C’est l’heure des "New Rules"…ou plutôt de la concurrence à celui qui va innover le plus ! Impossible de ne pas faire le rapprochement entre la sortie récente de Yeezus et celle de MCHG concernant la promotion. Le maître semble avoir suivi son padawan sur ces nouvelles façons de faire : comme Yeezus, Magna Carta, sorti le 4 Juillet, se fait annoncer moins d’un mois avant sa sortie (du jamais vu pour des artistes du genre !), garde toute les informations secrètes jusque la sortie officielle et pas de single pour booster la promo. La renommée des artistes suffit ici à elle-même. Le mentor prend donc la relève 2 semaines après (gros mois hip hop avec les sorties de J. Cole, Mac Miller, Statik Selektah, Kanye et Wale en deux semaines). La tracklist n’a été dévoilé qu’une semaine avant sa sortie et ici on a bien une pochette d’album, on n’a pas de projection de clips sur de nombreux bâtiments partout dans le monde mais une exposition dans une cathédrale d’Angleterre (Salisbury) pour faire le lien avec le titre de l’album (la grande charte anglaise garantissant le droit à la liberté individuelle).
Après avoir été producteur exécutif sur la bande-son de Gatsby on ne s’attendait pas à voir le jour de cet album de ci-tot. La sortie de l’album fait également un lien direct avec le deal que Jay-Z a signé avec Samsung qui a changé à lui seul les certifications RIAA : le ni oui ni non du million d’achat d’albums par Samsung laisse à désirer concernant le réel succès commercial de l’album. Gros coup de pub qui démontre les nouvelles manières de vendre la musique en tout cas.
Mais qu’en est-il de la qualité du disque dont on ne connaissait, jusqu’à la sortie officielle, que les lyrics. Suite à Watch the Throne les 2 compères ont démontré qu’ils n’avaient pas besoin de l’autre pour être "productif". Cela change pour HOV puisque Kanye avait contribué à près de la moitié des productions de BP3, le dernier album solo en date.
On débute cette croisade avec "Holy Grail" accompagné de Justin Timberlake (qui a tout d’un single monté pour la radio) puis un constat vite négatif dès la 1ère écoute (et qui persistera) : les paroles des premières chansons sont tellement moyennes et peu travaillées que l’on en vient à se demander pourquoi les mettre à disposition... On se laisse enfin intriguer par "Oceans" (produite par Pharrell) où l’on s’imagine bien ce qui est décrit très poétiquement par le membre soft d’Odd Future. Une autre bonne surprise de l’album est "Somewhere In America" : son de trompette originale avec un petit air de piano qui fait tout de suite penser à "Heard Em Say" de Kanye & Adam Levine : défi d’originalité réussi par Hit-Boy & Mike Dean. Le refrain non crédité de Travi$ Scott sur "Crown" (dernier "homme de l’ombre de Kanye" qui co-produit la chanson) apporte ensuite de la fraicheur à l’album avec une instrumentale digne de...Yeezus.
Un autre point positif de l’opus est la présence des deux interludes "utiles" (un couplet seul sur une instru à part) avec notamment "Versus", très réussie, qui commence par une reprise d’A Tribe Called Quest : ça change des interludes souvent sans intérêt.
Timbaland a donc remplacé Kanye concernant l’omniscience des productions mais ce n’est pas forcément stratégique. Les lyrics de Shawn Carter sont très rarement au niveau sur cet opus et les beats qui ne les couvrent pas n’arrange rien. Rick Ro$$ vient d’ailleurs rajouter une couche avec ses paroles (ridicules) sur "F*ckwithmeyouknowigotit". On se laisse finalement tenter par le morceau qui renvoie l’énergie de Rosay même si l’instru produite par Boi-1da & Vinylz est un copié collé de "NBA" (produite par ce même duo...) de Joe Budden sorti plus tot dans l’année : ça passe.
A part l’exception de "F.U.T.W.", on doit parfois attendre les 3eme couplets pour trouver un peu de qualité au niveau du flow. C’est le cas avec "Jay Z Blue" et "Picasso Baby" même si les liens avec l’art (Basquiat notamment) commencent à être redondant pour Hova et on en vient à questionner sa créativité et sa passion réelle tellement il en fait. Vient ensuite, la chanson avec Beyoncé, qui sans surprise est très syrupeuse ("My Nails Get Dirty, My Past ain’t pretty, My Lady is, My Mercedes Is").
On en finit avec "BBC", la 2ème production de Pharrell, qui invite Justin, Timbo, Beyoncé, Swizz Beatz, Skateboard P lui-même et le featuring crédité : Nas dont le couplet est très bien accueilli. Résultat : un joyeux cocktail festif qui démontre encore une fois la combinaison efficace des anciens riveaux (suite à "Black Republican" et "Success").
Au final compte tenu du faible nombre d’invités on pourrait s’imaginer une chance d’avoir Jay-Hova seul sur bon nombre de chansons mais globalement MCHG est décevant et on peine même à trouver un simple brun de qualité sur certains morceaux comme "Tom Ford" & "La Familia". Pour faire un dernier rapprochement avec Yeezus, ce qui manque à MCHG est que la créativité musicale de Timbaland n’égale pas celle de Kanye. Ce dernier "n’a pas besoin" de mettre l’accent sur l’écriture puisque le reste est solide. Ici ne pas mettre d’effort sur cet aspect est une erreur. On a certes plus de flow mais un effort supplémentaire sur les lyrics et quelques productions de Timbo en moins aurait été déjà mieux pour se rapprocher du graal à part si celui-ci représente l’argent et non la qualité.
Lyrics/flow : 3/5
Originalité : 3,5/5
Instrumentales : 3/5
Note de l’album : 3/5
Tracklist :
1. Holy Grail ft. Justin Timberlake
2. Picasso Baby
3. Tom Ford
4. FuckWithMeYouKnowIGotIt ft. Rick Ro$$
5. Oceans ft. Frank Ocean
6. F.U.T.W.
7. Somewhere in America
8. Crown
9. Heaven
10. Versus
11. Part II (On the Run) ft. Beyoncé
12. Beach Is Better
13. BBC ft. Nas
14. Jay-Z Blue
15. La Familia
16. Nickels and Dimes