L’occasion d’enfin assister à une prestation de Tyler the Creator, déprogrammé au dernier moment au festival de Dour. Il s’agissait pour ce californien excentrique de défendre Cherry Bomb, daté de cette année, devant le public Français. Le Trianon, salle flanquée de balcons à l’allure théâtrale, promettait de donner au concert une atmosphère très particulière avec ses moulures, son feutre et ses rideaux.

La première partie était assurée par Taco et Jasper The Dolphin, acolytes de longue date de Tyler et piliers du très original collectif Odd Future. On se souvient qu’ils accompagnaient déjà le créateur en première partie d’Eminem au Stade de France quelques années en arrière, suppléés par Earl Sweatshirt. Le préambule fut à leur image : tout aussi extravertis que leur chef de file, les deux compères ont alterné entre certains sons de Jasper et des morceaux à la teneur trap tels que Used To de Drake (If You’re Reading This It’s Too Late). Le résultat sur le public fut immédiat : la salle, bondée, répondait parfaitement aux invectives des deux artistes et s’agitait en tout sens dans une ambiance des plus chaleureuses. Tous était prêt à accueillir Tyler, et l’affection témoignée par cette génération à un artiste revendiquant la liberté et l’abandons d’idéaux figés était presque palpable.

C’est sous une ovation sincère que l’artiste de 24 ans a foulé la scène, affublé de ses éternels short, casquette et paire de Vans, et suivi de près par Jasper. Après quelques pitreries qu’on leur connaît et qui font efficacement fondre la distance entre lui et le public, le trio s’est lancé dans un très dynamique DEATHCAMP, morceau d’introduction de Cherry Bomb. La foule, déjà chauffée à blanc, s’est montrée réceptive à chaque instant et a largement contribué à porter des morceaux taillés pour la scène. On avait rarement un public francophone reprendre des paroles avec autant d’enthousiasme et d’application.

La tracklist, comme il l’était à prévoir, s’est avérée très éclectique : il est vrai que Cherry Bomb comporte des morceaux aux accents jazz ne se prêtant pas au contexte. Après DEATHCAMP, on a eu l’occasion de voir Tyler entonner CHERRY BOMB, FUCKING YOUNG / PERFECT, ou encore THE BROWN STAINS OF DARKEESE LATIFAH PART 6-12 (REMIX). Au rang des incontournables se trouvaient bien entendu Yonkers, morceau obscur et énigmatique qui avait contribué en 2011 à projeter son instigateur sur le devant de la scène, ainsi que Bitch Suck Dick (Goblin), Domo 23 (Wolf), Ifhy (Wolf), ou encore Tamale (Wolf).

One ne pouvait conclure la prestation sans un des fameux pogos orchestrés par Tyler dans la quasi totalité des concerts donnés. Ce dernier a donc fait former un large cercle, à plusieurs reprises, parmi les spectateurs ravis. Après avoir chahuté une dizaine de minutes, le public échevelé s’est massé devant la scène pour assister à la sortie de Tyler, Jasper et Taco et demander un rappel. Le rappeur, visiblement affecté par les dates précédentes, ne fera pas de nouvelle apparition.

Nous pouvons donc tirer un bilan très positif de la performance de Tyler, qui, une fois de plus, a su se monter authentique et s’est impliqué corps et âme dans la tenue de son show malgré la fatigue, chose pour laquelle le public s’est montré reconnaissant.

Rédigé par

Brendan Roué

Président // Pôle Partenariat // Référent Back to Black