
En 2013, Gilles Lipovestky écrivait « L’esthétisation du monde : vivre à l’âge du capitalisme artiste », ouvrage décrivant l’importance qu’a pris l’image dans la société actuelle, dans la sphère économique où les marques redoublent d’imagination pour créer des publicités et packagings toujours plus inventifs et attrayants, mais également dans le milieu culturel, particulièrement dans l’industrie musicale. Au risque de paraître cliché, l’image d’un artiste est aujourd’hui au moins aussi importante que sa production musicale en elle-même. Et l’image, ça se travaille surtout dans les clips, devenus aujourd’hui le meilleur moyen pour un jeune artiste de se faire connaître.
Seulement, derrière un clip, il y a des personnes. Aujourd’hui, Martin Boyer, réalisateur, cadreur, et monteur, répond aux questions de Dynam’hit, et évoque ses débuts, son parcours, son lien avec la musique, et ses projets pour l’avenir.
Bonjour Martin. Pour commencer, peux-tu te présenter brièvement ?
« Je m’appelle Martin Boyer, je suis actuellement en études audiovisuelles section vidéographie à l’école Agnès Varda à Bruxelles. En parallèle de mes études je travaille dans un Chronodrive comme préparateur de commandes en contrat étudiant. Et quand je trouve le temps d’en avoir (c’est souvent compliqué !) j’essaie de réaliser des vidéos (des clips notamment, mais pas que) pour développer mes compétences et me faire un petit pécule en plus de mon énorme salaire étudiant (rires). »
Quels ont été tes premiers liens et tes premières expériences avec la vidéo et le montage ?
« Quand j’étais au collège, j’adorais créer des vidéos pour faire rire mes potes. Petit à petit j’ai commencé à en faire de plus en plus, et je me suis donc intéressé assez naturellement au montage, pour pouvoir créer des vidéos plus complexes. J’étais THE monteur de la bande (rires). Si on avait des idées, on les tournait, et ensuite je devais faire toute la « post-production » pour arriver aux résultats voulus. C’était la bonne époque (rires). Aussi, comme j’aimais beaucoup la musique, je tournais des clips (pas toujours réussis) sur les sons qui me plaisaient. J’ai toujours été admiratif du format du clip, les histoires que l’on peut y raconter, les visuels, les chorégraphies… ça m’a toujours intéressé. »
Ta vie semble aujourd’hui graviter autour du monde de la production visuelle, mais cela n’a pas toujours été le cas. Peux-tu nous parler de ton parcours avant d’intégrer cette école ?
« Comme je l’ai dit précédemment, au début je considérais cette activité comme un hobby plutôt qu’une future voie professionnelle. Et ce jusque très récemment. Mon parcours scolaire est vraiment très éloigné de mon activité actuelle. J’ai fait un lycée général, sans trop savoir ce que je comptais faire plus tard. J’ai ensuite fait un bac S, sans choisir l’option cinéma qui était pourtant disponible, chose que j’ai bien regrettée par la suite. Au moment de devoir choisir mes études supérieures, je me retrouve à hésiter entre l’audiovisuel et le sport, que j’appréciais aussi. Finalement, mon dossier n’a été retenu dans aucuns des BTS audiovisuels option montage auxquels j’avais candidaté. Je me suis donc retrouvé à aller en licence STAPS, et j’ai réussi en juin dernier à décrocher mon diplôme d’entraîneur, au bout de ces 3 années. »
Quand as-tu commencé à t’impliquer réellement dans le montage et la vidéo ? Y a-t-il eu déclencheur particulier ? Et quelles ont été tes premières « actions » lorsque tu as décidé de devenir sérieux dans cette démarche ?
