Mercredi soir dernier, L’Embobineuse nous a ravi avec la venue de Jessica 93. Après deux albums en seulement deux ans, il entame sa tournée européenne.

Live Report

Sur scène ça donne quoi ?

Au premier abord, on remarque directement sa silhouette à la Kurt Cobain, perfecto et cheveux rebelless, ce qui ne manquera pas de retenir notre attention lorsqu’on apprendra en l’interviewant que Nirvana fait partie de ses premières influences.

D’un point de vue plus musical, Jessica 93 en live ça emporte tout sur son passage. La salle était comble et le public du premier rang proche d’un état de transe extatique.

Seul sur scène il accompagne sa voix pleine de reverb à la Joy Division par des boites à rythmes et boucles tout aussi saturées. Il passe, parfois en plein morceau, de la basse à la guitare, pour un rendu électrique, faisant osciller les morceaux entre parties graves et d’autres plus aiguës. Les mélodies sont frénétiques, parfois mélancoliques, mais toujours efficaces grâce à des répétitions de riffs parfaitement maitrisés.

Les influences post punk/ cold wave de Jessica 93 me paraissaient évidentes après son concert, mais son interview a montré le contraire.

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Interview

Marion : Alors dis moi, comme je suis musicienne je serais curieuse de savoir comment tu as commencé la musique, et quand?

Jessica 93 : J’ai commencé quand j’étais ado, à 14 ans environ, mon père avait une guitare et je me suis pas mal enfermé dans ma chambre pour apprendre à en jouer tout seul. Puis j’ai aussi appris la basse et la batterie de la même manière.

Oui j’ai pu voir que tu jouais de pas mal d’instruments.

J’ai appris avec Nevermind de Nirvana en fait, c’est un peu un manuel de comment faire du Rock n Roll.

En effet ça a été une référence pour mal de musiciens ayant grandi dans les années 90.

Incontournable !

Et ça a été un choix de monter un projet solo ? Ou ça s’est fait comme ça ?

En fait c’est un conseil qu’un copain m’avait donné. Dans mon précédent groupe, tous avaient un boulot à gérer qui leur prenait du temps, on pouvait pas jouer quand on voulait, alors que moi je ne travaillais pas. J’ai décidé d’être seul, ça permet d’être plus libre.

Ouais j’imagine que ça laisse plus de possibilités, pas de contraintes comme ça. Mais ça a quand même du bon et du mauvais, on peut faire ce qu’on veut, mais on se retrouve seul face à soi même, ce qui n’est parfois pas toujours évident.. Pas de synergie de groupe c’est difficile aussi.

Oui c’est sûr ça peut être dur de se balader tout seul aussi..

Et j’imagine que tu as quand même eu pas mal de groupes avant ?

Oui beaucoup, en fait au début je ne me serais jamais imaginé monter un projet tout seul comme ça.

Avec ta boîte à rythmes et tes bandes enregistrées (rires). Moi je trouve ça chouette, quand je vois un duo comme les Kills avoir tant de présence en étant seulement deux, ça m’impressionne. Tu dois faire l’homme orchestre.

Oui je suis le seule maitre à bord. Pas tension ni de « j’aime pas quand tu fais du slap à ce moment là » (rires)

Ouais ni de guitariste trop pénible. Et sinon ça fait quoi d’être en couverture de Noise Mag ?

Comme je disais ça me change de voir ma tête ailleurs que sur mon pass Navigo.

Parle moi un peu de tes influences..

Nirvana ! Non et sinon pas mal de choses en fait, indie rock des années 90, post punk aussi.

Cold wave aussi j’imagine ?

Pas tant que ça, mais on me prête souvent des influences comme Sisters Of Mercy ou Jesus and Mary Chains

C’est vrai que ta voix pleine de reverb m’a fait pensé à ça de suite.

La voix pleine de reverb c’est un cache misère en fait ! C’est juste parce que j’aime pas ma voix. (rires)

Dans mes notes j’ai pourtant même écrit voix à la Joy Division !

C’est vraiment plus une façon de se cacher la reverb.

Quels albums t’ont marqué ?

In Utero, Pornographie des Cure, Spiderland de Slint, Ozma des Melvins que j’ai écouté en boucle pendant des heures, South Of Heaven de Slayer.

C’est varié.

Oui j’ai pas mal d’albums qui sont pour moi des classiques.

Il y a quand même les Cure pour le côté plus cold wave.

Oui c’est vrai que c’est resté, mon son fait penser à Pornographie avec ma boite à rythme qui sonne comme leur batterie.

Maintenant dis moi, qu’est ce qui t’a plu ces trois dernières années ?

Oh pleins de trucs ! Cette année Greetings from youth de La Secte Du Futur, Alligator, Monsieur Marcaille, Headwar.

T’écoutes pas que des vieux trucs ?

Soit j’écoute des vieux trucs, soit des groupes que je connais. Mais sinon pas trop de groupes américains ou anglais de maintenant.

Et sinon avec qui aimerais-tu jouer en ce moment ?

J : On est en train de monter un groupe avec Dame Blanche, sur Paris

Projet à venir donc, très bien. Et dans quel festival aimerais-tu jouer ? Ou dans quels pays ?

Un de mes rêves est en train de se réaliser, je vais pouvoir jouer en Russie pour deux dates normalement. Et pour un festival à Amsterdam aussi en début d’année.

Tu tournes de plus en plus en Europe ! Et bravo pour la Russie, je sais que c’est jamais évident par rapport aux papiers, ça me paraissait vraiment pas évident… C’était la première fois que tu venais à Marseille ?

Non je suis venu pas mal de fois déjà avec mon ancien groupe. Des endroits comme l’Embobineuse il n’y en a pas beaucoup en France.

C’est vrai que c’est vraiment bien d’avoir ça à Marseille, la prog est toujours variée en plus.

Merci à Jessica 93 de nous avoir accordé cette interview spontanée et bien cool, on n’a pas vu le temps passer.