OP/H à la Ô Galop pendant son set le 28 janvier 2017 au Dock des Suds à Marseille

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Samedi 28 Janvier s’est tenue la Ô Galop au Dock des Suds à Marseille. C’est à cette occasion que j’ai eu la chance de rencontrer OP/H, un DJ lyonnais exilé à Berlin. Je vous propose de retrouver un report de son set puis son interview.

OP/H était à la Ô Galop pour ouvrir le bal de cette belle soirée. Il a réalisé un mix de 3 heures. Le début de son set était plus orienté vers de l’expérimental pour s’accélérer au fil de son set. J’y ai découvert de belles tracks électro pour finir sur une techno plus rapide avec un peu d’acid. Ces 3 heures m’ont marqué par la variation du set d’OP/H. Il a transporté le public et l’a fait voyager. C’était sûrement le plus beau set techno que j’ai pu voir à cette « minuit-midi » et pourtant les autres DJs ont aussi réalisé de très beaux mix. J’ai d’ailleurs eu de très bons échos de la part de certaines personnes qui l’ont vu jouer.

Tu es de Lyon à la base ?

Oui

A Berlin depuis combien de temps ?

Ça fait bientôt 3 ans.

Tu es là-bas pour la musique ou plus pour un ensemble ?

Pour un ensemble. J’y suis en premier lieu allé pour la musique clairement. Quand tu écoutes de la musique électronique, t’entends parler de Berlin forcément et j’avais déjà des potes qui y étaient. C’était vraiment l’occasion d’aller voir, j’avais entendu que des bonnes choses sur cette ville. C’était vraiment par curiosité, et puis j’avais envie de partir quelque part. Au bout d’une semaine là-bas, j’ai compris que j’allais y rester plus que seulement quelques mois.

T’avais besoin de gratter la ville ?

J’ai très vite compris que c’était cool, très zen et peace comme ville. Tu te sens tranquille, partout, que tu sois dans la rue ou en soirée. Pour répondre à ta question aussi bien qu’en club ou que dans la vie quotidienne.

Par rapport à Lyon tu vois comment la différence de la scène ?

Vaste sujet pour le coup. Quand tu parles de la scène tu parles des artistes ?

Des artistes, des clubs en soi. Des deux aspects.

Pour ce qui est des clubs, ça dure plus longtemps, les DJs ont des sets beaucoup plus longs qui permettent de laisser s’exprimer, de tenter plus de choses. Le public est peut-être un peu plus patient et réceptif. Un peu plus éduqué je dirais de manière générale. Ce qui fait que tu peux tenter plus de trucs. Les DJ ne font pas forcément dans la facilité.

Ils sont plus libres ?

Les soirées durent plus longtemps, c’est moins cher, c’est détente. Un peu tout ce que tu veux. Tu as cet aspect qui, certes aujourd’hui est une sorte de concept marketing, mais c’est « underground ». Beaucoup plus qu’en France ! Les gens vont avoir le droit de faire un peu plus de choses. Tu te sens libre en fait c’est cool. Autant du point de vue du DJ que du client de club.

Du coup j’imagine d’après ce que tu me dis, tu préfères les sets un peu longs dans lesquels tu peux t’exprimer, en jouant sur 3-4h plutôt que sur un set d’une heure ?

En France en général c’est 2h. Mais tu vois par exemple dans la Ô Galop, ce qui est bien, c’est qu’ils se sont totalement inspirés de ce qui se fait à Berlin. Tu le vois par rapport au concept « Midi-Minuit », donc soirée longue et avec des sets longs. Au lieu de faire jouer 6 DJs pendant 2h ils font jouer quelques DJs pendant 3h ou 4h. CA c’est bien. Et au niveau de la déco aussi, c’est un peu ambiance industrielle, des palettes en bas, des décorations différentes de partout. Ce n’est pas le club aseptisé, il y a une volonté de donner une âme à la soirée.

C’est pour ça qu’ils ont beaucoup de succès sur Marseille, parce qu’ils sont en train de créer un truc.

Oui, après je pense qu’il y en a d’autres qui ont eu ce concept, genre Concrete à Paris ou d’autres soirées à Lyon, c’est un peu le même délire. Ce sont des concepts où les gens s’inspirent de Berlin, ça part de là-bas effectivement. Il y a des gens qui se sont battus pour la techno pendant des années parce que ce n’était pas accepté et d’un coup ça l’a été. À partir de là, il y a eu une standardisation des soirées et c’était toujours un peu tout pareil partout. Il y a des gens qui se sont sentis frustrés par ça et qui ont voulu reprendre ce qu’il se passe ailleurs, comme à Berlin ou d’autres villes qui ont moins connu cette standardisation.

