En ce Vendredi 5 Février, le réveil est difficile, mais quoi de mieux que la musique pour entamer une journée. Tu vois de quoi je parles ? Ce vendredi 5 Février c’est aussi le jour de la sortie du premier album de Fixpen Sill : Edelweiss. « Fixpen quoi ? » me diront les moins connaisseurs de la nouvelle vague du rap français. Fixpen Sill c’est un groupe réunissant 2 rappeurs, Kéroué et Vidji, deux nantais pour être précis, qui en 2012 après des trajectoires différentes (en solo pour l’un et dans un groupe de reggae pour l’autre) ont décidé de mettre en commun leurs plumes.
Et les deux collègues ont déjà bien commencé à faire leur trou. Après une participation au premier projet du 5 Majeur dont ils font partie (en compagnie de Heskis, Hunam et Nekfeu), ils enchaînent avec un premier LP Le Sens de la Formule, sorti en Décembre 2011, plein de promesses. En Mai 2013, le 5 Maj revient avec un album, Variations, qui traduit d’une énorme prise de maturité musicale que ce soit au niveau des prod ou des textes et Kéroué et Vidji n’y sont pas étrangers. Leur dernière actualité musicale avant Edelweiss, c’était leur Maxi 4 titres On verra plus tard sorti en Juin 2014, il y a plus d’un an et demi.

Et sans vous mentir j’étais resté très frustré de leur dernier projet. Non pas qu’il soit mauvais, justement c’est le contraire. Uniquement 4 titres à se mettre sous la dent à un moment ou on les sentait en train de devenir assez solides pour se faire une place pérenne dans une génération du rap français qui se cherche encore des têtes d’affiches (Nekfeu a frappé un grand coup cet été mais toute cette bande de potes n’a pas fini de faire parler d’elle), ça laisse sur la faim. Voilà la condition dans laquelle j’ai abordé l’écoute de ce projet.

Alors je vois déjà les moins herboristes d’entre nous bloquer au titre de l’album : « Mais c’est quoi Edelweiss ?? ».  L’Edelweiss est une fleur rare, qui pousse au sommet des montagnes et qui surprend par sa teinte blanche et son apparence particulière : « L’Edelweiss, fleur solaire couleur de lune » disait l’explorateur Sylvain Tesson à son propos. C’est dans cet antagonisme qu’ils ont puisés leurs inspirations, à la fois claires et joyeuses d’un côté mais aussi sombres et tourmentées de l’autre. Enfin c’est comme ça que les deux artistes le ressentent et il faut dire que dès la première écoute on comprend de quoi ils parlent.

fixpensill

Parlons prods du coup, vu que c’est bien elles qui donnent l’ambiance des sons. Et c’est vraiment un gros travail artistique qu’ont effectué Fixpen Sill dans le choix et même dans la « fabrication des prods » étant donné que pour 13 des 15 prods, c’est Vidji aka Stratega (son blase de beatmaker) qui a mis la main à la pâte. Le résultat est vraiment intéressant, on passe par toutes les ambiances, entre le très posé de C’est pas compliqué (dont la petite mélodie m’a rappelé non sans plaisir celle de Close to Me de The Cure) et le suspense anxiogène de Ma fête, on trouve aussi la prod magnifique d’Edelweiss ou encore la trap mélodieuse d’Après moi le déluge. Vidji et Kéroué régalent vraiment sur le choix des prods et, cerise sur le gâteau, offrent les deux restantes à Meyso (qu’on connaît notamment pour ses collaborations avec Lomepal) qui s’occupe de la prod de Casse-Tête et à Greem et 20syl (avec qui ils avaient déjà collaboré pour le titre Obsession) sur le titre Comme j’le sens. Le mélange est bien dosé et la sauce prend, c’est le gros point positif du projet pour moi.

Si on s’intéresse aux textes maintenant, le résultat n’est pas moins bon. On reconnaît tout de suite la plume, enfin les plumes de Fixpen Sill. Les thèmes couverts sont bien variés, on retrouve de l’egotrip assez classique dans Prime de risque (on notera la présence de leurs deux collègues du 5 Majeur Hunam et Heskis sur le morceau) et Comme j’le sens, des énormes délires avec l’Aquarium (un hymne à la weed bien trappé) et Ma fête, des textes plus introspectifs dans Focus, Edelweiss ou encore Après moi le déluge (sur laquelle on retrouve un Nekfeu qui apporte toujours autant), un récit assez sombre dans Mauvais Œil et des textes plus critiques sur la société (Tel Quel, Objecteurs), Kéroué et Vidji nous montrent qu’ils sont maintenant capable de s’adonner à tous les styles du rap le tout toujours enrobé de la note d’humour qu’on leur connait (mention spéciale à l’intervention de Kéroué dans Objecteurs) et c’est en ça que cet album représente un vrai passage au niveau supérieur pour Fixpen Sill selon moi. A vrai dire le seul point d’interrogation que je pourrais poser sur ce projet c’est la présence de Hobo, véritable OVNI de l’album dont j’ai du mal à comprendre la présence (mais le piège avec ce genre de son c’est que plus tu l’écoutes, plus ça passe et avant même de comprendre ce qu’il se passe tu te retrouves à danser et chanter dessus).

Je vous encourage donc fortement à aller jeter au moins une oreille sur Edelweiss, ne serait ce que pour vous faire une idée. On attends maintenant avec impatience la venue des deux lyricistes en ville phocéenne pour défendre cette lourde shit avec pourquoi pas une interview à la clé !

Rédigé par

La Monf'

Défenseur du vrai Hip-Hop, amoureux du rythme et lyriciste babtou // 100% Sport, Matinale, Back2Black