Depuis quelques mois, ils sont littéralement partout. Si le rap belge est en pleine expansion ces temps-ci, c’est principalement grâce à ce duo presque devenu iconique dans le sphère du rap francophone, qui séduit les amateurs de rap autant par leur phrasé travaillé que par leur identité visuelle qui passe par des clips subtiles, des émissions de cuisine, des sons incroyablement variés et efficaces, ou encore une amitié profonde avec ce génie de Roméo Elvis. Le Portrait de Cab et JJ pour vous à l’occasion de leur venue à Marseille dans le cadre du MMX festival organisé par Purplez et WeArt.

Beaucoup ont mis du respect sur leurs noms récemment, à juste titre. Les nouvelles têtes d’affiche de la désormais renommée « nouvelle vague du rap belge » ont littéralement explosé depuis la sortie de Double Hélice 2, sorti le 12 mai dernier et qui est une suite direct de leur premier album studio commun au nom éponyme. Retour sur leurs carrières solos puis sur leur incroyable collab.

Instant culture

(Double Hélice, une référence directe aux deux brins d’ADN qui se complètent avec cette forme et sont indissociables, tel leur duo cqfd.)

La particularité du duo est qu’ils autoproduisent la plupart de leurs titres au travers de Studio Planet, un studio de prod qu’ils ont eux même montés suite à une campagne de Crowdfunding fructueuse. (ici). Depuis, succès sur succès, production et/ou mixage de certains morceaux de Lomepal sur son - délicieux - dernier album FLIP mais surtout réalisation de leur fantastiques deux albums studios.

Avant ça, Arthur Caballero aka. Pharaon Blanc et le double J avaient déjà fait un bon bout de chemin.

Ancien membre du groupe bruxellois Les Corbeaux, Caballero sort son premier projet, Laisse moi faire, en 2011. C’est à ce moment qu’il fait la rencontre de celui qui deviendra son meilleur partenaire de mic: JeanJass qui fait lui partie du groupe Exodarap (Verlan de Paradox). Son plus gros projet jusqu’alors sera Laisse-nous faire sorti en 2013 et contenant 23 morceaux avec des featuring hyper sexy avec Alpha Wann, Doum’s ou encore Lomepal. 2016 marquera aussi la désormais célèbre collab entre Caba et Roméo Elvis sur l’immense Bruxelles Arrive. Un petit reminder ?

Travaillant épisodiquement ensemble, leur première grosse collaboration date de 2014 avec premier projet commercialisé de Caballero, Le pont de la reine, dont JeanJass a produit la moitié des morceaux. ils finissent par partager le micro en 2016 au moment de sortir Double Helice qui a été un tremplin pour les deux artistes qui gravitaient déjà dans cette sphère bruxelloise dotée de beaux noms et constituée - entre autres - de Roméo Elvis, La Smala, Le Seize, le Motel, l’Or du Commun ou encore Damso.

Avec des sons tels que Repeat, Merci Beaucoup, Motivé ou encore Yessai, dont je vous laisse apprécier la qualité et qui ont la particularité d’être produit entièrement produit par JeanJass (décidémment un homme à tout faire), Cab et JJ obtiennent enfin le succès qu’il méritent.

Une identité visuelle travaillée

Comme tout rappeur de notre génération, Cab et JJ ont compris assez rapidement que outre le fait d’obtenir plus de maille au travers de Youtube, leurs clips leurs permettraient d’avoir une identité visuelle et surtout de redonner vie à leurs sons, ce qui a marché du feu de Dieu dans le cas de Double Helice 2. Presque tous réalisés sous la houlette des talentueux mecs de Back In The Dayz, ça laisse clairement pantois. J’ai en tête les clips de SVP, TMTC, On est Hauts ou encore Vrai ou Faux sorti dimanche dernier et filmé à Dour, où ils ont ont été simplement époustouflants, le tout avec un public acquis à leur cause dans le grand chapiteau, d’autant plus avec la présence de Roméo et les mecs de l’ODC.