Ce soir pour la Ô Galop, ton nom est adossé à des DJs comme Vril, Dr.Rubinstein. C’est la première fois que tu les rencontres ?

Je ne les ai jamais rencontrés auparavant. J’ai vu Vril jouer plusieurs fois. Mais par contre je n’ai jamais vu jouer Dr.Rubinstein et c’est celle que j’attends le plus ce soir parce que j’ai beaucoup entendu parler de ses sets et je pense qu’elle joue dans un registre de musique qui me plait genre plutôt techno « old school ». Je pense que c’est bien qu’elle joue à la fin. C’est de la techno assez énergisante. J’ai un peu plus de mal avec la techno qui est plus industrielle. Il y a certains artistes que j’aime beaucoup comme Perc ou Ancient Methods pour ne citer qu’eux mais un set indus’ qui n’est que de la violence, du marteau qui tape, j’ai du mal. Pour moi il faut qu’il y ait du groove à un moment. Il faut que ça galope.

Tu recherches plus de sons old school d’après ce que je comprends ? Tu recherches plus dans les années 90s ?

C’est pas mal dû au fait que je me sois mis au mix vinyle il y a 3 ans. Avant je ne mixais qu’en digital. Je suis plus curieux et intéressé de découvrir des sons sur vinyle des années 90 plutôt que des sons d’aujourd’hui à acheter sur vinyle alors que tu pourrais les choper en digital. Parce qu’il y a pas mal de sons que tu peux acheter aujourd’hui qui ressemblent beaucoup à d’autres sons dans les années 90 et que tu vas choper pour pas cher et que personne connaît. C’est beaucoup plus intéressant !

A l’époque ils avaient plus un message à faire passer ?

Je suis trop jeune pour le dire mais je ressens qu’il y avait plus d’insouciance, ils ne savaient pas trop où ils allaient et expérimentaient dans tous les sens.

Tes orientations sont plus tournées vers la techno d’Angleterre pour le coup ?

Avant, il y a quelques années, j’écoutais beaucoup de breakbeat, house anglaise et UK garage. A côté j’écoutais de la techno, c’est un peu un mélange des deux qui s’est fait, avec donc une touche anglaise. Un truc un peu hybride. Je n’ai pas vraiment de style, j’aimerais pas m’en donner un. J’expérimente des trucs.

Ce qui me caractérise c’est que de temps en temps je vais bien dans le style old school, acid, énergisant, mais que j’aime aussi passer par des phases à ambiance plus deep, hypnotisante et évolutive. En fait ce que j’aime vraiment c’est de parfois tenter de mettre un son à un moment où il devrait pas l’être et me demander s’il ne faudrait pas que je le mette là et essayer de voir s’il peut rentrer. Caler un son house ou breakbeat dans un set techno pour voir et mélanger avec une track qui va bien coller. J’essaye de moins le faire maintenant parce que ça peut donner une impression de set un peu décousu. Mais j’essaye quand même de conserver ce côté ou tu vas mettre un truc à un moment, qui va un peu être tomber comme un cheveu sur la soupe.

Le DJ est donc bien là pour raconter une histoire ?

Avant je partais dans toutes les directions, c’était un peu dur de faire des sets construits. C’était plus des phases avec des rampes de lancement pour partir sur un autre style. Mais c’est différent depuis que je mixe avec un pote, qui s’appelle Chami, qui est vraiment excellent en technique de DJ et qui a une très bonne oreille surtout pour les sons techno. Il m’a beaucoup aidé quand on a joué ensemble à me cadrer et à m’apprendre à vraiment construire un set correctement avec une logique en prenant en compte les zones de confort des gens et comment ils vont le ressentir. Se dire là ils sont bien mais après on va les frustrer un peu, on va faire ça, on va les relâcher.

Tu joues d’ailleurs souvent en back to back avec lui ?

On a joué 2 fois ensemble en club : au Griessmuhle et à l’Arena. Sinon c’est dans de petits évènements intimistes ou à la maison.

L’Arena c’est impressionnant à faire ?

C’est le premier gros club qu’on faisait. Avant on mixait à l’Humboldthain. L’Arena c’est le premier club qui, quand tu en parlais à tes potes en France, ils connaissaient ! C’était une grosse pression, j’étais très stressé.

J’avais eu des très bons retours d’ailleurs de cette soirée.

