Le 17 mars dernier, la vie nocturne s’est éteinte dans la France entière pour limiter la propagation du coronavirus. Une nouvelle qui avait été accueillie avec résilience de la part des clients mais aussi des travailleurs du milieu, conscients de devoir faire cet effort pour la protection de tous. Pour une, deux semaines, peut-être un mois, pensait-on ?

Huit mois sont passés et les portes des 1600 clubs français demeurent fermées, laissant des dizaines de milliers de clients orphelins de leur club préféré mais surtout mettant des milliers de travailleurs du secteur dans une situation très délicate.

La France qui comptait 4000 discothèques au début des années 2000 et qui n’en comptait déjà plus que 1600 au début de l’année, vient de perdre en l’espace de 8 mois, 300 discothèques de plus qui ont déjà déposé le bilan selon Patrick Malvaës, président du syndicat national des discothèques..

Sans compter les milliers de boîtes de nuit qui survivent encore aujourd’hui mais pour combien de temps ?

Qu’ils soient propriétaires d’un club, gérants, serveurs ,barmen ou barmaids, dj ou physionomistes, ils représentent 25 000 travailleurs du secteur qui sont impactés directement par la fermeture des clubs. Sans compter, les prestataires et fournisseurs de boissons qui eux-mêmes ont perdu leur principal chiffre d’affaires qu’est le monde de la nuit.

Des institutions de notre région comme Le Mistral à Aix-en-Provence existant depuis 1952, sont aujourd’hui au bord de la banqueroute, avec plus de 300 000€ de pertes depuis le 17 mars dernier. Un club qui a reçu les plus grands et fait danser des milliers de jeunes et moins jeunes dont je fais moi-même partie.

Nous qui fréquentons ces lieux, parfois même plusieurs fois par semaine, nous qui aimons se rassembler pour profiter et oublier les soucis du quotidien autour de la musique, nous qui avons si souvent rencontré des amis, des amours, des frères et sœurs grâce à ces lieux. Nous ne pouvons pas laisser les clubs et boîtes de nuit mourir dans l’indifférence générale.

Nous ne pouvons pas comprendre que malgré la grande volonté des professionnels du secteur pour élaborer des protocoles sanitaires, ou pour transformer leur club en bar le temps de la crise sanitaire, ils ne soient presque pas entendus ni même écoutés.

Alors que faire ?

Rassemblement devant le Mistral à Aix-en-Provence du Collectif des Discothèques en colère PACA & CORSE

Les professionnels du secteur ne se laissent pas abattre, ceux que nous avons contacté sont prêt à se battre jusqu’au bout pour ne pas fermer leur commerce. Quitte à y perdre du temps, de l’argent mais surtout à avoir des nuits plutôt agitées tant la pression devient forte..

Mais seuls, et malgré la plus grande volonté, ils n’y arriveront pas. Ils n’arriveront pas à tenir jusqu’en avril prochain (la date supposée de réouverture et encore nous n’y sommes pas). Beaucoup fermeront leurs portes, laissant la place à de grands groupes, rachetant à bas prix, le travail de toute une vie.

Ils ne demandent pas forcément d’aides financières, ni de prêt garantie par qui que ce soit, ils demandent simplement de pouvoir travailler comme ils le font parfois 365 jours sur 365. De pouvoir garder leur salariés, de pouvoir faire vivre nos nuits au moins un peu comme avant.

Ils ont besoin de nous, client d’un soir comme de tous les week-ends. Ils ont besoin de se faire entendre dans un monde où l’on ne parle plus que d’un virus et non de l’impact qu’il peut avoir sur des professions entières.

Ils ont besoin que l’on parle d’eux, que l’on fasse entendre leurs revendications. Que l’on respecte les gestes barrières notamment dans les bars et restaurants pour montrer que nous pouvons aussi le faire en boite de nuit et que nous sommes disciplinés et prêts à faire des efforts pour vivre un peu plus comme avant.

Ils ont besoin que nous leur montrions que nous sommes avec eux, qu’ils ne se battent pas uniquement pour leurs emplois, mais aussi pour une vision de la France, une France où l’on s’amuse, une France où l’on danse, une France où nous sommes capables de faire les efforts nécessaires pour ne pas plonger toute une profession dans la détresse.

Des actions pacifiques sont déjà en cours. Un collectif régional (comprenant la Corse) s’est formé laissant de côté la concurrence féroce qui sévit parfois entre les clubs.

Des rassemblements respectant les gestes barrières comme celui d’hier devant la préfecture des Bouches-du-Rhône sont prévus si rien n’avance, nous espérons vous y voir. Dynam’hit sera présent à chaque fois que nous pourrons pour soutenir les professionnels du secteur avec qui nous travaillons et nous nous amusons depuis des années.

Nous appelons toutes les associations de notre école et plus généralement les étudiants à faire de même, toujours pacifiquement et dans le respect des gestes barrières. Vous trouverez les informations sur les prochains rassemblements sur notre page Facebook.

Car qu’est-ce que serait la vie de Kedger sans les mythiques boîtes de nuit Marseillaises ? Nous le vivons depuis quelques mois, et nous sommes en grande partie tous d’accord pour dire que ce n’est pas l’année la plus joyeuse dans notre belle cité d’Euromed…

Leprince Lucas