Retour sur un homme dont la connerie et la guitare sont ses deux armes : le fantasque et fantastique Mac DeMarco. Le jeune Canadien vient de sortir son deuxième album studio, nommé Salad Days et peut être définitivement considéré comme un artiste hors du commun. Alors avant de revenir sur ce petit bijoux lo-fi, explorons un peu la vie d’un mec qui a choisi de faire marrer les gens avant de devenir une rock star.
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Né en Colombie-Britannique, le Mac grandi à Duncan jusqu’à l’âge de quatre ans avant de déménager avec sa mère et son frère à Edmonton pour s’éloigner d’un padre ayant de sérieux soucis d’addiction. De là il y vivra jusqu’à la fin du lycée au cours duquel il maîtrise de plus en plus la gratte, d’autres instruments et certains arts numériques, toujours dans un style très DIY. Issu d’une famille de musiciens, il a la touche artistique et tandis que sa mère l’éduque musicalement en passant sans cesse John Lennon, Mac DeMarco de son côté a des goûts très variés : Beasty Boys, Leonard Cohen ou encore Weezer pour ne citer qu’eux.
Par la suite el Mac monte son tout premier groupe, un « joke band » appelé The Meat Cleavers (« les couteaux de boucher »). Mais rien de vraiment sérieux, c’est encore une fois pour lui l’occasion de faire rire la galerie. Il formera alors un groupe R&B du nom de Sound Of Love où il écrit des chansons sur les nanas du lycée. Dans ces deux groupes on retrouve son meilleur pote Alex Calder avec qui il créera la formation qui le fera décoller : Makeout Videotape. Duo qui voit le jour à Vancouver, où les deux comparses ont migré après les exams. Calder à la batterie et Mac qui branche son micro sur le même ampli Fender « Twin Reverb » d’où sort le son de sa guitare; forcément ça fait cradingue mais c’est voulu !
Cette identité lo-fi qui le suivra ainsi que sa trempe de farmer totalement pommé attire Mike Sniper le patron du label de NYC Captured Tracks (DIIV, ou encore Wild Nothing) qui le signe direct. Cependant DeMarco voulant s’adonner à une carrière solo, il split le groupe sans disputes, Alex Calder signant également sur le label indie.
Très vite tout s’enchaîne, la signature lui permet de réaliser un premier EP Rock N Roll Night Club et la même année (2012) il sort son premier album 2. Sa pop décalée où il utilise de nombreuses pédales à effets avec une guitare low-cost fait des ravages. Il s’attire les éloges de la presse spécialisée, dont le très influent Pitchfork l’érigeant comme l’un de ses chouchous aux côtés de pointures de la scène indie : Grizzly Bear et Arcade Fire.
Ce deuxième album n’offre pas d’énormes nouveautés comparé aux précédents opus. On retrouve toujours une pop ciselée de guitare à effets, tout cela avec quelques petits solos diablement efficaces.
Le morceau éponyme, qui débute sur l’album s’avère être le meilleur remède pour ne pas trop souffrir d’un hangover du dimanche matin. Reposée et lyrique, cette ballade passe partout.
Brother, dans un rythme légèrement plus lent, ne fait que renforcer cette douceur qui le sublime. Puis sur Let Her Go, il fait part aux mélodies Hawaïennes et nous rappelle que l’été se rapproche.
Mac DeMarco s’exerce également avec brio aux love songs sur cet album avec Let My Baby Stay, où il décrit ce que lui apporte Kiera (ou Kiki comme il l’a surnomme) son amour de toujours.
La véritable innovation se situe dans l’incorporation de synthétiseurs pour apporter un côté psychédélique encore plus avéré. En attestent Passing Out Pieces et l’incroyable Chamber Of Reflection, sexy et langoureuse.
Le Mac termine en beauté avec Jonny’s Oddysey où l’omniprésence des synthés et des guitares saturées rappelle les 70’s.
Pour en finir avec cet album, on comprend que Mac DeMarco ne veuille pas aller trop vite en besogne et qu’il ne ressente pas le besoin de forcément innover. Cependant cet attentisme est peut être ce que certains pourraient lui reprocher car Salad Days est à peu près la copie conforme de 2, le tout un petit peu plus lent et psychédélique. Malgré cette insuffisance, le songwriting reste l’un de ses points forts et ses mélodies nous embarquent toujours autant vers des coins plus paisibles, ce qui en fait tout de même un très bon album pour 2014.
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