or noir 3

Sadikoi la famille ? Nous nous retrouvons pour une analyse d’album et, climat octogonal oblige, c’est Or Noir 3 qui va, aujourd’hui, être soumis à l’étude. Avec l’envenimement du clash Booba/Kaaris, la communication autour du projet ou encore la sortie surprise de PGP le jour du dévoilement de l’album, les attentes envers Or Noir 3 étaient grandes. Alors est-ce que Kaaris a su répondre présent et montrer qu’il valait plus que les 300 000 euros proposés par le Duc de Boulogne ? Réponse dans cet article qui passe en revue 5 des sons de l’album.


Check It Out


K2A semble avoir voulu continuer sur la même dynamique que Dozo en marquant sa volonté de se découvrir et d’explorer de nouveaux styles. Pourtant connu pour ses instrus trap et son style très trash, on retrouve ici une grande mixité des sons avec des morceaux propres à ce style hardcore mais également d’autres extraits bien plus calmes et chantants où l’artiste a un recours assez fréquent au vocodeur. On peut également noter certaines influences rap US présentes au travers de certains morceaux.


Analyse des titres


Premier extrait : Gun Salute

Pour introduire le sujet, nous allons nous intéresser au morceau Gun Salute qui laisse présager un certain changement dans le style de rap proposé par « l’inventeur de la trap ». Là où ses sons se caractérisent habituellement par des instrus trap violentes et sombres, on retrouve ici une prod porteuse d’espoir accentuée par des notes de piano mais où l’on retrouve néanmoins les fortes percussions du style trap. De plus, Kaaris fait appel à l’autotune pour renforcer le côté sensible de sa voix. Il adoucit également ses lyrics par des références symboliques comme le jardin d’Eden ou la pierre philosophale.

Deuxième extrait : Livraison

En opposition avec le premier morceau évoqué, Livraison nous montre l’artiste dans son style le plus caractéristique : la trap. Que ce soit au travers de l’instru qui fait naître doute et inquiétude, de l’emploi de phrases courtes et percutantes : « on t’arrache le cœur par le trou de balle », de backs violents ou de cris qui marquent la fin des punchlines, Kaaris nous montre que même s’il explore de nouveaux styles, il n’a pas perdu la maîtrise de son arme de prédilection. La présence d’un tank dans le clip renforce d’ailleurs l’idée de violence véhiculée par le morceau. Dozo ne plaisante pas et est bel-et-bien prêt pour la guerre.

Kaaris - Or Noir 3
Kaaris

“Tu vas mourir une heure plus tôt frère, parce qu’on va passer à l’heure d’hiver”

“C’est pas grave si jsuis foncedé, jmet le régulateur de vitesse”

“C’est pas trompé si jmet que le doigt”

Troisième extrait : Ça on la

Le troisième extrait choisi pour cette analyse s’intitule ça on la. Le titre est intéressant, tout d’abord, car Kaaris remplace la formule grammaticalement correcte « l’a » par son homonyme « la ». L’artiste a-t-il voulu faire référence au « la », note de musique, pour indiquer sa maîtrise du rythme ou a choisi l’article défini « la », représentatif d’une femme pour montrer qu’il « l’a » (la possède) ? Réponse : les deux. Premièrement, en employant des phases au nombre de syllabes différent, K2A montre sa maîtrise parfaite d’une instrumentale aux tendances US qui rappelle celle de Riley from the Boondocks par Lil Yachty. Mais on remarque également de nombreuses références peu glorieuses à la femme : tchoin, bitch, tarma, … qui illustrent l’idée que cette femme lui appartient

Quatrième extrait : Cigarette (feat. SCH)

Le 3e extrait est Cigarette avec SCH comme invité. Ce son est également caractéristique du style trap Kaaris car marqué par un refrain d’anthologie bien propre à l’artiste d’origine ivoirienne de par son sarcasme : « t’es mort comme le mec sur mon paquet de cigarettes ». Mais ce qui est encore plus impressionnant est l’entrée sur le morceau de SCH. En apparence calme sur les dix premières secondes de son couplet, l’artiste marseillais monte crescendo pour finalement s’accorder parfaitement avec la reprise du beat et mitrailler totalement l’instru. Une des plus grosses entrées sur son de ce début 2019.

Cinquième extrait : Comme un refrain

Le 5e et dernier extrait étudié de cet album s’intitule « comme un refrain ». Kaaris a ici choisi de mettre au placard le côté trap pour une instrumentale au piano bien plus sensible et un usage de l’autotune qui vise à donner un côté chantant au morceau. Là où l’on pouvait s’attendre à un thème suscitant l’émotion comme l’avait fait son rival Booba dans « Petite Fille » sur une instru aux tonalités similaires, Kaaris reste fidèle à lui-même dans la saleté des lyrics. Il aborde ses sujets habituels que sont la violence, les armes et la drogue.


Conclusion


Le pari était plus que risqué d’appeler son album Or Noir III, tant la qualité des deux premiers opus était haute. Le résultat est un album dans l’ère du temps, teinté de couplets trap “comme à l’ancienne” sales mais humoristiques. On est heureux de voir que, même si Kaaris explore de nouveaux genres, il reste maître en l’art de la « trap dérisoire » avec des punchlines qui lui resteront propres.

Quentin.