[note4]

Né à Tours en 1988, le jeune raggaman français continue à impressionner. Parti très tôt en Jamaïque pour se nourrir des bonne vibes locales, Biga* Ranx a beaucoup appris, à tel point qu’il dévoile déjà son troisième album Night Bird (sorti le 09 Mars) qui se révèle de très bonne facture. On a écouté cet opus et voici ce qu’on en pense.

Pour notre plus grand bonheur, Biga poursuit sur sa lancée d’un album tous les deux ans. Pour cet opus, le tourangeau au sourire si reconnaissable a clairement affiché son ambition d’avoir un contrôle entier sur les productions. Accompagné par le multi-instrumentiste et habile Manu Digital sur la majorité des prods, Biga livre ainsi un album frais, sensuel et terriblement réussi. Un style davantage épuré qui lui permet notamment d’alterner vibrations lourdes et d’autres plus délicates. On pense à Hate, qu’il joue en featuring avec U-Roy. Après une introduction parlée du natif de Kingston, intervient la puissance de Biga et on ne peut  que constater une voix parfaitement calée dans le rythme. Une piste délicieuse à l’écoute.


 « J’ai voulu faire mes propres instrus parce qu’avant, je posais ma voix sur des morceaux qui étaient faits par d’autres. Et surtout, j’ai voulu mixer l’anglais et le français. Et ça n’a pas été facile parce que je n’ai aucune référence en français. J’ai juste essayé d’être sincère, d’exprimer des choses simples, mais pas gnangnan »

La progression de l’album reste classique tout comme la structure des morceaux (Biga utilise systématiquement le combo percussions, basse, claviers auquel se rajoutent divers bruitages et sons rajoutés). Mais surtout, il laisse une grande place aux instruments en réglant notamment le pitch de sa voix légèrement moins fort que le font d’autres raggamen parfois trop axés sur la puissance de leur flow.

L’album débute avec DJ for The Night, une de mes tracks favorites sur l’opus. Elle combine puissance rythmique et douceur mélodique en mixant une ligne de basse menaçante et des claviers qui s’envolent dans les airs. Sans parler de l’outro de claviers qui clôture la piste de la meilleure des manières.

Pourtant, même si un virage artistique se fait sentir, les influences reggae-ragga-dub de Biga* Ranx sont toujours là. Et les invités de l’album sont des références en la matière. Avoir Big Youth, U Roy, U Brow et Joseph Cotton, ce n’est pas donné à tout le monde.


« Ouais, c’est un rêve de gamin que j’ai réalisé. En plus, c’est historique puisqu’ils n’avaient jamais enregistré tous ensemble. »

Plus encore, Hollie Cook et Prendy viennent soutenir le chanteur sur un charnel Bossman, qui contient un superbe passage de Biga vers le milieu de la piste. Le refrain est sans doute inspiré de sa chanson Run Mister Cokeman, que le français avait écrit pour ses potos de En Passant Pécho.

Le reste des tracks contient de belles pépites, comme Paris Is a Bitch, que Radio Nova a déjà pas mal passé sur ses ondes. Sexy est un titre davantage dancehall où les couplets ressortent mieux que le refrain. Nightbird évoque les sorties nocturnes de Biga et fait part de ses interrogations existentielles :

« Suis-je le gardien en charge d’accueillir le soleil ?
Je veille sur la ville comme les anges de la nuit sommeillent »

 

Comme si ça ne suffisait pas, deux choses viennent enrichir le projet: des textes en français sont ici et là distillés pour notre grand plaisir ; et trois versions « screwed » (technique de mixage inventé par DJ Screw consistant à ralentir une track à environ 60 bpm) réalisées par son producteur Atili Bandalero clôturent l’opus ! Que Bonito !

Biga*Ranx revient en force avec cet album. Le tourangeau a fait comme bon lui semblait pour signer un opus qui le représente à 100%. La finesse des compositions, les invités et un flow en passe de devenir sien font de lui un artiste sur lequel on peut compter dans l’avenir. Pour info, Night Bird était disponible en écoute gratuite et illimitée sur Deezer avant même sa sortie physique. De quoi adopter le désormais connu Biga’s Style !

Rédigé par

Jean Grangeon

Pôle programmation // Smooth Vibes // Matinale // Pôle Partenariat à Vinyl On Mars