Une fois de plus la Route du Rock -collection été- a bel et bien tenu toutes ses promesses. Bravant la pluie, environ 26 500 festivaliers sur trois jours (dont 14 000 le vendredi) se sont retrouvés dans l’enceinte du Fort de Saint-Père pour assister au festival malouin, qui présentait certainement l’une des meilleures line-up de l’été. Retour sur cette formidable 24e édition.

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Jeudi – Déluge de vibrations au Fort de Saint-Père.

On commence cet intense festival, les pieds enfoncés dans la boue et parés de nos plus beaux cirés pour affronter les conditions dantesques de cette première soirée. Angel Olsen ouvre le bal avec un set maîtrisé mais sans réelles fulgurances.

The War on Drugs lui succède avec brio. La bande d’Adam Granduciel réussit une transposition énergique et inspirée des longs morceaux de Lost in the Dream. On mentionnera les mémorables An Ocean Between the Waves et Under the Pressure comme points culminants  ainsi que l’apport de Kurt Vile à la guitare sur trois morceaux. C’est justement ce dernier qui prend le relai avec  une performance à l’orientation rock qui a tendance à délaisser le répertoire folk intimiste du chanteur au profit de chansons plus enlevées comme KV Crimes.

Real Estate enchaîne sur la scène des Remparts avec un court set réussi majoritairement constitué de morceaux d’Atlas leur dernier opus.  Après la puissance garage de Thee Oh Sees et le joyeux bordel de The Fat White Family place aux expérimentations électroniques de Caribou et Darkside. Le premier nous offre la plus belle performance de la soirée, son electro colorée décline élégamment les teintes estivales des meilleurs morceaux de Swim.

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Dave Harrington et Nicolas Jaar viennent clore cette première soirée avec un set des plus audacieux où le potentiel de Psychic prend une nouvelle dimension en live.

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Vendredi – Slowdive & Portishead, duo gagnant.

C’est reparti pour une deuxième soirée d’exception. Le rock indé teinté de shoeagaze des Cheatahs la débute sur la scène des Remparts, une performance rythmée qui fait la part belle aux guitares distordues. La belle Anna Calvi, toute de noire vêtue, enchaîne avec un set majestueux. Après une performance moyenne de Protomatyr nous assistons aux deux plus belles prestations du festival : Slowdive et Portishead.

Les premiers arrivent à la tombée de la nuit sur la grande scène où le public est déjà bien en masse. Pendant une heure, le groupe emblématique du shoegaze fait revivre ses sonorités uniques, près de 20 ans après leur séparation. Très au point techniquement, les morceaux sont joués avec une sincérité bluffante. Des montées en puissance foudroyantes, des guitares cristallines, des lignes vocales éthérées et distantes pour une intensité sonore inégalée; une sacrée claque !  Là, on se dit déjà que la soirée est plus que réussie.

Le groupe de Bristol de son côté, réussira un show lui aussi bouleversant. Les images affichées sur l’écran géant accompagnent parfaitement les tonalités mineures du groupe, en particulier sur l’apocalyptique Machine Gun. Le chant de Beth Gibbons est saisissant, toujours proche de la rupture, d’une justesse incroyable. Le trio quitte la scène sur un superbe rappel composé de Roads et We Carry On. Les allemands de Moderat terminent la soirée avec une techno puissante et novatrice qui comble les derniers irréductibles en cette fraîche soirée.

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Samedi – Mac Demarco et le retour du soleil à point nommé.

Le festival se termine sous un franc soleil. Les déflagrations hardcore de Perfect Pussy résonnent d’abord lors d’un court set très musclé (seulement 20 minutes) sur la scène des Remparts. Autre produit de la maison Captured Tracks, le génial Mac Demarco, très attendu,  débarque avec une performance drôle et débraillée. Le public est rapidement conquis par les mélodies solaires du canadien… Le showman nous aura même gratifié d’un long slam, clope au bec pendant Still Together.


La section psychédélique est assurée par la paire TOYet Temples. Les premiers assurent un set ambitieux et énergique faisant la part belle aux expérimentations sonores entre krautrock et shoegaze tandis que la performance de Temples reste trop convenue pour atteindre le niveau de leurs prédécesseurs malgré quelques morceaux superbement interprétés, en l’occurrence Ankh et Colours To Life.

Jamie XX restera l’un des meilleures surprises du festival avec un set aussi dansant que mélodique. On restera néanmoins sur notre faim avec une show sans surprise de Todd Terje malgré une belle interprétation d’Inspector Norse.

Bon allez on se retrouve  l’année prochaine, même endroit, mêmes dates pour les 25 ans du festival.

Rédigé par

Brian Clot

Trésorier // Pôle programmation // Co-référent Smooth Vibes