En soi, je ne pourrais pas te dire, j’étais tellement focus sur mon set. Je voulais faire bien. Une fois passé j’étais content, ça m’a demandé beaucoup de préparation.

Comme pour ce soir, tu as dû le préparer ?

Dans mon sac, il y a une chronologie de disques qui vont bien et ça fait des bonnes étapes, une bonne évolution. Après on verra si un morceau ne passe pas ou à l’inverse si un morceau passe trop bien je continue. On va voir ce qu’il se passe.

Tu joues sur vinyles ce soir ?

Oui, et un peu sur CDJ mais très majoritairement vinyle.

Te connaissant, pas mal d’acid ?

Ça va être varié ce soir. C’est une direction que je prends en ce moment, je mets un peu moins d’old school, j’essaye plus de construire une vraie histoire par rapport à ce que les gens vont ressentir. J’essaye un peu de deviner ce qu’il va se passer. Ca va jouer des sons de tout type. J’aime bien tout mélanger. Je préfère garder l’acid et tout ce qui est old school pour la fin, une fois que tu t’es un peu introduit, que tu as passé des sons un peu dark, hypnotiques. Tu donnes après de l’énergie pour la fin, surtout en warm up il faut que ça monte en énergie.

Comment ça s’est passé avec la Ô Galop ?

Je suis proche de l’équipe, j’étais venu une fois en mars. J’avais trouvé génial le concept de la soirée, qui dure de minuit à midi. Ca m’avait parlé tout de suite. De voir cette équipe faire ce travail en sortant des sentiers battus c’est juste impressionnant.

Tu peux m’en dire plus sur le collectif dont tu fais partie : Stützpunkt?

Je suis DJ résident pour eux avec Chami. Il y a un focus très techno mais quand on mixe à l’Humboldthain, il y a aussi une salle house. Parmi leurs objectifs, ils essayent de faire jouer des artistes étrangers qui sont installés à Berlin pour le son. Le nom veut plus ou moins dire dire « base de repli militaire », ce qui est cohérent avec le projet.

Et que signifie ton nom de scène OP/H ?

Stützpunkt m’ont demandé mon nom d’artiste. PH ce sont mes initiales, puis j’ai rajouté le slash. Mais je trouvais que graphiquement il y avait un déséquilibre. C’est pour ça que j’ai rajouté le « O ».

S’il y avait le feu chez toi et que tu devais sauver un seul vinyle, lequel serait-il ?

Je préférais que tout crame ! Il y en a qui sont très précieux pour moi mais j’en aurai peur d’en oublier. Il y a des vinyles qu’on m’a offert qui sont du coup importants. Il y a des vinyles qui ont juste une valeur sentimentale, sans forcément de rapport avec la musique en soi. Il y a des vinyles que j’ai payé très chers parce qu’ils étaient rares et j’ai dû banquer. Et puis il y en a juste que j’aime beaucoup et que je joue tout le temps. Je pourrai pas en donner un. C’est pour ça que je préfèrerai que tout crame. Et puis si je n’ai qu’un seul disque je ne pourrai plus faire de transitions (rires).

Combien as-tu de vinyles ?

Pas loin de 500 mais j’en ai beaucoup qui sont des albums à écouter seulement. J’écoute beaucoup d’autres styles. Du rock, pas mal d’ambiant, d’expérimental et de drone. J’ai aussi beaucoup de house, de disco, de techno, de techno old school. J’ai aussi une platine de salon pour écouter de son, pas que pour mixer. C’est bien de changer, d’écouter autre chose.

Tes inspirations musicales tu les chopes où ?

J’ai pas de routine quand je digg’. Je ne digg’ quasiment que sur Discogs. J’écoute toute la discographie des artistes ou tout le catalogue des labels sur lesquels je tombe. J’ai besoin de faire ce travail exhaustif pour me faire ma culture et forger mon opinion. Il faut vraiment que je lise tout comme la bio, une interview de l’artiste, un article.

Sinon ce sont des potes qui m’envoient des sons à écouter. J’ai pas mal de gens qui ont une bonne culture et qui m’en envoient comme Byche par exemple. Il fait partie des gros diggers pour moi, dès qu’il m’envoie un truc en général c’est bon. Il fait pas mal de soirée à Lyon d’ailleurs avec Instictive Travel et il joue sur la scène house de la Ô Galop en même temps que moi. C’est d’ailleurs cool qu’un pote mixe en même temps quand moi pendant la même durée dans une autre salle de la même soirée.

Un grand merci à OP/H pour cette belle interview !