Rooftop, ou comment SCH nous montre qu’il est arrivé au sommet de son art. Si le public attendait Julius 2, c’est avec surprise que le S nous offre ce projet annexe sans l’être vraiment. Et pour cause, la qualité est bien au rendez-vous même si peu d’inquiétude se faisait ressentir. SCH n’a plus besoin de faire ses preuves et ce 5ème album confirme tout son talent. Pourtant SCH décrit ce projet comme un défouloir, une compensation à la frustration de ce qu’il n’a pas pu exprimer dans le tome I de Julius, un album très conceptuel et storytelling. C’est d’ailleurs dans l’Interlude que SCH annonce « j’sors ça avant le tome 2, ça m’démangeait », preuve que sa productivité et que son envie de faire du rap n’auraient pas été assouvies par Julius II.
On découvre donc au cours de Rooftop des morceaux très rappés à la sauce SCH qui nous rappellent ses précédents albums. Une pincée de voix roque, un zeste d’autotune, la recette plaît toujours autant. On retrouve toujours des thèmes tels que la nostalgie, la trahison, mais aussi le manque de son père décédé qu’il évoque dans beaucoup de ses morceaux. Il semblerait que Julien ait encore besoin du rap comme thérapie pour s’exprimer. Il le dit d’ailleurs clairement dès le premier morceau Cervelle, « j’aurais déjà arrêté le rap si ça allait mieux ». Sa peine et ses déceptions amicales ou amoureuses sont paradoxalement sources d’inspiration, grace auxquelles il a pu nous concocter des morceaux tels que Tant Pis, Tirer un Trait ou Ah gars. La forme de ce projet est également propre à SCH, des intros marquantes qui donnent le ton de l’album ( John Lennon, anarchie, Comme Si, Le Déluge et Cervelle), et des outros nostalgiques ( Fusil, Benefice et Ah Gars).
Rooftop commence donc fort avec deux morceaux de rap pur et dur suivi d’un feat réussi avec Ninho (pour changer). Il enchaine ensuite avec Petit Coeur et Tant Pis, deux titres pleins d’émotion qui nous rappellent qu’en plus d’être un kickeur efficace, SCH est également un poète avec une plume qui touche par sa sincérité. Mais RAC, qui est certainement le banger de l’album, remet les pendules à l’heure et nous oblige à bouger la tête voire à lâcher un « trop fort » spontané. Paye nous met ensuite dans un mouv plus tranquille mais sur les thèmes de l’argent et des règlements de comptes, propres à la mafia qui passionne le marseillais qui est en SCH. Vient ensuite l’Interlude, véritable morceau de kickage dans lequel SCH marque par 4:30 minutes de phrases crues. L’autre moitier de l’album mélange featurings réussis ( Rim’K, Heuss L’enfoiré, Capo Plaza et Soolking, et enfin la collaboration surprenante avec Gims) et morceaux profonds écrits à coeur ouvert par un SCH qui se livre sur son vécu dans Ca Ira et Tirer un trait. Mais aussi l’agressif Ciment bien caractéristique du SCH « classique » , ou le plus léger et coloré morceau Frime, très mélodieux cette fois ci. Mention spéciale au dernier featuring Baden Baden, ambiançant et étonnement efficace avant de terminer sur le poignant Ah Gars. On y écoute un Julien nostalgique qui semble dépassé par le temps et regretter d’avoir fait, ou non, certaines choses dans sa vie. C’est peut être pour cela qu’il attachait autant d’importance à sortir ce projet plutôt qu’attendre Julius tome II.
Une chose est sûre, ses albums deviennent, tout comme lui, un peu plus mûrs et matures chaque année. Assurément le fruit d’un long travail et de sa rage de réussir. Mais le S s’applique également sur la forme de ses projets, et les détails techniques nous rendent compte de sa subtilité. En témoignent la balance de stéréo dans RAC, la transition entre Paye et Interlude, les featurings parfaitement intégrés et choisis, ou même la communication de la tracklist et des feats. Si aujourd’hui sortir un album par an devient presque le minimum, SCH s’efforce clairement de prendre le temps à la réalisation de ses projets. Finalement, on ne peut que constater sa polyvalence ; à la fois technique, poète, et kickeur hardcore. Après 5 albums et toujours avec Katrina Squad à la prod, le S continue de nous surprendre et d’affiner son art. Et pourtant, il reste un personnage intriguant aux 1000 passés que l’on ne se lasse pas de découvrir. C’est donc le signe que SCH n’a plus rien a prouver finalement et qu’il peut expérimenter d’autres chemins sereinement, en attaquant le très attendu Julius tome II.
ilo
Oh je sais pas t’es qui mais ta tout compris je t’aime. Le S est de loin le meilleur rappeur français, je vais pas faire un long texte pour l’expliquer tu l’a très bien fait toi même. Sa fait plaisir de tomber sur quelqu’un qui voit ce que je vois dans ce monde de fous mdr. Dis toi y en a ils écoutent pas SCH