Lundi 10 Novembre dernier sortait The Endless River, nouvel (et ultime ?) opus du groupe mythique Pink Floyd, qui succède à The Division Bell sorti en 1994. Entre inquiétudes et enthousiasme, les fans ont pu découvrir cet album hommage à Richard Wright, membre historique du groupe, décédé en 2008.

 

The Endless River contient en fait des enregistrements inédits des séances du précédent album studio du groupe The Division Bell, publié en mars 1994 et se veut comme un hommage à Rick Wright, ancien claviériste du groupe mort le 15 septembre 2008, à l’âge de 65 ans. Wright décédé, Roger Waters absent depuis 1985 et son départ houleux, David Gilmour et Nick Mason décident de reprendre une partie des sessions de 1993 pour réaliser un album qui fera la part belle aux synthétiseurs de Richard Wright. Mais des inquiétudes existent, donc, quant au but initial de cet album : coup marketing ou véritable intention de bien faire ?

En effet, depuis le départ tumultueux de Waters (débouchant sur des histoires de gros sous), peu de choses sont sorties en près de vingt ans, seules des apparitions publiques lors de concerts de charité (Hyde Park en 2005) sont venues atténuer l’état de manque des fans de la première heure.

Avant l’écoute de l’album, une peur s’est emparée de moi : peur d’un rafistolage mal-senti entre la reprise d’anciens enregistrements mêlée à une touche de modernité qui ne correspond aucunement au son mythique crée par Pink Floyd.

David Gilmour lève certains doutes lors dun entretien accordé à Télérama : « The Endless River, découpé en quatre suites d’une quinzaine de minutes, a été conçu à la manière d’Ummagumma ou des titres Echoes et Shine On You Crazy Diamond. Des dizaines d’idées, de sections, d’improvisations que, petit à petit, nous avons reliées en suites cohérentes ».

Divisé en quatre grands mouvements correspondant à autant de face d’un double album vinyle, il s’agit d’une œuvre principalement instrumentale. Les deux membres restants entendaient ainsi rendre hommage au travail des claviers de Rick Wright. Car c’est bien lui la vedette du disque. Un clavier aux sonorités encore inégalées aujourd’hui, allié à la guitare magistrale de Gilmour rappelle tout ce qui a fait le succès du groupe depuis un demi-siècle. Pink Floyd nous remet en mémoire ces mélodies qui ont fait leur succès, comme le clavier sur le titre Things Left Unsaid ou les guitares sur Allons-y.

 

The Endless River n’est pas un album « prosélyte ». Je m’explique : là où se situe la force de ce disque, c’est qu’il ne cherche pas à attirer de nouveaux adeptes, bien au contraire. Par sa construction (très peu de chants et aucun « hit »), n’importe quel néophyte ne fera sûrement pas l’effort de s’y accrocher. Et il en est peut-être mieux ainsi. L’album, écouté d’une traite, vous transportera tel un délice gustatif. Les pistes, jouées séparément, perdront tout leur sens.

Vous comprendrez alors la difficulté qui est la mienne au moment de choisir des extraits tirés de cet opus.

Au final, cet album, c’est comme retrouver un vieil ami vingt ans après. On sent que c’est la dernière fois, le temps défile à toute vitesse, jusqu’à s’éteindre doucement, nous donnant envie de se replonger dans les souvenirs, dont celui, inoubliable, du concert au Château de Versailles. Cet album est sans doute le dernier  (annonce confirmée par Gilmour et Mason), celui qui referme une boucle ouverte à Londres par de simples étudiants à l’université, il y a 49 ans (!).

 NB : The Endless River était avant sa sortie l’album en prévente le plus commandé de l’année sur Amazon.

Rédigé par

Jean Grangeon

Pôle programmation // Smooth Vibes // Matinale // Pôle Partenariat à Vinyl On Mars