Le casque bien calé sur les oreilles, je me dis que les prochaines minutes seront d’une sensibilité que seuls quelques artistes parviennent à transmettre avec une telle pureté. Et SOHN en fait partie. Le producteur, compositeur et interprète anglais, aujourd’hui installé à Vienne, a produit son premier son il n’y a même pas deux ans. De la rondeur et de la profondeur, liées par une voix qui tranche par sa clarté, la couleur est annoncée par son premier titre, Oscillate.

SOHN ne brusque pas mes tympans, et semble être à la conquête de l’apesanteur. La symphonie éthérée et épurée de Warnings, sortie en 2012, me plonge dans une langueur sans pareil. Une berceuse 2.0, un appel au rêve. Mais c’était il y a deux ans. Je ne le connaissais pas encore. La découverte de SOHN m’a été permise grâce aux (très) bonnes mixtapes de Freunde von Freunden. Une petite recherche youtube plus loin, et je me retrouve sur un des meilleur remix de 2013 à mes yeux. SOHN a de l’audace de s’attaquer à Open de Rhye, et ça paye. Ce remix d’un des artistes les plus en vue du moment, montre à quel point l’anglais a l’oeil pour creuser certains titres encore plus en profondeur.

7 Avril 2014, sortie du premier album Tremors. Sa voix hypnotique n’a pas changé. À l’heure où les Jai Paul, et autres Ben Kahn, avec leur densité et leur sensualité imparable font face à des voix puissantes comme celle de Arthur Ashin (Autre ne veut) , SOHN semble condenser le meilleur pour nous l’offrir dans la juste mesure. Et ça fait du bien.

Certes, cet engouement est justifié ! Jai Paul a su rendre hystérique la moitié de la sphère musicale des internets en quelques semaines, avec deux titres sortis en 3 ans (la sortie de son album a alimenté maints mythes et suppositions), tandis que son doux successeur, Ben Kahn, en remet une couche avec Eden, Drive, ou encore Youth.

Mais ces cocktails de sensualité, efficaces et agréables, sont bien plus explicites que la douceur des réalisations de SOHN. Lui, il sous entend, tisse la toile cosy dans laquelle on veut à tout prix se nicher. Il nous fait des promesses et nous installe dans son microcosme de douceur mélodieuse, gouvernée par notre ouïe alerte. Trois mots peuvent illustrer cet album. Et non, ce ne sera pas sensualité, rondeur et puissance. Ces trois là sont évidents. Il s’agit plutôt de la modulation, de la complétude, et de l’harmonie.

La complétude car peu importe le titre, rien ne manque, heureusement, mais aussi rien ne doit être ajouté. Chaque seconde, chaque beat, chaque souffle, chaque sonorité a sa place et est indispensable, comme en témoigne Lessons :

Ce qui nous amène à l’harmonie, l’agencement de ces éléments en un tout qui paraît alors indivisible et insuffle le message aussi clairement que s’il avait été écrit noir sur blanc : n’attend pas, ne te pose pas de questions et laisse toi transporter.

La clé de voute et dernier élément : la modulation. Celle de cette voix, qui lie ces éléments ensemble. Tout est inversé, et c’est l’instru se laisse orchestrer par cette clarté. Et c’est là qu’on arrive au point culminant de l’album, l’apex du voyage - Bloodflows.

Il est temps de redescendre. En douceur, bien entendu. Complétude, harmonie et modulation, tout est là, n’en rajoutons pas.

L’album Tremors est sorti le 7 Avril chez 4AD.

Rédigé par

Sophie Yo

Vice présidente - Respo Event - Eclectic Box