« C’est durant ma deuxième année de STAPS que le « déclic » est survenu ; j’en étais désormais certain, je voulais faire de ma passion mon métier. Et cette passion, c’était toujours la vidéo. J’ai décidé de finir ma licence pour obtenir un diplôme, et en parallèle je proposais mes services de réalisateur de clips pour des petits artistes amateurs via les réseaux sociaux. J’ai créé un compte Instagram « professionnel » Instagram (à retrouver ici !), sur lequel je postais mes anciens contenus. C’est de cette manière que j’ai trouvé mon premier « client », un rappeur, E2RA. C’est donc à ce moment que je réalise mon premier clip : un véritable chef d’œuvre (rires). Le clip est tourné avec un iPhone et un petit stabilisateur pour téléphone, suffisant à l’époque, mais le manque de moyen s’est tout de même rapidement fait ressentir. S’en suit alors une ribambelle de demandes. C’est évidemment faux (rires). Plus sérieusement, les demandes étaient rares, et j’ai donc décidé de tourner moi-même des vidéos afin d’avoir du contenu à publier sur les réseaux. Ma priorité était aussi d’investir dans une caméra semi-professionnelle ainsi qu’un stabilisateur afin de pouvoir produire de la qualité. Je me suis donc procuré un lumix Panasonic GH4 ainsi qu’un feiyu ak2000s (stabilisateur) pour débuter mon activité. »
Peux-tu nous parler de quelques-uns de tes derniers clips et autres projets ?
« Mon dernier clip en date est celui de Wawa, un rappeur martiniquais. Pour l’anecdote, on avait prévu pour le clip de filmer à un endroit précis, éclairé de nuit avec un jeu de lumières ; mais quand on est arrivé sur le lieu, les lumières qui habituellement étaient allumées ne l’étaient pas. On a donc du se débrouiller et trouver un autre endroit en tournant en voiture dans la ville. Je tiens quand même à dire que mon domaine d’activité ne s’étend pas seulement au clip musical, j’ai récemment réalisé un teaser pour la marque de vêtement Ooroa (vidéo disponible ici) . C’était un format de vidéo que je n’avais jamais réalisé et qui m’a beaucoup plu ! Dans le même esprit, j’ai récemment tourné une vidéo d’entreprise pour un architecte d’intérieur voulant avoir une vidéo de présentation pour son site. C’est encore en montage, un peu de patience ! »
Peux-tu nous expliquer en quoi consiste ta nouvelle formation, et si elle te plaît ?
« Depuis ce début d’année scolaire je suis donc en formation vidéographie à l’école Agnès Varda en Belgique. C’est une école pour adultes, ce qui signifie que les cours s’y effectuent le soir, à raison de 4h par soir, 3 fois par semaine. J’ai trouvé les horaires très intéressants, ils me permettent de continuer mon activité de vidéaste amateur tout en pouvant avoir mon job étudiant à côté pour gagner un peu d’argent. C’est une formation qui dure 3 ans, dans laquelle on apprend à maîtriser entièrement une caméra, les logiciels de post-production, les techniques de tournage, la captation sonore, et plein d’autres choses encore… Pour l’instant (il n’a commencé qu’en septembre, ndlr) je suis très satisfait de cette formation ; il y a autant de pratique que de théorie, et j’accorde beaucoup d’importance au fait de pouvoir pratiquer régulièrement pour m’améliorer, et l’école possède énormément de matériel professionnel pour que l’on puisse tous pratiquer. »
Quels sont tes projets pour l’avenir ? As-tu un plan précis en tête ?
« Pour l’instant mon projet à court terme (si je me projette sur les 2 ou 3 prochaines années) est simple : continuer de me former, tout en gagnant de l’argent pour pouvoir investir dans du matériel supplémentaire, afin de pouvoir me lancer dans de la prestation vidéo pour particuliers. Plus tard, dans l’idéal j’aimerai participer à la création de courts métrages en ayant différents rôles ; réalisateur, monteur, et même pourquoi pas comédien ou scénariste. Toutes les étapes de création d’un court métrage me fascinent, et j’aimerai ne pas me limiter à un seul rôle. Un futur un peu plus réaliste serait de créer ma boîte de production et de faire du film d’entreprise, du clip, de la pub… Pour l’instant, je ne sais où le destin me mènera, mais je sais que je vais tout faire pour réussir dans ce que j’aime. »
Ce sont sur ces paroles inspirantes que se conclue cette interview. Vous pouvez retrouver Martin sur son compte Instagram ainsi que sa chaîne YouTube.
Si vous les avez manquées, vous pouvez trouver le récapitulatif des sorties musicales de la semaine passé juste ici, et suivre Dynam’hit sur Facebook, Instagram et Twitch ! A vendredi !