C’est ma b*te ! Ah bah non, c’est ma review de l’album « Double V » d’Yvick Letexier aka. Mister V. Il est minuit et comme il l’a annoncé dans sa dernière vidéo : le projet est sorti ! Après de longues semaines de teasing parsemées de « fan-videos » diffusées par l’humoriste grenoblois sur son compte Instagram, on touche enfin au St-Graal … Si la carrière de rappeur d’Yvick est encore fraîche, il ne manque cependant pas de nous pondre un projet, certes ambitieux, mais accessible à tous. Avec des paroles entraînantes et un flow qui fait le taff’, on sent que cet album va nous suivre pour encore de longues soirées. Analyse d’un mec sans prétention aucune. 

« Double V »

Parlons déjà du passé musical de l’humoriste. Avec sa chaîne « Mister V Music« , Yvick totalise plus de 930.000 abonnés, tous aussi friands de ses aventures « hiphop-esques ». Avec Geronimo Beats à la prod’ mais aussi Kezah, les beats sont variés et collent parfaitement au « jeune » flow de Mister V. Un épisode qui m’a littéralement fait mourir de rire sur sa chaîne, c’était celui sur le « RAP VS RÉALITÉ » où il tourne en dérision les gros rappeurs du rap français (pensée à SCH qui est « toujours à l’heure pour la transaction »). Allez, trêve de balivernes, parlons peu mais parlons bien.

Mister V avec ses potes Jérémie Dethelot et Hakim Jemili

Le premier extrait que l’on a pu écouter de l’album, c’est « Top Album« . Déjà, pour le clip, adios les Lamborghini, on part sur de grosses Fiat Panda. A cela, on ajoute la clique d’Yvick (ça rime) et quelques effets visuels et on obtient un clip bien coolos qui cherche pas à se prendre pour ce qu’il n’est pas.  Question lyrics, Yvick nous dit qu’il s’en bat les couilles du Top Album (à entendre les charts / ventes de disques) car  » y’a que du commercial dans le Top Album  » et que sa « musique est trop bien pour le Top Album »  … Certains malpropres dénonceront l’egotrip (toute façon, le rap est fondé là dessus aujourd’hui) mais tout le personnage de Mister V nous empêche de dire ça ! Il se prend pas la tête et fait ce qui lui plaît : on en demande pas plus ! Ci-dessous, le morceau en question :

Maintenant, j’ai envie de parler du deuxième son que j’ai écouté, celui que vous pouvez entendre à la fin de cette vidéo : c’est « Space Jam » avec Hayce LemsiVolts Face. Déjà à la première écoute, la petite sirène de l’instru’ me rappelle les sons de Future. « Ton cul, c’est comme une ballerine / C’est plat et l’odeur dedans est horrible » … Franchement, je me tape une énorme barre à chaque phase que lâche Yvick. Où est-ce qu’il va les chercher, dites le moi ! Question beat (bite? ok, ça fait deux fois que je la fais), Geronimo Beats nous lâche une grosse grosse grosse instru avec des 808 bien sales. Un vrai son pour TURN UP et taper de grands pogos à la MJC de St-Brieuc !

« Space Jam »

Maintenant, « Gville » avec son soss Tortoz. Déjà connu dans le paysage du rap français avec quelques sons comme « Bowl« , « VIP » ou « Get Down« , le mec n’en est pas à son gallon d’essai … Petite parenthèse, gros gros big up à son « Camila » … Très gros clip et bien caliente pour l’arrivée de l’été !

Retour sur « Gville » … Dès le premier drop, on comprend rapidement ce que dit Mister V dans sa dernière vidéo parue plus tôt dans la soirée … « Après je veux vraiment respecter le rap … Je veux pas être ce gars dont t’as honte quand il freestyle » Et ça se sent, put**** ! Mention spéciale à la multi-syllabique « C’qui marchait quand les mecs du ghetto gang dégainent
Les frères, oh merde, mais qu’est ce qu’on attend » vers 1m40sec …

Maintenant, on part sur un « Deutsche Qualität » avec Samy Ceezy, son autre pote rappeur qui, lui aussi, participe au projet … Vous ne voyez pas précisément qui c’est ? Pourtant, vous le connaissez tous …  » Toi, tu touches le SMIC, moi, j’te touche les … « . Ne vous méprenez pas, son flow est sale et ses lyrics aiguisées. Pour la track en soit, je l’écoute et je me dis « ça me rappelle un peu SCH …  » … et là vient la phase : « J’veux pas être seul dans la Pontiac / J’ai changé le fusil d’épaule ». Le clin d’œil est énorme et ça fait bien plais’ de voir qu’il respecte et s’inspire (un peu) de poids lourds du rap français !