Je vous laisse jeter le coup d’oeil, croyez-moi ça vaut le détour:

Un style vestimentaire qui pèse:

« Sappé en Ralph Lau ou bien à poil, jsuis tout le temps canon »

Au temps des rappeurs qui sortent tous des lignes de sap’ souvent si abominable qu’on se demande qui pourrait porter des trucs aussi affreux, Cab et JJ font encore une fois la diff. Du textile de qualité avec des motifs stylés, c’est ce qui fait le succès du cabaJJ shop. (allez donc faire un tour, avant de m’accuser de groupie -> )

Outre les clips, entre caba qui pourrait presque être ambassadeur de Ralph Lauren (Caballero signifie cavalier en espagnol, tiens tiens…) et JeanJass qui est toujours au top de la sneaker (trait distinctif également pour Roméo Elvis qu’on ne voit jamais se séparer de ses saps de la marque au croco, qu’il a lui aussi retravaillé sur son webshop…), il faut bien avouer que ces deux là ont du style.

Des prestations scéniques aussi lourdes que la Gulden Draak.

C’est le petit bonus de cet article. La clique bruxelloise prend un plaisir fou sur scène, et qu’il y a t’il de mieux que des artistes qui transmettent leur plaisir de performer à leur public ? Probablement peu de choses. Les festivaliers de Dour, une petite commune mais surtout un très très grand champ de terre qui héberge chaque année le DOUR FESTIVAL qui regroupe la crème de la crème de la scène hiphop, du rap mondial mais également de la musique électronique dans son ensemble, ont pu assister à l’extase et surtout la symbiose musicale qu’on su apporter El Gordo Guapo et Jass et ce dès le premier jour du festi. Une image vaut mieux que milles mots, je vous laisse apprécier cette régalade.

« Avec les années j’me suis assagi, de plus en plus fort comme un Saiyajin »: Merci Double Hélice 2.

Vous l’aurez compris, le chemin parcouru est déjà conséquent. Le succès de Double Hélice 2 n’y est pas pour rien. J’ai souvent tendance à dire que les prod’ des rappeurs d’aujourd’hui sont toutes les mêmes et qu’elles ne sont plus aussi travaillées que celles qui pouvaient sortir des studios de productions dans les années 90′. Ici, ce n’est que rarement le cas, maitre JJ passe des heures au studio et ça se ressent. Il leur a juste fallu 1 an pour produire un autre album composé de 16 titres après le premier volume -alors qu’ils étaient en tournée partout en Europe suite à la sortie de celui-ci -, ce qui est significatif du plaisir qu’ils prennent à écrire, produire et surtout travailler ensemble.

La diversité des influences est également une des forces du duo. En effet, même si la ligne directrice de l’album reste trap, avec des bangers comme « Sur mon nom » ou « On est haut », ils osent tout de meme explorer différentes sonorités comme le reggae dans SVP, mais aussi l’opposition des atmosphères passant de sons très planants à des sons plus énervés comme dans La Base.

On a également le droit à des couplets de rap en espagnol de la part de Cab comme dans Un Endroit sûr.

Pas de restriction au niveau des thèmes abordés non plus, certains sons sont axés sur la bouffe, un thème qu’ils affectionnent particulièrement et qu’ils subliment dans « High & Fines herbes » ( on vous laisse découvrir le concept) mais également des thèmes plus sombres comme dans Match Retour ou encore Oh Merde, ce qui est une avancée par rapport au premier volume qui était lui plus homogène.

Symbole fort de la symbiose qui opère au sein du collectif-qui-n’en-est-pas-un qu’est Bruxelles Arrive, le titre Bonnes fréquentations vous parlera à vous en tant que membre d’une meute bande de potes.

« Tu connais le slogan viva mon équipe »

N’oubliez pas qu’ils seront les co-têtes d’affiches du Marseille Music Expérience avec le S-Crew ce vendredi soir et ce dans le cadre exceptionnel qu’offre l’esplanade du J4.

Un dernier petit plaisir: le Grünt spécial Bruxelles, 48 min de pur bonheur.

From BX with Love.