Deux ans se sont écoulés depuis leur premier album Innerspeaker sorti en 2010, il n’en fallait pas un de plus.

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Le trio australien de Perth, emmené par un Kevin Parker plus libéré que jamais, est de retour pour nous conter la suite de leur odyssée psychédélique qui les (nous) avait transportés dans des hautes sphères musicales encore jamais atteintes il y deux ans. Rien que ça. Après un teaser hallucinant diffusé en Juin dernier, annonçant leur retour pour l’automne, la course était lancée.

 

Mais le 8 Octobre le supplice a pris fin. On en avait les jambes vacillantes. On avait peur d’être en retard. Le voyage onirique va enfin pouvoir commencer. L’album s’ouvre avec Be Above It, la course ne semble pas encore finie hélas… mais quand à 1’40 la première caresse de Kevin Parker sur sa guitare retentit lourdement, nous voilà rassurés. Les doutes s’évanouissent dans une valse mélancolique qui nous propulse dans la stratosphère où la magie et les vertiges du premier album resurgissent : Endors-toi.

Le morceau n’a de français que le titre, mais rappelle que tout le disque a été enregistré à Paris. Le groupe a voulu faire un clin d’œil à la Ville Lumière en choisissant les Jardins du Luxembourg comme pochette. On n’en demandait pas tant.

Les bribes musicales entendues sur leur vidéo de Juin prennent tout leur sens dans le morceau intégral Apocalypse Dreams, où les changements de rythme laissent place à des instants de pure magnificence auditive. Mind Mischief et Elephant démontrent que les trois Australiens maîtrisent encore à la perfection leurs glissades contrôlées à la Cream ou à la Jefferson Airplane. La ligne de basse sonne comme un déroulé élastique prêt à nous péter à la tronche mais tellement harmonieux.

Si ce n’était pas déjà fait, Feels Like We Only Go Backwards confirme la sensation qu’on est bien en plein songe, une voltige sous forme de diaporama irisé sorti directement de 1967. Keep On Lying nous force à atterrir, les doux échos des cafés de Beaubourg et de La Verrerie nous rappellent qu’avec Tame Impala c’est possible de flotter délicieusement au milieu des passants. C’est là que réside toute la magie du groupe, transcender une réalité mélancolique pour nous plonger au beau milieu d’une épopée lyrique aussi sonore que visuelle. Les trois compères nous délivrent ici un sacré album, porté par l’incroyable et l’insaisissable Kevin Parker qui récite un précis de composition, né de son cerveau de matheux perfectionné. Certains préféreront les « cabrioles » des Foals aux « soubresauts » des antilopes australiennes (l’impala est une antilope). Mais comme tout le monde le sait, algébristes et fumeurs n’ont jamais fait bon ménage.

Le débat se clôt sur Sun’s Coming Up (Lambingtons) qui vient parfaire une œuvre verticale, s’élevant haut, très haut dans le ciel, loin des limbes et de nous pauvres terriens. Baker insiste sur le fait qu’il est « nécessaire de s’autohypnotiser, comme moyen d’échapper à une morne existence ». C’est sûr qu’après un tel voyage, l’existence paraît bien terne. A dans deux ans.

tame impala

 

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Tracklist de l’album:

1 – Be Above It
2 – Endors Toi
3 – Apocalypse Dreams
4 – Mind Mischief
5 – Music to Walk Home By
6 – Why Won’t They Talk to Me?
7 – Feels Like We Only Go Backwards
8 – Keep on Lying
9 – Elephant
10 – She Just Won’t Believe Me
11 – Nothing That Has Happened So Far Has Been Anything We Could Control
12 – Sun’s Coming Up

Rédigé par

Léopold S.

Former Member