Samy Ceezy

Un titre m’interpelle maintenant : « Nightcall » . De tout l’album, je trouve que cette track est la plus engagée … Avec « Quand j’fais du rap, j’fais d’la poésie / Quand j’mens à quelqu’un, j’fais d’la politique », on sent une petite critique, certes acerbe. La suite de la track amène une mise en abyme avec « Deutsche Qualität » : « Maintenant qu’elle me connait, elle veut absolument (quoi ?) / Les clés de mon coeur ou plutôt celles du bolide allemand ». Le flow change et l’instru’ aussi dès que la phase est lâchée. Malin.

« Cendrillon« . Là, je vois plutôt quelques clins d’œil à B2O dans l’utilisation de l’auto-tune (qui peut être un très bon outil s’il est bien utilisé) :  » Combien m’ont tiré dans l’dos ? Combien pariaient sur l’fait que j’pouvais pas y arriver ? / Peu de gens misaient sur mon niveau, combien d’entre eux n’voulaient pas s’allier ? ». Fu** aux haters et il a bien raison !

Entre L.A et Grenoble

Pour « Thérapie« ,  « c’est que le début, le début yeah ». Remerciements à T-Pain pour l’auto-tune et instru’ truffées de snares, on attend (et espère?) que c’est pas juste un coup de tête et que d’autres projets sont en route, parce que comme il dit, c’est que le début ! Son très cool avec une mélodie un peu vaporeuse !

En parlant de sons sirupeux, « Bulletproof » est le son le plus chill de l’album. Mention spéciale au jeu de mot « C’est pas la mer qui prend l’Homme, c’est moi j’prends la tienne en double péné ». On ne saluera pas forcément le geste en lui-même, en revanche !

Allez, on enchaîne avec « Apollo 13« , plus précisément avec son refrain :

J’ai baissé la vitre, rassuré la mif’, j’ai changé de vie
Y’a rien qui est acquis, des fautes et l’abîme, tu perds c’est la vie
Les caméras filment mais j’ai pas envie d’dévoiler ma vie
J’ai changé d’avis, pour changer l’avenir, des années à vivre
Donc je m’éloigne du danger, loin de vos vices et de l’argent
Mais il est vrai que j’suis tenté d’remplir mes poches et puis jumper dans le vide
Je sais pas c’que j’veux moi
J’voulais pas laisser passer l’occase, laissez-moi, je sais pas

Yvick nous avoue, en chanson, qu’il saisit les opportunités et fait tout ce qu’il peut faire même s’il a peur pour sa vie privée à long terme … Ras-le-bol de la célébrité ? Sûrement. Il est responsable de ce qu’il écrit, pas ce qu’on comprend du flow (coucou Damso).

Mister V et son poto, le viner King Bach

Pour « Venice » (clin d’œil à Venice Beach, lieu phare de Los Angeles), Yvick chante son amour pour la ville des anges. Instru’ au top, paroles sympas … Pas la meilleure de l’album à mes yeux, mais toujours propre !

« Petit Déjeuner » … la track ego trip du projet ! Mais Yvick déconne avec justesse sans tomber dans le ridicule, comme dans tout « Double V« . Ci-dessous le refrain :

Ton poto rappeur, j’le graille au p’tit-déjeuner
Faire des dollars, j’y pense au p’tit-déjeuner
Son prénom, j’lui demanderai au p’tit-déjeuner
Le plus important c’est le p’tit-déjeuner

Enfin, le dernier son de l’album, la bonus track :  » Bonobo « . Un sigle m’interpelle et j’ai dû checker sur Internet sa signification « MQ2EBD » … Sigle de « Ma Queue Elle Est Bien Dure », track de Tortoz et délire entre les 2.

La tentation est grande mais l’amour attendra
Puriste m’aime pas j’fais du sale à temps plein
MQE2BD partout quand j’me balade

Et gros gros gros kiff pour la référence à « DA » de PNL :

Si la roue est bloquée, je la retourne comme Papin

Ciseaux retourné comme Papin

Pour conclure, je tiens à dire que ce projet est bon. Yvick se taille une place de choix dans le spectre du rap français. Avec de grosses, grosses instrus’ (qui font aujourd’hui vraiment la diff’ dans le rap) et une fan-base conséquente, ça ne m’étonnerait même pas de voir « Double V«  disque d’or dans les prochaines semaines. Bien joué, Rémi ! 

Album ici :