On nous alerte qu’un chef d’oeuvre vient d’arriver tout droit de Philie. Ses auteurs, The War On Drugs. Avec un troisième album rompant avec les deux précédents, les américains nous prouvent que le classicisme en pop peut être de bon goût de nos jours.

Avant de s’attarder sur ce fantastique ouvrage revenons sur la carrière du groupe pennsylvanien. The War On Drugs est formé en 2005 par Adam Granduciel (guitare, chant), Kurt Vile (guitare, chant) et deux autres musiciens.  Ils sortent leur premier album Wagonwheels Blues en 2008 chez Secretly Canadian (Anthony and The Johnsons, SUUNS, Yeasayer etc…) qui dans une veine rock psychédélique rencontre un succès honnête et leur permet d’enchaîner pas mal de dates dont une tournée européenne.

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Par la suite Kurt Vile, qui apportait une réelle valeur ajoutée au niveau des guitares, décide de quitter la bande pour s’adonner quelques temps à son autre groupe, Kurt Vile and The Violators, puis au final intégralement à sa carrière solo. Il sort par la suite deux albums Smoke Ring For My Halo et Walking On A Pretty Daze, le dernier en date qui rencontre un très franc succès et qui peut être considéré à juste titre comme l’un des meilleurs albums de 2013.

Orphelin de l’un de ses orfèvres sans vraiment l’être (Kurt Vile officie toujours comme musicien de studio pour l’enregistrement de l’album) le groupe continue sur sa lancée avec un opus toujours labellisé psychrock Slave Ambient qui fait l’unanimité parmi les critiques.

Deux ans plus tard un Adam Granduciel hésitant par le passé n’hésite plus et nous sort le grand disque de songwriter qu’on attendait tant.

Sur Lost In The Dream Le groupe s’éloigne de la sphère indie et psychédélique et cela se ressent dès la première trace avec Under The Pressure affichant déjà ses ambitions. Sur près de neuf minutes on embarque sur un morceau qui nous attire par son train élancé et un incroyable pont new-wave. C’est fini il n’est plus question de quitter le navire, le voyage s’annonce chavirant.

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Suit le véritable single de l’album, Red Eye, qui, vingt ans plus tôt, aurait été un machine à tubes. Une chanson simple et franche qui n’est pas sans rappeler la période déchirée du Boss (Bruce Springsteen). Suffering telle une ballade où l’on réveille les guitares à la Knopfler nous conquiert également.  Tout en ne s’éloignant jamais d’un rock classique qu’on pourrait qualifier d’americana (An Ocean In Between The Waves) Granduciel parvient à nous étonner et à brouiller les pistes.

S’en suit l’incroyable Disappearing, certainement le morceau le plus doux de l’album qui révèle également d’autres références, plus dreampop.

En réalité chaque morceau prend de l’importance au sein de cette pièce de maître. Tandis que Burning nous fait aussi songer à Springsteen, The Haunting Idle fait la part aux belles heures du Krautrock (Can en particulier) et même des chansons Dylanesques y font leur révérence. Eyes To The Wind sans oublier celle qui clôt l’album (In Reverse) où l’on rejoint le Bob Dylan fin 90’s qui retrouvait un second souffle.

Qu’il convoque à la fois Zimmerman, Springsteen, Neu! tout en faisant des clins d’œil aux Spacemen 3 et à Neil Young la cohérence est frappante. Le groupe nous amène  grâce à cet album à l’endroit rêvé.

Deux ans de travail acharné auront eu raison de cet album et Granduciel peut en être fier, lui qui ne sera plus jamais dans l’ombre d’un autre génie, son ami Kurt Vile.

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Rédigé par

Corentin Le Denmat

Responsable pôle partenariats // Pôle programmation à Vinyl On Mars // Référent de la Matinale / Co-référent de la Rock Pulse