Vendredi soir fut un grand soir pour Dynam’hit car nous avons eu la chance de rencontrer IAM au point presse et ensuite en concert. Récit de cette soirée en compagnie du mythique groupe marseillais.

[divider]

Un point presse annulé … ou pas !

Le groupe exténué par une semaine de live non stop venait d’arriver et envisageait d’annuler le point presse. Bien aimablement, IAM nous a finalement accordé 15 minutes d’interview avec 30 minutes de retard.

Les questions posées par l’ensemble des journalistes n’ont pas énormément abordé le dernier album et sa promotion. Elles ont plutôt traité de questions générales sur la musique. Les échanges ont été plutôt intéressants.

Le premier moment de l’échange porte sur leur show de ce soir, annoncé pour durer 2h30. Les membres rigolent à l’évocation de la durée et rectifient pour une durée de plutôt 2H. Akhenaton en profite pour préciser que le live de la prochaine tournée d’IAM est conçu pour les petites et moyennes salles. C’est donc un spectacle plutôt unique qui attend les marseillais à la Fiesta des Suds ce soir.

Vient ensuite, une question sur le nouvel album prochainement dans les bacs. Un album, qui selon Akhenaton, sonnera comme Arts Martiens puisqu’il a été enregistré dans la même période et les mêmes lieux (Marseille et New York). L’ensemble des morceaux seront tout de même plus « enlevés » et « mordants ». Un double album rassemblant Arts Martiens et le prochain album était prévu mais la production était trop complexe.

Le projet d’un album avec Enio Morricone n’est pas abandonné mais « suspendu » pour des raisons de temps et d’autorisations. Akhenaton assure que si « ça ne s’est pas fait, ça ne veut pas dire qu’à l’avenir cela ne se fera pas« . En parlant d’avenir, le futur proche pour IAM, c’est la scène, c’est une tournée avec des dates jusqu’en 2015. Après c’est « l’incertitude ». En tout cas, IAM ce n’est pas fini car même si le groupe ne sort plus d’albums, on nous explique que la musique continuera que ce soit sur scène ou dans d’autres projets.

Le groupe se dit très « réaliste » et insiste sur la difficulté de sortir aujourd’hui un nouvel album sur un label indépendant. Peu de chances, donc de voir un nouvel album d’IAM, une fois leur contrat avec Universal terminé suite à la sortie de leur dernier album. « Il vaut mieux sortir par la porte magnifique que par la porte de souris » expliquent Akenaton et Kephren.

Sur la question de la création d’un centre urbain à Marseille rassemblant artistes connus et en devenir de tous les bords de la culture de urbaine dans le cadre de MP 2013, IAM ironise sur les 2 mois restants de l’année pour construire ce centre. Ils expliquent que c’est un projet qu’ils ont toujours soutenu et qu’ils ont mis en avant en échange de leur soutien à Marseille Provence capitale de la culture. Ils en profitent pour déplorer le manque de valorisation de la culture urbaine et hip-hop au détriment de la variété par exemple.

Toujours dans la même perspective, Akhenaton souligne l’honneur que lui procure l’utilisation de certains de leurs textes dans des programmes scolaires (Petit frère dans des devoirs de fin d’année de CAP, par exemple). Selon lui, cela permet de reconnaître la culture hip-hop comme « une culture majeure de la fin du siècle dernier et du début du siècle« .

Un journaliste aborde le sujet épineux pour IAM de la culture du sample et de son inscription dans les mœurs. Akhenaton ne comprend pas que des albums de John Williams entièrement pompés sur du Ravel ou du Debussy ne posent pas problème alors que le IAM en samplant atterrit devant le tribunal. Pour Akhenaton, « toute la vie est une histoire de sample« . Daft Punk, ce sont des accords de Mickaël Jackson, la variété française est habitée par Bob Dylan, les Rolling Stones ont pompé sur Muddy Waters, etc et etc …

Leur inspiration vient de tous les genres aujourd’hui. « La musique c’est le monde« , déclare Akhenaton et Imhotep renchérit  » La richesse d’une musique, c’est sa capacité à incorporer plusieurs influences. Et pour ça le Hip-Hop est la musique ultime car il peut s’inspirer de toutes les musiques du monde. Longue vie au Hip-Hop. »

Interpellé sur la question de la dématérialisation des supports d’écoute de la musique et la disparition des disquaires, IAM répond qu’il existe encore aujourd’hui des amoureux du support physique et qu’il en restera malgré cette évolution « culturelle » vers la dématérialisation. La preuve : Art Martiens se vend plus en support physique (vinyle) que en download.

C’est sur ce dernier point que s’est terminé le point presse. Ce qui a pu me frapper tout au long de l’entretien, c’était l’assurance des membres d’IAM construite au fil des années. Leurs réponses étaient construites et denses. Leurs visages burinés par des centaines de live imposaient un certain respect.

[divider]

Un marathon de 2h20

Mais voilà, un point presse ça ne suffit pas. Là on où on veut vraiment voir IAM, c’est sur scène. Et on peut dire qu’on n’a pas été déçu non plus. Les cinq papys du rap français ne nous ont pas déçu en livrant un show marathonien de 2h20 devant un public conquis d’avance mais exigeant.

On a senti l’expérience dans ce concert. Le rythme était soutenu et le set millimétré pour maintenir une ambiance incroyable tout le long du live. IAM a eu la bonne idée de garder ses morceaux les plus connus pour la fin (Petit frère, Je danse le Mia, etc…) afin de ne pas satisfaire trop rapidement le public.

Nous avons eu le droit à un véritable show. Les membres d’IAM n’hésitaient pas à se mettre en scène (L’Empire du Coté Obscur, Je danse le Mia ou Sombre Manoeuvre). Les visuels au fond de la scène les servaient bien aussi. Les MCs, Akenaton et Skurik’n n’hésitaient pas à se trémousser et communiquer avec le public.

Au niveau des morceaux, IAM a revisité sa discographie et notamment ses classiques mais il a aussi interprété les morceaux de son dernier album et un inédit du prochain album.

Tout ça pour vous dire qu’on a été gâté par IAM qui n’a rien perdu. Au contraire, on a senti le métier.

Rédigé par

Rodolphe

Former Member