[note3] Les Japonais de MONO n’ont jamais fait dans la demi-mesure et ils nous le prouvent encore une fois. Après l’excellent For My Parents (2012), aux critiques élogieuses quasi unanimes, le groupe nippon revient en force, non pas avec un, mais deux nouveaux opus. Retour sur un album concept, aux « deux parties opposées et complémentaires de la même histoire »… 

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Difficile d’avoir un jugement sur les deux albums en simultané, tant ils sont différents dans les thèmes et les sons proposés. Commençons donc tranquillement avec The Last Dawn.

The last dawn

Tranquillement est vraiment le terme qui convient. Doux, mélodieux, lent … mais aussi soporifique seraient également des mots adéquats. En effet, composé de 6 titres, le groupe nippon nous laisse une très forte impression d’un « déjà entendu » mais surtout d’un sentiment de frustration constant. Et d’ennui.

Comparé à ce que le groupe a pu nous proposer dans les précédents albums, surtout au niveau des arrangements orchestraux, The Last Dawn nous laisse un goût amer : une certaine lassitude s’installe au fur et à mesure que les chansons s’enchaînent ; jamais de riffs ravageurs, jamais de mélodies qui rentrent dans la tête. Pourtant, on sent bien que MONO a voulu bien faire, mais le travail a été fait avec trop de retenue. Il manque toujours  la petite étincelle qui pourrait faire de The Last Dawn un très bon album de post rock « atmosphérique ».

Certes, quelques chansons sortent du lot : Kanata et Cyclone en feront frissonner plus d’un, mais restent très (trop ?) classiques dans leur structure (calme – légère montée en puissance – retour au calme) et Where We Begin, certainement la meilleure chanson de l’album, propose (enfin ?) des saturations ravageuses vers la fin du titre, avec une intensité que l’on retrouvait dans l’œuvre For My Parents (2012).

La chanson qui prête son nom à l’album, The Last Dawn, s’en sort plutôt bien de par son jeu de batterie (et surtout de cymbales) très planant. Dernier titre de l’album, elle annonce quand même de bonnes choses pour la deuxième partie.

Deux titres totalement anecdotiques (The Land Between Tides – Glory et Elysian Castles), longs à écouter, vite oubliés, complètent l’album. Et c’est bien ça le drame de cette création MONO-esque : on l’oublie car rien de transcendant n’en ressort.

https://soundcloud.com/pelagic-records/mono-where-we-begin-1/s-fD8oA

Si The Last Dawn était considéré comme le côté clair, le yang, le Luke Skywalker japonais, alors Rays of Darkness est sans conteste le côté obscur, le yin, le Dark Vador nippon.

Retour à un post rays-of-darknessrock plus primitif avec cet album : exit la douceur des arrangements orchestraux, faites place à des saturations de guitares explosives, une batterie dopée au wasabi et une basse encore plus dark que Dark Sidious … tout du moins, c’est ce qu’a annoncé le groupe concernant ce second opus.

Les Japonais n’avaient pas tout à fait tort mais restent quand même assez loin de la réalité. Là encore on sent que le groupe se retient et ne laisse pas exploser tout son talent (qu’il possède clairement !). Certes les compositions sont un peu plus violentes, plus sombres, plus primitives, mais rien de bien original : dans le même registre, d’autres groupes font mieux et même beaucoup mieux.

Sur les (seulement !) quatre chansons de l’album, deux sont vraiment originales. La première, intitulée The Hand That Holds The Truth, assène une claque monumentale et réveille nos tympans ; pourtant le début de la chanson s’annonçait mal. Pendant cinq bonnes minutes, c’est le calme plat, le néant intersidéral, le vide interstellaire.

Puis le messie arrive enfin : invité sur Rays Of Darkness, Tetsu Fukagawa, chanteur du groupe Envy hurle toute sa rage dans le micro et fait vaciller MONO dans un registre inhabituel, celui du post metal, aux sonorités inquiétantes.

Enfin une vraie surprise, c’est ce qu’il manquait.

https://soundcloud.com/pelagic-records/mono-the-hand-that-holds-the/s-53oC7

Le deuxième coup de cœur clôture l’album et s’intitule The Last Rays : son originalité réside dans son absence de batterie et de basse et on a plus l’impression d’écouter une chanson de Sun o))) que le groupe nippon. L’atmosphère créée par cette chanson est très étrange voire malsaine et la guitare aux sons distordus pourraient faire fuir de nombreuses personnes. Ce titre aurait très bien pu servir de morceau caché à l’instar du fameux Endless Nameless, de Nirvana (piste cachée de Something In The Way, sur l’album Nevermind)

Quant aux deux autres chansons (Recoil Ignite et Surrender), les envolées sont plutôt bien amenées mais là encore, rien de bien transcendant.

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Sans être le meilleur opus de la discographie de MONO, The Last Dawn//Rays Of Darkness a le mérite d’être un album concept aux sonorités quand même bien distinctes entre les deux parties. Pour conclure avec un mauvais jeu de mot (qui pourtant résume bien l’ensemble), nous avons le droit à un album « nippon ni mauvais ».

Les différentes chansons sont à écouter sur Soundcloud : https://soundcloud.com/tags/mono

Rédigé par

Alexis Tisserand

Sec Gé // Pôle rédac // Rock Pulse // Dead Pixel