[note35]

Le tant attendu Creatures est enfin sous nos yeux… et surtout nos oreilles. Après le succès que l’on pourrait qualifier de phénoménal -pour un artiste français- de Tohu Bohu, Rone fait son grand retour chez le label Infiné avec son 3ème album. Le petit génie français de l’electronica envoûtée a décidé de continuer ses histoires magiques avec des morceaux certainement plus intimes cette fois-ci. Nous nous sommes laissés porter par son enchantement au fil des sons.

rone-pool

Ouverture de l’opus avec (OO), titre qui n’en est pas vraiment un, et ressemble plus exactement à la tête d’un petit fantôme. Dès les premières secondes Rone donne le ton. Celui-ci sera profond et puissant. (OO) ne dure que 2min malheureusement, 2 petites minutes que l’on aimerait prolonger à l’éternité tellement celles-ci sont agréables et éveillent en nous toutes sortes d’émotions personnelles.

La suite de l’album est très intéressante grâce à la richesse des samples utilisés, et aux collaborations tout autant improbables que géniales : Acid Reflux avec Toshinori Kondo (célèbre trompettiste japonais), Mortelle avec Etienne Daho & Bryce Dessner (guitariste du groupe The National avec lequel il avait déjà travaillé). Deux créations particulièrement douces, et confirmant bien la « patte » Rone.

Avec Sing Song et Memory, Rone explore des facettes plus expérimentales et variées de son imagination. Beaucoup d’instruments type clavecins ou cuivres transformés et rendus bizarroïdes, de rythmes saccadés. Travail sur lequel je maintiens pour l’instant une position mitigée, face à une suite beaucoup plus maîtrisée : Sir Orfeo et sa collaboration avec la belle et douce voix de Sea Oleena nous suspend aux nuages et fait vibrer tous nos membres. Un des plus beaux morceaux de l’album pour ma part.

Après Ouija, création assez brutale déjà sorti en preview l’enchaînement de l’album repart sur une ligne très calme notamment lors de l’écoute des 4 avants derniers morceaux qui peuvent parfaitement remplir le rôle de merveilleux somnifères. Quitter la ville a particulièrement retenu mon attention car le chanteur n’est autre que François Marry, membre fondateur du groupe Frànçois and The Altlas Mountain. Sa voix, délicate et mélancolique nous emmène dans des rêves remplis de petites bêtes affectueuses de la même manière que Sea Oleena, annonçant une belle pré-clôture d’album.

Si Rone avait joliment débuté Creatures avec (OO), il achève son travail de manière parfaite avec Vif. Morceau très puissant, voire violent, mais toujours ponctué d’une douceur aliénante. Le combo des deux donne quelques chose de magique, à l’image du titre.

Depuis l’expérience live livrée en preview de la sortie d’album au Cabaret Aléatoire le 31 janvier, j’émettais quelques doutes sur la cohérence de l’album face à la grande diversité des morceaux proposés le jour J. Le résultat, pour moi, manque effectivement d’homogénéité car chaque morceau semble refléter un « instant » de créativité particulier à l’artiste. Mais est-il vraiment légitime de pointer cela ? Car c’est finalement chaque petite créature de cet album qui le rend si charmant et intéressant à écouter.

Avec Creatures, Rone a créé un véritable laboratoire de sonorités où surprises et aventures germent dans nos esprits. Un laboratoire dans lequel de petites créatures cachées entre lumière et nuages sombres s’affolent et lâchent des cris que Rone a réussi à capturer. Creatures est sans contexte l’album le plus personnel de Rone. Un album qui aurait pu faire l’objet d’une bande originale de film.

Et si vous voulez tout écouter, c’est ici :

Rédigé par

Marianne Josselin

Responsable Pôle Programmation // Référente Dead Pixel