Dans les années 1950, il élargit son répertoire en s’intéressant au jazz et à la musique tzigane. Quelques années plus tard, il rejoint l’équipe de décors sonore de la télévision belge, et compose énormément de musique pour le cinéma ou la télévision, entouré par les meilleurs musiciens et arrangeurs belges.

Il nous a quitté en 1997, laissant derrière lui près de 400 compositions en tous genres, mais certainement toutes empreintes de son talent.